Bim qui rit et Bim qui brime: avantages, clichés, écueils
Nous poursuivons notre série de 4 articles consacrés au Bim la maquette numérique pour les puristes, en lien avec le Meeting BIM que nous organisons le 8 juin prochain. Après les racines et le foisonnement abordés dans notre édition de la semaine passée, place au Bim côté pile et côté face
Hormis pour ceux qui sont largement rompus à l’exercice et qui en ont testé les bienfaits, le Bim est encore associé à des nombreux clichés. Comme toute nouvelle «religion» (quasi nouvelle car n’oublions pas que ses premières moutures sont quand même quadragénaires), il a ses fidèles et ses contradicteurs. Autant faire partie des premiers, au risque d’être rapidement has been.
Le Bim a beau être au cœur de nombreux colloques, conférences et présentations, il reste encore une notion abstraite, voire nébuleuse, pour bon nombre de professionnels de la construction. Ces derniers ne cachent d’ailleurs pas leur frustration: ils se disent mal informés, peu aidés et peu formés. La solitude du coureur de fond devient la solitude du coureur de Bim. D’où, l’importance des Meeting Bim comme celui que nous organisons le 8 juin prochain et qui clarifiera les choses grâce aux exposés d’experts en la matière.
Mais, au-delà des besoins de formation, il s’agit aussi de combattre certains clichés qui lui collent à la maquette et de mettre ses avantages en perspective. Et ces derniers sont multiples.
Etat des lieux
◊ Le Bim permet aux maîtres d'ouvrage, architectes, ingénieurs et entrepreneurs de collaborer et d'ajouter des informations utiles très tôt dans le projet, sans graves conséquences financières;
◊ la représentation virtuelle du projet permet à un bâtiment d'être construit, testé et analysé en temps réel avant même le premier coup de pioche;
◊ une estimation du coût en temps réel permet de vérifier rapidement les incidences budgétaires des modifications de conception;
◊ visualisation précise à toutes les étapes du projet;
◊ vérification possible du respect des normes en vigueur et des critères du projet tant au niveau quantitatif que qualitatif;
◊ les quantités et coûts de construction peuvent être extraits en temps réel, à tout moment durant la conception. Avec un retour immédiat sur les conséquences budgétaires;
◊ possibilité d’analyser et de simuler les performances énergétiques et environnementales d'un bâtiment avec, au besoin, l'opportunité de les corriger.
Bimgo!
Plus spécifiquement pour les entrepreneurs, le Bim fait également étalage de ses atouts.
◊ Le modèle 3D est la source de tous les plans et dessins, ce qui permet d'éliminer les incohérences entre eux. Par exemple, tous les systèmes de tuyauterie d'un bâtiment (conduits d'aération, sprinklers, chauffage/climatisation, eau sanitaire, évacuation,…) peuvent être calculés et/ou contrôlés de manière intégrée, d'après les normes et standards en vigueur;
◊ découverte des erreurs ou omissions avant le début des travaux. Les interférences, conflits et autres problèmes de construction sont visualisés au stade des études et non sur le chantier;
◊ les modifications sont reportées en temps réel et leurs conséquences peuvent être visualisées;
◊ planification plus aisée de la livraison des matériaux et équipements tandis que les commandes aux sous-traitants peuvent être effectuées avec plus de précision et en temps opportun.
Enfin, les propriétaires et facility managers ne sont pas oubliés puisqu’il est possible de remettre aux premiers toutes les informations collectées durant la construction et de les insérer dans un modèle 3D. Les seconds disposent quant à eux d’une source d'informations précieuse pour la gestion des installations et lors de travaux d'entretien.
Omnibim? Non!
Mais le Bim n’est pas pour autant la clé du paradis des constructeurs. Il a aussi ses écueils. Ainsi, on ne peut pas tout simuler avec une maquette numérique et la représentation du projet souffre d’une certaine idéalisation. Par exemple, la maquette numérique ne contient pas (encore) la description de la structure moléculaire interne des matériaux, les dispersions possibles sur les états de surface,… En bref: la maquette numérique n'est pas la réalité, même si elle s’en approche.
Une autre question qui taraude les utilisateurs concerne les standards et moyens de stockage des données et leur archivage. Les premiers évoluent à la vitesse grand V et l’archivage pose des questions à long terme. De plus, il est impossible de tout enfermer dans un seul modèle de données (tableau Excel, Pdf, Word,…) à moins de recourir à un seul fichier compressé ou de développer ce qu’il est convenu d’appeler des «données liées» (linked data) à des sources extérieures sur le Web. Ici aussi, des standards devront rapidement émerger afin que les échanges soient facilités et que les acteurs n'investissent pas dans des solutions trop complexes et qui seront finalement abandonnées.
Qui dit investissement dit coût. Or, c’est là un autre obstacle car, à ce jour, le Bim reste très coûteux. D’autant que les utilisateurs manquent d’expérience. Quid aussi de l’aspect juridique du Bim, notamment la propriété du modèle 3D puisque tout le monde peut y imprimer sa marque. Quid aussi de la valeur contractuelle de la maquette numérique. Certains de ces inconvénients sont liés à la «jeunesse» de l’utilisation du Bim et devraient disparaître au fil du temps.
De leur côté, les développeurs informatiques rivalisent d'ingéniosité pour rendre leurs solutions plus accessibles, plus performantes et plus intégrées. Le but est en effet que tout acteur d’un projet Bim ait accès à tout moment à l'information dont il a besoin au cours de la phase dans laquelle il se trouve. Ce qui suppose le partage et l’échange d’informations et de données dans un langage commun. En effet, si on ne comprend pas de quoi on parle, comment échanger? Le Bim deviendrait alors une Tour de Babel et passerait à côté de sa finalité. Pas question non plus de laisser à quai les plus petits acteurs, Pme et Tpe. Mais c’est là un autre aspect de la question sur lequel nous reviendrons la semaine prochaine en donnant la parole à un dirigeant de Pme qui a un point de vue plus que pertinent sur la digitalisation de la construction. - F.G.
La semaine prochaine: «Bim, Pme et Tpe, une valse harmonieuse en 3 temps?»