Vols sur chantier: une facture de près de 100 millions par an
Chaque année, le préjudice subi par les entreprises du secteur de la construction en raison des vols sur chantier se monte à près de 100 millions d’euros! Aucune entreprise ni aucun produit ne sont épargnés par ce fléau. Heureusement, les professionnels sont de plus en plus nombreux à prendre des mesures proactives.
Selon la Confédération Construction, les dernières statistiques de la police dénombrent près de 4.000 vols et tentatives de vol sur chantier par an. Avec, chaque année, de nouveaux modes opératoires, de nouvelles formes de criminalité et un intérêt pour de nouveaux matériaux à voler. En ce qui concerne l’évaluation des pertes, peu de chiffres récents à se mettre sous la dent. Les dernières statistiques remontent à 2013; elles font état d’une perte sèche estimée entre 80 et 100 millions d’euros chaque année! Et ce ne sont là que les chiffres officiels, ceux qui concernent les vols déclarés. Or, selon une enquête menée en 2009 par la Confédération auprès de ses affiliés, il ressortait que seul un vol sur cinq était déclaré à la police. La fréquence des vols sur chantier serait donc plus proche des 20.000 par an. En France, des statistiques récentes estiment le préjudice subi par les entreprises du BTP à 1 à 2 milliards d’euros. Outre la perte financière due à ces vols, il faut également y ajouter les retards pris sur le planning qui peuvent engendrer des coûts supplémentaires ainsi que le déficit d’image pour une entreprise.
Aucune entreprise ni aucun produit ne sont épargnés
Le fléau des vols sur chantier n’épargne aucun acteur de la construction. Il touche à la fois les grandes entreprises et les Pme/Tpe et concerne tous les types de chantier, avec toutefois une préférence pour les chantiers liés à la construction neuve qui sont plus facilement accessibles et recèlent des biens infiniment plus attractifs pour les voleurs de tous poils. De fait, tout y passe: petit outillage, engins de chantier, matériaux de construction (métaux et câbles sont particulièrement convoités) jusqu’aux éléments déjà posés comme les fenêtres, tableaux électriques, sanitaires ou équipements de chauffage. D’après Batiactu, le secteur du parachèvement serait le plus touché dans la mesure où ces corps de métier disposent souvent des produits à haute valeur ajoutée sur le circuit parallèle où ils se revendent facilement.
Pas de congés du bâtiment pour les voleurs
Si les congés du bâtiment sont synonymes de repos bien mérité pour les entreprises du secteur, c’est en revanche la période où les voleurs redoublent d’ardeur au travail… D’après PortEyes, une filiale d’Engie Fabricom spécialisée dans les mesures de protection pour les chantiers de construction, les voleurs adapteraient leurs vacances au rythme régional de ces congés. «En effet, les congés du bâtiment ne sont pas les mêmes partout en Belgique. Dans la plupart des régions, les congés débutent entre le 7 juillet (Anvers, Liège, Hainaut) et le 14 juillet (Flandre orientale et occidentale, Limbourg, Namur). Mais il subsiste des exceptions comme en Région bruxelloise ou dans le Brabant wallon où il n’est pas rare que les congés du bâtiment commencent le 30 juin, ou dans la région de Hamme-Lokeren où ils s’amorcent à partir du 21 juillet.» Un échéancier contrasté qui permet aux voleurs d’établir tranquillement leur planning de la saison avant de prendre, à leur tour, quelque repos, une fois les entrepreneurs de retour sur chantier… pour constater l’ampleur des dégâts.
Une large gamme de solutions
La vidéosurveillance permet de déléguer totalement la sécurité d’un chantier. Les entreprises de construction y ont de plus en plus souvent recours lorsqu’elles travaillent sur un chantier important.
Pourtant, ce ne sont pas les solutions qui manquent. Si assurer la surveillance d’un site en faisant appel à une agence de gardiennage représente un budget que toutes les entreprises ne peuvent se permettre, d’autres dispositifs peuvent être mis en œuvre, du plus simple au plus sophistiqué: vidéosurveillance intelligente et autonome, portes métalliques à badgeuse et, bien sûr, le marquage (GPS, RFID,…) des matériaux et des engins. Ces technologies, autrefois hors de prix pour des Pme, voient désormais leurs coûts d’achat et d’installation se démocratiser. Et à en croire les fédérations sectorielles, vu la recrudescence des vols sur chantier, l’investissement en vaut largement la chandelle. Heureusement, il semble que les entreprises aient reçu le message 5 sur 5. Selon la dernière enquête de la Confédération (qui date déjà de 2013), 81% des machines, 75% du matériel roulant et 67% du petit outillage étaient pourvus de données d'identification. En revanche, les entreprises étaient encore peu nombreuses (5,2%) à recourir à des solutions électroniques. Ceci dit, des mesures de sécurisation plus basiques peuvent également s’avérer efficaces comme une clôture, un système d’éclairage approprié (avec une détection anti-intrusion si possible) ou de simples bâches dont on oublie parfois que leur vocation première n’est pas de servir de support publicitaire à l’entreprise, mais de protéger matériel et matériaux des regards indiscrets.
S’assurer en bon père de famille
Et bien sûr, il en va des entreprises comme des particuliers confrontés aux vols avec effraction: outre les mesures de sécurité mises en œuvre, le bon sens recommande de s’assurer au mieux. Si les assurances n’empêcheront pas le vol, elles permettront toutefois d’en limiter les pertes financières. Trois catégories de biens peuvent être assurées: les engins de chantier, les matériaux de construction et équipements techniques qui doivent être intégrés dans le bâtiment, de même que les outils dont les ouvriers ont besoin en permanence pour effectuer leur travail. A noter qu’aucune couverture n’assure que le seul risque de vol; cette garantie est proposée complémentairement à d’autres, à titre optionnel ou non. Les polices d’assurance pouvant inclure une garantie contre le vol sont les suivantes: Incendie, Tous Risques Chantier, Bris de Machines, Ordinateurs et Omnium Auto.
En France, les entreprises qui prennent des mesures proactives contre le vol sont soutenues par les compagnies d’assurance. En fonction des mesures prises, ce soutien peut se traduire par des réductions sur le montant des cotisations ou de la franchise des contrats concernés.
Malheureusement, a priori rien de tel en Belgique. En revanche, en l’absence de toute mesure de protection digne de ce nom, l’assurance peut parfaitement refuser d’intervenir…