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Vision

«L’électrification du parc de machines est une évolution logique»

Chaque semaine, La Chronique donne la parole à un(e) CEO ou dirigeant(e) actif/ve dans le secteur belge de la construction au sens large. Cette semaine, c’est au tour de Dries Van Haut, de la société Van Haut, de répondre à nos cinq questions.

Dries Van Haut
Van Haut

1. Intelligence artificielle, réalité virtuelle, énergie issue de l’hydrogène, drones, big data, impression 3D, … (complétez SVP). Quelle est, selon vous, la nouvelle technologie qui impactera le plus votre activité dans les années à venir ?

Je m’attends à ce que la transition énergétique vers les machines fonctionnant sur batteries et la propulsion à l’hydrogène joue un rôle essentiel dans les années à venir. Nous remarquons que le secteur des engins de construction suit très souvent l’évolution et les tendances du secteur des voitures et des camions, à quelques années de retard près. L’électrification du parc de machines est donc une évolution logique. Cependant, vu les puissances requises, je pense aussi que l’hydrogène est voué à jouer un rôle plus important dans notre secteur que dans celui de l’automobile. Les premiers projets prudents destinés à convertir les engins de construction à l’hydrogène sont d’ailleurs déjà en cours.

2. Quel métier de la construction les jeunes filles et garçons d’aujourd’hui doivent-ils choisir à l’école pour s’assurer une carrière intéressante et bien rémunérée dans le secteur : coffreur, menuiserie, sanitaires, … ou plutôt programmateur ? 

Sans hésiter : celui de technicien de réparation pour les engins lourds. Cela fait plusieurs années que nous faisons face à une grave pénurie, qui s’amplifie d’année en année. La sécurité d’emploi est absolument garantie. De plus, les engins deviennent de plus en plus complexes et sophistiqués, ce qui rend d’autant plus passionnants les défis liés à ce métier. La réalité quotidienne n’a plus rien à voir avec ces hommes ou ces femmes aux mains noircies qui, armés d’une grande clé à molette, changent l’huile d’un engin. L’heure est aux techniciens détectant une panne à l’aide d’un ordinateur portable. Les vidanges d’huile seront bien sûr toujours nécessaires, mais l’accent se déplace vers les interventions plus complexes. Du coup, le métier de technicien de réparation jouit d’une estime beaucoup plus grande qu’avant, surtout de la part des clients et machinistes. 

3. Que vous a appris la crise du coronavirus au sujet de votre entreprise (et dont vous n’aviez pas conscience auparavant) ?

L’importance de l’interaction personnelle. Cette dimension n’était évidemment pas neuve dans la relation client-fournisseur. Mais le fait que l’interaction personnelle entre mes collaborateurs soit un facteur tout aussi déterminant pour le bon fonctionnement de l’organisation m’a ouvert les yeux. Le télétravail et les visioconférences effacent les nuances subtiles qui se dégagent d’une conversation en chair et en os, et estompent progressivement les informations hors sujet qui sont pourtant importantes pour pouvoir collaborer de façon optimale.

4. Quelle est, selon vous, la plus grande menace qui pèse sur votre entreprise/secteur ? (concurrence étrangère, pénurie de personnel qualifié, charges salariales,…) ?

À nouveau sans hésiter : la pénurie de personnel technique qualifié. L’afflux de main-d’œuvre est beaucoup trop faible, tant en termes de techniciens que de collaborateurs de service technique interne. Chez nos clients aussi, c’est le cas. Du coup, on confie de plus en plus de tâches aux fournisseurs comme nous, ce qui rend la pénurie d’autant plus pénible de notre côté. La guerre des talents fait rage ; or, notre secteur ne dégage pas toujours l’image la plus sexy en comparaison au secteur automobile, par exemple. Il nous reste un sérieux travail à faire de ce côté-là. 

5. Allons-nous continuer à construire pour l’éternité, ou les bâtiments, routes, ponts, … se verront-ils bientôt attribuer une date de péremption ?

Si je transpose cette question au secteur des engins, il est clair que la durée de vie des produits diminue, comme c’est le cas pour de nombreux autres produits. J’y vois deux raisons. D’une part, on peut développer des engins dotés de technologies beaucoup plus précises, et donc de réserves latentes moins importantes. Les anciens engins de construction contenaient beaucoup de « ferraille », qui leur conférait plus de solidité. Aujourd’hui, on essaie d’optimiser le moindre millimètre d’épaisseur d’acier en utilisant des techniques de conception et de calcul assistées par ordinateur. Alors que les anciens engins pouvaient être surchargés sans trop de problèmes, c’est nettement moins le cas aujourd’hui. Les fournisseurs d’engins aimeraient évidemment pouvoir remplacer un engin usé par un exemplaire flambant neuf, mais s’il rend l’âme trop vite, cela ne fait pas vraiment bonne impression auprès du client.
D’autre part, notre société évolue tellement vite dans tous les domaines que les engins vieillissent aussi plus vite en termes de fonctionnalité. Les modes et techniques de construction changent plus rapidement, ce qui nécessite de disposer plus vite d’engins capables de s’acquitter de ces tâches. 
 
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