1. Intelligence artificielle, réalité virtuelle, énergie, drones, impression 3D, ... De quelle nouvelle technologie pensez-vous faire le plus usage dans votre entreprise dans les années à venir ?
La numérisation a un impact énorme sur notre secteur. Tout d’abord parce qu’il existe encore un potentiel considérable d’automatisation du processus de conception (et par extension de tout le processus de construction). Le BIM, les jumeaux numériques, le data analytics, l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, etc. nous aident à travailler de manière plus efficace, plus rapide et plus précise, et à faire de meilleurs choix (de conception). Par ailleurs, ces technologies nous permettent également de proposer de nouvelles solutions numériques efficaces à nos clients. Par exemple: Arcadis est impliqué dans un grand nombre de projets différents et dispose donc d’une multitude de données relatives aux coûts des projets, à leurs composantes et aux objets. En enregistrant, structurant et reliant correctement ces données, nous pouvons générer facilement des estimations de coût fiables au cours des différentes phases du projet et ainsi étayer nos choix/décisions. Un autre exemple est une application que nous avons développée pour soutenir nos clients dans la phase de due diligence lors de transactions immobilières. Là encore, en utilisant intelligemment les données disponibles, nous sommes en mesure de fournir très rapidement à nos clients des informations essentielles concernant les Capex et les Opex d’un bien ou d’un portefeuille et ainsi les aider à prendre des décisions. Dans les années à venir, nous attendons également beaucoup de la révolution technologique dans le cadre de la transition énergétique. Je pense aux énergies renouvelables, au transport et à la distribution d’électricité et de gaz naturel, au captage de CO2, aux réseaux de chaleur, aux bornes de recharge pour véhicules électriques, à l’hydrogène, etc. Les choix faits à cet égard génèrent des investissements importants et ont donc une incidence majeure sur nos activités.
2. Vers quel métier du bâtiment les jeunes doivent-ils aujourd’hui orienter leurs études pour s'assurer une carrière intéressante et bien rémunérée dans le secteur de la construction : le coffrage, la menuiserie, la plomberie... ou plutôt la planification ?
Le secteur de la construction compte de nombreux métiers en pénurie qui offrent une grande sécurité d’emploi, mais je ne conseillerais pas aux jeunes de fonder vraiment leur choix là-dessus. Choisissez une orientation qui vous plaît, suivez votre passion. C’est une bien meilleure garantie d’un emploi et/ou d’une carrière qui vous satisfera. Notre secteur offre suffisamment de possibilités pour mettre au travail toute personne suivant une orientation STEM. Au sein d’Arcadis, nous attachons également une grande importance à la diversité et à l’inclusion. Le secteur de la construction est traditionnellement un bastion masculin, mais nous nous efforçons depuis des années d’y faire entrer davantage de femmes. Notre département Environnement remporte la palme à cet égard, avec plus de 50 % de femmes parmi nos collaborateurs et une bonne progression vers des fonctions de direction. Au sein de Construction et d’Infrastructure, nous constatons également une évolution positive en la matière. Notre ambition est d’atteindre 40 % d’ingénieures d’ici trois ans. Et nous allons y parvenir. Nous croyons fermement que la diversité et l’inclusion font de nous une entreprise plus forte et plus durable. C’est pourquoi nous estimons qu’il est extrêmement important, qu‘au sein d’Arcadis, toute personne, quelle que soit son origine, son orientation sexuelle, qu’elle soit handicapée ou non, soit traitée équitablement et bénéficie de toutes les chances.
3. La crise du coronavirus vous a-t-elle appris quelque chose que vous ignoriez sur votre entreprise ?
Ce qui m’impressionne vraiment, c’est l’énorme résilience de nos collaborateurs au cours de cette crise. Au sein d’Arcadis, nous investissons beaucoup dans le développement et le bien-être de notre personnel. Même dans cette situation de crise, nous essayons d’être proches de nos collaborateurs et de les aider au mieux pour que leur travail soit ou reste faisable. Notre personnel s’est vraiment mis en quatre pour continuer à aider nos clients et j’ai également constaté une grande solidarité entre collègues. Nous avons donc connu une année plus que correcte, ce à quoi je ne m’attendais pas au début du premier confinement.
