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Vision

«Le plus grand défi est d'allier esthétique, qualité des matériaux et accessibilité»

Chaque semaine, La Chronique donne la parole à un(e) CEO ou dirigeant(e) actif/ve dans le secteur belge de la construction au sens large. Cette semaine, c’est au tour de Joost Callens, de la société Camino, de répondre à nos cinq questions.

Joost Callens - Camino
Skinn Branding Agency

Intelligence artificielle, réalité virtuelle, énergie issue de l’hydrogène, drones, big data, impression 3D, etc. Quelle est, selon vous, la nouvelle technologie qui aura le plus grand impact sur votre entreprise dans les années à venir ?

Toutes ces technologies ont une incidence sur notre secteur. Aujourd'hui, les drones sont largement utilisés pour des raisons techniques et commerciales. Ils offrent une réelle valeur ajoutée. En outre, il va sans dire que les data deviendront extrêmement importantes pour faciliter la gestion énergétique des bâtiments et détecter les problèmes. Les imprimantes 3D sont également de plus en plus populaires. Je ne sais pas si nous imprimerons des bâtiments entiers de cette manière dans l'immédiat, mais cela se fera progressivement. Notre secteur est resté immobile trop longtemps mais nous prenons maintenant de l'élan, c’est ce qui se reflète dans ces techniques innovantes. 

Vers quel métier de la construction les jeunes doivent-ils, aujourd’hui, orienter leur formation pour s’assurer une carrière intéressante et bien rémunérée dans le secteur de la construction: coffreur, menuisier, plombier...ou plutôt planificateur ou ingénieur ?

Il s'agit principalement de professions techniques. Nous constatons constamment qu'il est très difficile de trouver certains profils tels que les constructeurs, les menuisiers et les installateurs. Mais à côté de ces métiers techniques "de terrain", il est également difficile de trouver des profils d'ingénieurs tels que des calculateurs ou des chefs de projet. Au sein de notre entreprise, nous avons constaté que nous sommes suffisamment attractifs pour ce groupe cible et que nous sommes capables d'attirer des profils de qualité. Il y a donc bel et bien un avenir pour les jeunes qui choisissent aujourd'hui ce type de professions et qui se spécialisent dans ces matières. Nous sommes très heureux d'offrir à ces jeunes débutants une fonction dans laquelle nous investissons dans de bons programmes de formation. De cette façon, ils peuvent trouver leur place dans leur fonction dans un bon rythme et avec le bon soutien. 

La crise du coronavirus vous a-t-elle appris quelque chose que vous ignoriez sur votre entreprise ?

Une crise comme celle-ci vous apprend que des choses inattendues peuvent se produire soudainement. Ce fut le cas avec la crise financière de 2008 et nous le constatons à nouveau aujourd'hui. Il est important d'être préparé. Ces dernières années, nous nous sommes principalement concentrés sur la gestion de nos ressources humaines et nous en récoltons aujourd'hui les fruits. Si vous devez soudainement travailler principalement à domicile, vous pouvez, en tant qu'employeur, compter sur la confiance qui règne et l'ADN présent chez chaque employé. Dans ces moments-là, on sent vraiment le lien entre les employés et c'est certainement quelque chose de positif que nous retenons de la crise. Cela prouve également qu'il est important de passer au ‘digital’, car c'est ainsi que nous avons pu passer au travail à domicile sans aucun problème. Travailler à domicile est là pour rester, mais avec l'attention nécessaire à un équilibre sain. Ainsi, l'esprit d'équipe peut rester présent et les contacts entre les différents employés sont suffisants. Mais j'ai aussi appris qu'il faut rester calme dans de telles situations. En cas de crise, il est important de garder la tête froide. Notre secteur n'a pas été durement touché. Nous continuons à construire et rénover. Tout ce qui touche au confort de vie intéresse de près les gens. Mais outre la crise sanitaire, nous sommes également confrontés à une crise climatique. Le secteur doit faire des efforts mais nous n’y parviendrons pas seuls. Le gouvernement doit créer un cadre législatif afin de s'attaquer aux habitations les plus polluantes et les plus énergivores. Aujourd'hui, nous disposons de normes strictes pour les nouveaux logements, avec succès, mais il est urgent d'étendre ces normes aux logements existants. 

Quelle est, selon vous, la plus grande menace pour votre entreprise/secteur ? La concurrence étrangère, la pénurie de personnel qualifié, les coûts salariaux ? Autre chose ?

Le plus grand défi est l'accessibilité financière des logements. Aujourd'hui, les banques ont des taux d'intérêt bas, mais si les taux augmentent à nouveau, il sera très difficile pour de nombreuses personnes d'acheter leur propre maison. Aujourd'hui, en Belgique, nous avons encore un nombre assez élevé de propriétaires de maison (+/- 70 %). Ce n'est pas pour rien que l'on dit que “les Belges sont nés avec une brique dans le ventre”. Mais si les prix continuent à augmenter, je prévois une évolution d'un marché d'achat vers un marché de location. Cela ne constitue pas en soi une menace pour notre entreprise mais cela a un impact pour le consommateur. En outre, l'adaptation de l'enseignement aux besoins de notre secteur est un très grand défi : comment donner envie aux gens de choisir le secteur de la construction ? Il n'y a rien de mieux que le "métier de la construction" car il implique de travailler avec les mains et la tête et ce mélange est fantastique.

Les bâtiments sont-ils encore construits pour l'éternité ou leur attribuera-t-on bientôt une date d’expiration ?

Il y a quelques années, lors de mon voyage de trois mois sur “le camino” (pèlerinage en Espagne), j'ai pu observer l’architecture de très nombreuses habitations. Les bâtiments ont une durée de vie extrêmement longue. Je me suis également rendu compte de la valeur de l'architecture qui est si importante pour les bâtiments et donc aussi pour les maisons. Plus vous accordez d'attention à l'architecture et à la qualité des matériaux, plus un bâtiment a de la valeur dans un quartier. Il est donc très important qu’il y ait un équilibre entre l'aspect esthétique du bâtiment d'une part et la qualité des matériaux d'autre part, tout en gardant un œil sur l'accessibilité financière. J’attache aussi beaucoup d’importance à ce que les bâtiments soient durables afin que le secteur de la construction puisse faire sa part en faveur de l’environnement. 
 
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