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Technologie

BIM c'est quoi exactement'

Le Building Information Modelling (BIM) qu'on peut traduire par «Modélisation des Informations (ou données) du Bâtiment» - le terme «bâtiment» englobant également les infrastructures - désigne le fait de centraliser l'ensemble des données architecturales et techniques d'un bâtiment sous la forme d'une maquette numérique consultable et/ou modifiable par tous les intervenants du projet. Par extension, le BIM devient le processus même de conception à l'aide de cette maquette.

BIM c'est quoi exactement'

D’où ça vient'

Si le terme «building model» est énoncé pour la première fois en 1986 par l'ingénieur et chercheur en informatique Robert Aish, dans le cadre d'un symposium consacré au logiciel utilisé pour la construction de l'aéroport d'Heathrow, la réflexion sur ce processus remonte en fait aux années 1960, soit dès les débuts de l'informatique. C'est ainsi que, en 1962, l'ingénieur informaticien Douglas C. Englebart imagine dans son ouvrage «Augmenting Human intellect» une conception architecturale basée sur la manipulation d'un modèle informatique réunissant représentations géométriques et bases de données relatives au projet. Une sacrée intuition, sachant qu'à cette époque lointaine, la technologie informatique est encore incapable de fournir une mémoire et une qualité de représentation suffisante pour concrétiser cette idée. Mais elle a néanmoins le mérite d'exister. Elle prend un peu plus de corps lorsqu'est lancée la première version du logiciel AutoCAD, en 1982, suivie par d'autres logiciels de CAO. Dès lors, l'usage du dessin assisté par ordinateur, remplaçant le dessin manuel, se généralise dans la conception des bâtiments. Apparaissent ensuite des logiciels de calcul de structure et de simulation thermique et acoustique qui constituent autant de jalons vers ce que l'on appelle aujourd'hui le BIM. Reste encore à rendre compatible tous les langages utilisés par les professionnels de la construction (architectes, bureaux d'études, maitres d'œuvre, entreprises) pour en faire un idiome commun. Cette démarche se concrétisera en 1995, aux Etats-Unis, quand quelques entreprises du secteur du bâtiment concevront les IFC (Industry Foundation Classes), à savoir des informations numériques codées selon un format unique. Les IFC restent à ce jour la seule référence internationale.

Les IFC étant un langage standard et neutre, il était indispensable de créer un cadre indépendant et impartial pour les promouvoir. C'est ainsi qu'en octobre 1995, l'IAI (International Alliance for Interoperability) voit le jour. Cette organisation, devenue aujourd'hui BuildingSmart International, associe tous les professionnels du secteur de la construction, y compris les éditeurs de logiciels spécialisés avec pour objectif principal de faire évoluer la norme IFC et de promouvoir le concept du BIM dans le secteur de la construction, à l'échelle mondiale.

Cette alliance rassemble aujourd'hui près de 600 membres issus d'une vingtaine de pays dont la Belgique.

Pourquoi le BIM'

Le BIM, ou plutôt les logiciels BIM comme ArchiCAD, existe depuis une bonne trentaine d'années et de nombreux acteurs de la construction faisaient déjà du BIM avant que cela ne devienne un terme à la mode. Alors pourquoi cette soudaine frénésie' En l'occurrence, la progression fulgurante de la puissance des ordinateurs permet maintenant d'utiliser des solutions qui n'étaient auparavant pas disponibles. Se sont ensuite greffés sur cette avancée technologique des facteurs de différentes natures: écologiques et économiques, entre autres.

Les gouvernements qui adoptent ou sont sur le point d'adopter le BIM le font souvent en relation avec une obligation légale de réduire les émissions de gaz à effets de serre et le gaspillage des ressources. Pour ce faire, il a fallu imaginer une nouvelle façon de travailler et le BIM s'est naturellement imposé comme une des solutions susceptibles de permettre au secteur du bâtiment de construire différemment en limitant son empreinte écologique.

Mais ne nous leurrons pas, ce sont surtout des considérations économiques qui ont fait du BIM un instrument de travail à l'échelle planétaire. Dépassement de budget, sous-productivité comparée à d'autres industries, désorganisation, gaspillage des ressources,' La construction souffre d'un terrible déficit d'efficacité et d'image. Un rapport rédigé à l'initiative du gouvernement britannique a été on ne peut plus clair à cet égard en laissant entendre que «la construction ne doit pas améliorer ses méthodes de travail mais les changer radicalement»'

A quoi ça sert'

En épluchant la littérature spécialisée, il semble difficile de trouver une définition du BIM acceptée par tous. Souvent assimilé à un logiciel ou à une technologie, le BIM est en fait bien plus que cela. C'est une suite de processus ou de méthodes de travail utilisés tout au long de la conception, de la construction et de l'utilisation d'un bâtiment. Concrètement, le BIM définit qui fait quoi, comment et à quel moment. En résumé, il s'agit du partage d'informations fiables tout au long de la durée de vie d'un bâtiment ou d'infrastructures, de leur conception jusqu'à leur démolition. La maquette numérique, quant à elle, est une représentation digitale des caractéristiques physiques et fonctionnelles d'un bâtiment ou d'infrastructures, laquelle permet une collaboration entre tous les intervenants d'un projet, soit par des échanges de données, soit en permettant une intervention sur un seul et même modèle.

Grâce à cette maquette constamment tenue à jour, les coûts de construction sont mieux maîtrisés et la qualité des bâtiments se trouve globalement améliorée grâce aux différentes analyses et simulations effectuées à un stade précoce du projet, avant que les coûts des modifications n'aient trop de répercussions. Avec le BIM, il est possible de réaliser des bâtiments qui consomment moins d'électricité, sont chauffés et climatisés plus efficacement et offrent plus de confort à leurs occupants. Et l'efficacité du BIM est également avérée en ce qui concerne la phase d'exploitation d'un bâtiment dont on sait qu'elle génère environ 75% de son coût global.

Vers un BIM obligatoire'

Les avantages du BIM, notamment en matière d'efficacité énergétique des bâtiments, en fait un outil particulièrement intéressant dans le cadre du plan européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la diminution de la part d'énergie fossile dans les activités de construction. Rien d'étonnant donc à ce que la Commission européenne, via la Directive sur les marchés publics du 15 janvier 2014, ait invité les 28 Etats membres à exiger l'utilisation du BIM lors des appels d'offres et concours de projets publics. Plusieurs pays européens ont d'ailleurs déjà franchi le pas. C'est le cas de la Norvège, du Danemark, de la Finlande, des Pays-Bas et, depuis cette année, de l'Angleterre. L'Allemagne, la France et l'Italie ont d'ores et déjà prévu d'en faire de même, à la fin de cette année pour la première, en 2017 pour la seconde. Et l'Espagne devrait suivre. Et en Belgique' Aux dernières nouvelles, aucune discussion n'a encore été initiée sur le sujet'

 

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