Planète BIM
BIM Voici le 4e article de notre série sur un sujet, sinon LE sujet, qui interpelle le monde de la construction aujourd’hui: le BIM. Il se pose en préalable au Meeting BIM que nous organisons le 8 juin prochain (http://www.meetingBIM.be). Pour clôturer ce tour d’horizon, place aux effets du BIM sur le métier d’ingénieur, d’architecte et d’entrepreneur et petit tour urbi et orbi(m).
Plus personne ne le niera, la modélisation des données du bâtiment ou BIM est porteuse du processus de transition vers la construction numérique et cette méthode va changer radicalement le mode de travail dans la branche, affirme-t-on chez Siemens. Le cordonnier n’étant pas toujours le plus mal chaussé, Siemens a recours au BIM pour la construction de son nouveau siège social d’environ 22.500 m² à Zoug en Suisse.
Siemens Real Estate a confié la maîtrise d’œuvre à la société Strabag. Le BIM.5D® assure ici la modélisation des données des bâtiments en multiples dimensions, afin de garantir la budgétisation, la planification et le calendrier avec une sûreté maximale. A l’issue du chantier en juin 2018, la maquette numérique de Siemens sera utilisée par le facility management afin d’optimiser l’exploitation et la gestion du campus.
BIM manager
Quoi qu’il en soit, il est légitime de s’interroger sur les transformations qu’entraînera le BIM pour certains métiers de la construction. Les architectes et ingénieurs par exemple. Auparavant et encore aujourd’hui, la chaîne de travail est en quelque sorte séquentielle: l’architecte réalise une esquisse vérifiée par un bureau d’études qui lui-même joint des documents techniques renvoyés à l’architecte qui se charge de tout synthétiser. Le BIM permet de sauter ces étapes car le processus de conception de l’ouvrage devient simultané et partagé par tous. Il y a en effet interopérabilité et un nouveau métier voit le jour: celui de BIM manager. Certains y voient une mutation du métier d’ingénieur.
Des métiers en mutation
En fait, l’architecte comme l’ingénieur doivent être capables de prendre un certain recul afin d’avoir une vision plus transversale du projet. Bref, plus question de considérer l’ouvrage uniquement selon son point de vue.
Et l’entreprise dans tout ça? Dans un premier temps, le recours au BIM semble plus pesant que bénéfique car l’utilisation de ces logiciels et méthodes n’a pas de conséquences profitables immédiates pour les entreprises qui commencent à s’y mettre. En effet, l’utilisation du BIM coûte cher, est très complexe et demande un temps d’adaptation. Cependant, des études ont prouvé que cette perte de temps devient négligeable au bout de quelques mois, que la productivité augmente de 20 à 30% en moyenne et que l’utilisation de ce logiciel est rentable après environ 2 ans.
Planète BIM
De même que chaque entreprise n’est pas égale devant le BIM, chaque pays n’est pas non plus logé à la même enseigne. Si les Usa font, de l’avis général, figure de précurseurs, la Grande-Bretagne, la Finlande, le Danemark, la Norvège ou les Pays-Bas ne sont pas en reste puisque le BIM y est obligatoire pour les projets de construction nécessitant un certain volume d’investissement. En Allemagne, il sera prescrit dès 2020 pour tous les projets de construction du ministère fédéral des Transports et de l’Infrastructure numérique.
Experts indiens
En Inde, le potentiel des développements résidentiels et commerciaux à grande échelle, lié à la croissance démographique et économique, a entraîné l’émergence de nombreux professionnels BIM qualifiés, formés et expérimentés qui mettent en œuvre cette technologie dans des projets de construction locaux, mais qui assistent également des équipes aux Etats-Unis, en Australie, au Royaume-Uni, au Moyen-Orient, à Singapour et en Afrique du Nord. Malgré cela, l'utilisation du BIM n'a été signalée que par 22% des répondants à un sondage de 2014.
Tous azimuts
En 2014, la municipalité de Dubaï a publié une première circulaire exigeant l'utilisation de BIM pour des bâtiments d'une certaine taille, hauteur ou type. Une autre circulaire lui a succédé un an plus tard en imposant le BIM à davantage de projets en réduisant l'exigence minimale de taille et de hauteur des projets concernés.
Sans être totalement convertis, une multitude de pays, de l’Iran à la Nouvelle-Zélande en passant par la Pologne, la Malaisie ou le Portugal ont mis sur pied des groupes de travail, des comités de développement et autres clusters chargés de doper le BIM. - F.G.