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Espace public & Infra

Le drone, prochain outil de lutte contre le vol de câbles en Belgique?

Le gestionnaire des infrastructures ferroviaires, Infrabel, a obtenu une dérogation afin de mener à bien le premier vol d’un drone civil «hors vue» et de nuit sur le territoire belge. L’objectif de ce test, réalisé avec un matériel éprouvé à l’étranger, est de démontrer que cette technologie pourrait également être applicable chez nous dans la lutte contre les vols de câbles. A condition de faire évoluer la législation.

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Le drone utilisé lors du test pèse une quinzaine de kilos pour une envergure de 3,3 m et, avec une vitesse de croisière de 50 km/h, son rayon d’action atteint les 30 km. Ce drone développé et mis en œuvre par la société Delair est déjà utilisé en France dans le cadre de missions de surveillance de diverses infrastructures, notamment ferroviaires.    

Soucieuse de renforcer l’arsenal de lutte contre les vols de câbles, dont le nombre connaît une très forte recrudescence depuis la mi-2018, Infrabel a pris contact avec la Direction générale du Transport aérien (Dgta) qui lui a donné son feu vert pour réaliser une première sur le territoire belge: le vol de nuit d’un drone civil, hors de la vue de son pilote.

Piloté par ordinateur grâce à des coordonnées Gps pré-encodées. (© Infrabel)

Cet engin électrique, dont l’autonomie atteint 1h30, nécessite une zone de décollage dégagée de 100 x 35 m. Il est ensuite principalement piloté par ordinateur grâce à des coordonnées Gps pré-encodées. A tout moment, et en particulier pour la phase d’atterrissage, un opérateur-pilote peut reprendre le contrôle manuel. Equipé de deux caméras, dont une de vision nocturne (thermique), un tel engin s’avère particulièrement efficace dans des missions de surveillance. Le vol réalisé par Infrabel aux abords de la ligne 132 Charleroi-Mariembourg, en présence d’une délégation de la Police fédérale des Chemins de fer, a permis de constater la facilité de déploiement et les garanties de sécurité offertes par ce matériel. Les experts d’Infrabel en sont plus que jamais persuadés: une surveillance aérienne à l’aide d’un tel drone constituerait un atout dans la lutte contre les vols de câbles.

Une évolution nécessaire de la législation

En Belgique aujourd’hui, seuls les services comme la Police, l’Armée, les Douanes ou encore la Protection civile peuvent déroger au cadre de l’AR qui régit l’utilisation d’un drone. Le pilotage «hors vue» (une procédure baptisée «Bvlos») reste en effet interdit. De même, la loi «caméras» ne permet pas à Infrabel, actuellement, de mener des opérations de surveillance aérienne, en ce compris de son propre réseau, à l’aide de caméras mobiles.

L’opérateur espère donc que le cadre légal évoluera favorablement dans les prochains mois. Si une avancée est engrangée, il sera en mesure, en quelques mois seulement, de trouver un partenaire à même de déployer ces moyens de surveillance inédits en Belgique. A terme, l’objectif serait de réaliser de 3 à 4 vols par mois en comptant sur l’appui au sol d’une équipe de la Police fédérale des Chemins de fer, prête à intervenir en cas de détection du moindre comportement suspect aux abords des voies.

Equipé de deux caméras, dont une de vision nocturne, un tel engin s’avère particulièrement efficace dans des missions de surveillance. (© Infrabel)

2018: une année noire pour le vol de câbles

Après une accalmie de plusieurs années, conséquence du lancement d’un Plan national d’action à la mi-2013, le nombre de vols de câbles est reparti à la hausse au cours de l’été 2018. Ainsi, entre début juin et fin octobre de cette année, pas moins de 225 vols ont été commis. Les auteurs ont principalement frappé sur la ligne Namur-Gembloux et dans la région de Liège, en ciblant le plus souvent les lignes à grande vitesse qui relient Louvain et la frontière allemande. Conséquence, au cours du seul mois d’octobre (83 vols commis), Infrabel a enregistré quelque 18.130 minutes de retards cumulées sur tout le réseau, soit 10 h de retard chaque jour en moyenne! Au total, depuis le début de cette année, 261 vols ont provoqué 45.693 minutes de retards.

L’arrestation d’une vingtaine de personnes et le placement sous mandat d’arrêt de 8 auteurs présumés, n’ont pas permis de mettre un terme à une vague de vols d’une ampleur inédite depuis l’année record en la matière qu’avait été 2012. Preuve que le recours aux drones pourrait s’avérer utile dans cette lutte.

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