J’ai également découvert que certaines choses que nous trouvions normales avant la pandémie ne sont pourtant pas un modèle d’efficacité. C’est par exemple le cas des nombreux déplacements en voiture à travers tout le pays pour des discussions/réunions parfois relativement courtes ou moins cruciales. Avant le coronavirus, je me rendais également à l’étranger deux ou trois fois par mois pour le travail. Le COVID nous a appris que nous pouvions en réalité faire beaucoup de choses en ligne, tout aussi bien sinon mieux. Si les contacts personnels restent très importants et indispensables, en remplacer un certain nombre par une consultation/un entretien en ligne est parfaitement possible, plus efficace et en outre bénéfique à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
4. Quelle est selon vous la plus grande menace pour votre entreprise / secteur (concurrence internationale, manque de personnel qualifié, coûts salariaux, etc.) ? Et pour quelle raison ?
Le monde est en constante évolution. La numérisation déferle sur notre société à une vitesse fulgurante. En tant qu’entreprise, nous ne pouvons absolument pas rater la vague. Nous misons dès lors beaucoup sur la formation de nos collaborateurs. Les « Big Tech » déploient aussi leurs tentacules dans notre secteur «riche en données» et tentent de pénétrer notre marché. Pour les contrer, nous devons tirer le meilleur parti de notre principal atout (notre «connaissance des actifs»), notamment en collaborant avec des acteurs du numérique, afin de pouvoir proposer à nos clients des solutions créatives et efficaces. Un autre défi majeur pour notre secteur est la pénurie de profils de haute technologie tels que les ingénieurs et les analystes de données. L’accélération de la numérisation pendant la pandémie et un plan de relance mettant fortement l’accent sur les investissements dans les énergies durables et la mobilité vont encore creuser l’écart entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi.
5. Les bâtiments sont-ils encore construits pour un usage durable ou auront-ils bientôt une date d'expiration ?
C’est une évidence : la construction durable est devenue une pratique courante.
Dans ce contexte, on tient de plus en plus compte de l’impact sur le changement climatique et de la gestion énergétique des bâtiments. La réduction des émissions de CO2 est un objectif important et les bâtiments doivent au moins devenir neutres sur le plan énergétique. D’ici quelques décennies, nos maisons et nos bureaux seront très probablement des petites centrales qui produiront de l’énergie au lieu d’en consommer. Comme le montre la nouvelle législation PLAGE à Bruxelles, les autorités chargées de la réglementation et des autorisations encouragent cette démarche. Cependant, le plus grand défi est l’adaptation et donc la transformation de notre patrimoine bâti actuel, ce qui demande beaucoup de temps et d’argent.
La haute technologie s’immisce en outre de plus en plus dans le secteur de la construction. L’industrialisation et l’automatisation poussées permettent des solutions de construction modulaires largement applicables. La technologie d’impression 3D est en plein essor et sera largement utilisée d’ici quelques années pour produire des bâtiments avec, par exemple, des formes complexes ou certaines exigences de qualité.
Le Saint Graal reste toutefois ce que nous aimons appeler les Smart Buildings. Des bâtiments équipés de technologies de données et de dispositifs permettant d’optimiser l’expérience de l’utilisateur, la gestion de l’énergie et la maintenance tout au long du cycle de vie. Grâce aux données de mesure de ces bâtiments, nous pouvons tirer de nombreux enseignements que nous pouvons appliquer à la conception de nouveaux bâtiments. À long terme, cela rendra notre patrimoine bâti plus intelligent, plus efficace et plus agréable, tout en réduisant l’impact sur le climat et l’environnement. La qualité de vie, mais appliquée au secteur du bâtiment. C’est pourquoi, en tant qu’entreprise, nous devons nous renforcer avec des personnes qui s’y connaissent en technologie et nous entourer de partenaires spécialisés.