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Vision

«C’est la motivation dans les choix professionnels qui déterminera la réussite»

La Chronique donne la parole à un(e) CEO ou dirigeant(e) actif/ve dans le secteur belge de la construction au sens large. Cette semaine, c’est au tour de Serge Martin, CEO de AGC Glass Europe, de répondre à nos cinq questions.

Serge Martin AGC Glass Europe
AGC Glass Europe

1. Intelligence artificielle, réalité virtuelle, énergie issue de l’hydrogène, drones, big data, impression 3D, etc. Quelle est, selon vous, la nouvelle technologie qui aura le plus grand impact sur votre entreprise dans les années à venir ?

La digitalisation au sens large. Tout d’abord dans l’optique de permettre à l’utilisateur final d’opérer les meilleurs choix en matière de besoins personnels et d’impact environnemental. Mais également, pour optimiser toute la chaîne de valeur. Au niveau des produits, le plus grand challenge selon moi, ne tient pas tant aux technologies disponibles, mais surtout à la rapidité d’adoption par le monde de la construction. Ce dernier reste trop fractionné et frileux à l‘innovation. 

2. Vers quel métier de la construction les jeunes doivent-ils, aujourd’hui, orienter leur formation pour s’assurer une carrière intéressante et bien rémunérée dans le secteur de la construction : coffreur, menuisier, plombier...ou plutôt planificateur ou ingénieur ?

Sans tomber dans la caricature, un plombier est aujourd’hui plus difficile à trouver qu’un programmeur et la vague digitale ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. À la fin du second trimestre 2021 il y avait près de 150,000 emplois vacants en Belgique, selon Statbel, dont 40% dans l’industrie et la construction, et plus de 50% si on inclut le transport. Des métiers manuels, trop souvent indûment dévalorisés, aux formations techniques, nous faisons face à une pénurie de candidats qualifiés, et ce, aussi bien en usine que sur chantier. Dans le cas de RenoWindow, un menuisier expérimenté pour le travail de terrain est une denrée aussi rare qu’un électricien sur une ligne de production. C’est ensuite la motivation et l’investissement personnel que chacun mettra dans ses choix de formation et professionnels qui détermineront l’épanouissement et la réussite.

3. La crise du coronavirus vous a-t-elle appris quelque chose que vous ignoriez sur votre entreprise ?

On a facilement tendance à caricaturer le travailleur belge. La crise du Covid nous a montré la résilience dont il pouvait faire preuve. Malgré les doutes de certains il y a encore peu de temps, le télétravail s’est montré réellement efficace, et les équipes de production et de terrain ont répondu présent pour adapter leurs efforts dans les périodes de ralentissement et dans la surchauffe actuelle. L’adversité et l’éloignement ont, paradoxalement, resserré les liens dans l’entreprise et ont permis à chacun de mesurer l’importance de la contribution de ses collaborateurs, collègues et managers.  

4. Quelle est, selon vous, la plus grande menace pour votre entreprise/secteur? La concurrence étrangère, la pénurie de personnel qualifié, les coûts salariaux ? Autre chose?

La plus grande menace est l’immobilisme, l’incapacité à comprendre les besoins du client et de la société, et de là, l’absence d’innovation qui devrait en découler. C’est en cela que la construction est la plus faible. L’adoption réelle de nouveaux produits, procédés ou services prend souvent plus de 5 à 10 ans. De cette stagnation découle une marchandisation qui rend les acteurs locaux plus fragiles face à ceux des pays à coûts faibles. La construction a une carte majeure à jouer dans les objectifs environnementaux ‘Fit for 55’ et de nombreuses solutions, trop peu mises en œuvre, existent déjà. Le kWh le moins cher et le moins polluant est celui que l’on ne consomme pas. C’est là où le secteur de la construction, tant en rénovation qu’en construction neuve, pourrait faire la différence en passant à la vitesse supérieure de sa propre initiative.

5. Les bâtiments sont-ils encore construits pour l'éternité ou leur attribuera-t-on bientôt une date d’expiration?

Un ouvrage qui dure n’est pas nécessairement durable au sens environnemental du terme. La mesure de l’impact du cycle de vie est probablement le premier paramètre à prendre en compte. Il y a peut-être un juste équilibre à trouver, par exemple, entre des éléments structurels à longue durée de vie, et la flexibilité dans leurs affectations futures ou l’intégration de nouvelles technologies qui évoluent sur une échelle de temps plus courte. Cela pourrait être, en somme, la démarche inverse du façadisme que nous n’avons que trop connu.
 
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