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Technique & technologie

Les chantiers seront-ils bientôt suivis à l’aide de la réalité virtuelle ?

Buildwise prévoit qu’au cours de la prochaine décennie, l’ensemble du cycle de construction sera numérisé. Et c’est loin d’être un scénario catastrophe, car cette évolution offre de nombreuses possibilités de travailler beaucoup plus efficacement. Un bon exemple est le « suivi automatique de chantier » qui fait le lien entre le BIM et la réalité virtuelle pour contrôler et inspecter les travaux.

Buildwise_site_Limelette
Buildwise

Dans de nombreux secteurs, on se rend de plus en plus compte que les données ouvrent la porte à des applications infinies. Logiquement, l’objectif principal dans la construction est d’étendre les capacités du modèle BIM. « Il est en fait évident que ces données seront également utilisées pour la coordination et le contrôle sur le chantier », déclare Niki Cauberg, responsable de la construction numérique chez Buildwise. « Plusieurs acteurs dans le monde développent ce type de suivi automatique de chantier. Cela fait un certain temps que nous explorons les solutions, d’un point de vue non seulement théorique, mais aussi pratique, lors de la construction de notre nouveau centre de démonstration à Limelette. Et les résultats ont été beaucoup plus positifs que nous l’avions estimé, en ce sens que nous pensons que le suivi automatique de chantier sera la règle plutôt que l’exception d’ici quelques années. »

Prise de photos à 360°

Le suivi automatique de chantier peut actuellement être divisé en trois niveaux. La base consiste à capturer des données à l’aide d’une caméra à 360° placée sur le casque de sécurité. « On se promène dans le bâtiment et on prend des photos de tous les espaces », précise Niki Cauberg. « Comme l’appareil prend des images convexes et que la caméra se trouve sur votre tête, vous avez presque une vue d’ensemble de l’état de chaque pièce. Il en résulte une efficacité accrue et un gain de temps considérable. En effet, aujourd’hui, les entrepreneurs prennent énormément de photos pour se couvrir. Quels chargements ont été livrés, quand et où ? À quoi ressemblait l’espace avant le début de certains travaux ? Quels dommages étaient présents lorsque l’entrepreneur a dû commencer son travail ? Où ont été placés les tuyaux dans les murs et les sols ? Quels travaux ont été réalisés aujourd’hui ? ... En fait, on ne prend jamais assez de photos. Et la pratique le prouve tous les jours : combien de fois arrive-t-il que l’image du petit morceau de mur dont il est question soit manquante ? Ce problème disparaît avec une caméra à 360°, car la capture de l’image est quasiment de 100 %. L’avantage est que la solution est à la portée de tous les entrepreneurs, même des entreprises unipersonnelles. En effet, cette caméra dotée de deux lentilles convexes coûte entre 400 et 1 000 euros. »

Plein de possibilités

Les entrepreneurs peuvent aller un pas plus loin et télécharger les photos dans une application qui traite automatiquement les images et les place sur un plan. Le résultat est une sorte de « Google Street View » de l’ensemble du chantier. Les entrepreneurs, les clients, les architectes, les fabricants... peuvent se connecter pour y naviguer. Niki Cauberg : « Les avantages de ce deuxième niveau de suivi automatique de chantier sont évidents. En cas de litige, toutes les parties peuvent ensemble se rendre virtuellement sur le site en question, suivre les travaux dans le temps et discuter entre elles. De cette manière, les problèmes sont résolus beaucoup plus rapidement. En outre, il peut également constituer un outil idéal pour les jours où la direction du projet ne peut pas se rendre sur place, car il est tout à fait possible d’élaborer un beau plan as-built provisoire qui est documenté chaque jour ou chaque semaine. Et tout cela sans consommer beaucoup d’énergie ni de temps. »

Stockage plus efficace

Avec cette application, il n’est même plus nécessaire de tenir des réunions de chantier sur place. En outre, ces plateformes permettent également un stockage plus efficace. Les images se trouvent de toute façon dans le cloud, elles ne peuvent donc pas être perdues. Mais surtout, ces applications permettent de catégoriser de façon logique les milliers de photos sur un plan. Cela vous permet de visualiser les photos de manière intuitive, c’est-à-dire en fonction de l’espace réel. Niki Cauberg : « Les photos sont automatiquement placées au bon endroit du plan. Vous n’avez donc plus besoin de chercher, elles apparaissent automatiquement à leur place et sont disponibles d’un simple clic de souris. Certaines plateformes permettent également d’utiliser des photos en 2D, mais le gain de temps est alors moindre, car il faut photographier tous les recoins de chaque pièce pour se rapprocher du résultat des images à 360°. »

Une aide pour le chef de chantier

Au niveau le plus élevé du suivi automatique de chantier, l’avancement de travaux spécifiques sur le chantier est visualisé dans un tableau de bord utilisant l’intelligence artificielle. « Pour simplifier, l’application compare les images avec la conception en 3D », explique Niki Cauberg. « Certaines solutions font des constats tels que "à ce moment-là, X m² de béton, de briques, de bois, de gyproc... ont déjà été utilisés. Le chef de chantier dispose ainsi d’une meilleure vue d’ensemble des travaux et, sur la base de ces informations, il peut plus facilement organiser et suivre les activités à venir. Cette fonctionnalité n’est pas encore tout à fait au point, mais nous nous attendons à ce que des progiciels matures soient sur le marché d’ici un à deux ans. Les solutions de visualisation des travaux par matériau et par avancement sont – à notre propre étonnement – déjà au point. Concrètement, ces applications colorient les travaux exécutés sur le plan.»

Suivi réel du chantier

Ce qui est plus intéressant encore, ce sont les progiciels qui permettent de vérifier si les travaux ont été exécutés correctement. Buildwise a fait le test au cours de la construction à Limelette et a constaté que de tels outils offrent une énorme valeur ajoutée. Niki Cauberg explique : « Sur le chantier, on ne se promène généralement pas avec un modèle BIM, mais plutôt avec des plans en 2D. On remarque rapidement qu’un mur est mal placé ou incliné. Mais le fait que ce même mur soit trop long de cinq centimètres peut vous échapper. Il y a de fortes chances que vous ne remarquiez pas non plus qu’il n’y a que trois réservations au lieu de quatre. Il y a donc de nombreux détails qui sont parfois mal faits, mais qui ne sont pas remarqués par le chef de chantier ou qui ne le sont pas assez rapidement. Nous avons nous-mêmes détecté plusieurs inexactitudes grâce à ce suivi automatique de chantier. Du gyproc qui a été réalisé jusqu’au plafond, alors que ce n’est pas ainsi qu’il avait été dessiné. Ou encore une fenêtre mal placée. Cela peut survenir n’importe où. La technologie permettant un tel contrôle automatique des chantiers n’existait pas il y a deux ans. Aujourd’hui, cependant, plus de cinq plateformes offrent déjà cette fonctionnalité. Et je ne peux que recommander à tout entrepreneur d’investir dans une licence. Vous pouvez commencer à l’utiliser immédiatement : aucune programmation n’est nécessaire et l’utilisateur n’a besoin d’aucune connaissance préalable. En outre, l’algorithme ne cesse de se renforcer : plus on ajoute d’informations, plus l’intelligence artificielle apprend, plus il y aura d’applications qui permettront de contrôler et de suivre encore mieux le chantier. »

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