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Sécurité

Une innovation belge qui protège les travailleurs et les équipements sur le chantier

Grâce à de nombreuses mesures et réglementations, le nombre d’accidents du travail graves dans le secteur de la construction est systématiquement en baisse. Il reste cependant beaucoup à faire, puisqu’on dénombrait encore 2 782 victimes en 2023. Les chutes et les accidents dus à une visibilité réduite semblent être les causes principales. Toutefois, pour atténuer ces risques, il existe un système de prévention et de sécurité unique et peu coûteux : MobileProxy de la société wallonne BorderSystem.

Installation du BorderSystem MobileProtect

Pendant de nombreuses années, Ghislain Roland s’est spécialisé dans la pose d’explosifs dans les carrières. Une activité particulièrement risquée qui se soldait régulièrement par un grave accident du travail. « Le problème ne résidait pas tant dans la mauvaise manipulation des explosifs, car dans l’entreprise de mon père, tout le monde savait comment s’y prendre », explique son fils Guillaume Roland, actuel directeur de BorderSystem. « Par contre, le risque de chute est important, car les explosifs sont placés sur le bord de la fosse. Il suffit d’un petit oubli ou d’un faux pas pour dégringoler de plusieurs dizaines de mètres. Avec l’apparition de l’électronique, mon père a vu une opportunité de réduire ces risques. Il a mis au point une barrière virtuelle basée sur des ondes radio Ultra Wideband. Concrètement, un périmètre de sécurité virtuel est mis en place. Les travailleurs portent chacun un bracelet avec un tag. Dès qu’ils se trouvent à la limite de la zone de sécurité, une alarme lumineuse, sonore et vibratoire se déclenche. Le terminal le plus proche de cet utilisateur réagit également en émettant un signal lumineux. Enfin, nous avons réussi à perfectionner le système, qui nous permet désormais de garantir une précision de +/-10 cm et une vitesse de localisation inférieure à 20 ms.

Des carrières aux ponts roulants

Ce système de sécurité a immédiatement suscité un grand intérêt au niveau international, ce qui a incité Ghislain Roland à vendre son entreprise et à se concentrer entièrement sur le développement de BorderSystem. « Notre système est tellement simple et flexible qu’il peut être utilisé pour toute une série d’applications », explique Guillaume Roland. « C’est pourquoi nous avons rapidement développé une solution similaire pour les ponts roulants. Les opérateurs n’ont que peu ou pas de visibilité sur ce qui se passe sous le pont roulant. Les travailleurs s’y promènent souvent pour procéder à des vérifications, ce qui peut conduire à des situations très dangereuses. Grâce à notre solution, ils sont avertis par leur tag s’ils se trouvent dans une zone dangereuse. L’opérateur reçoit également une notification, ce qui lui permet d’interrompre immédiatement ses opérations. »

Particulièrement efficace dans les entrepôts

BorderSystem a exploité un autre domaine d’application : les chariots élévateurs et les chariots à mât rétractable dans les entrepôts. « Dans ce type d’environnement, les collisions sont un problème connu », explique Guillaume Roland. « Lors du transport d’une charge, la visibilité est limitée, ce qui entraîne des collisions fréquentes avec une porte, un autre chariot élévateur et même des collègues. Notre système s’avère être une solution parfaite pour éviter ou limiter fortement ce genre d’incidents. Pour de telles applications, nous avons même affiné la solution de sorte que les chariots élévateurs ou à mât rétractable décélèrent automatiquement lorsqu’il y a un risque potentiel de collision. Il suffit de penser aux intersections, aux portes qui s’ouvrent automatiquement, aux piétons qui se trouvent dans l’angle mort du chariot élévateur... Ce système a propulsé BorderSystem. Les principaux fournisseurs de chariots élévateurs et de chariots à mât rétractable voient un tel potentiel dans notre MobileProxy qu’ils introduisent eux-mêmes le système auprès de leurs clients. Aujourd’hui, nous sommes donc en négociation pour mettre en place des partenariats efficaces. »

Intéressant sur le chantier aussi

De la logistique au chantier de construction : il n’y a qu’un pas pour BorderSystem. Depuis plusieurs mois, MobileProxy est donc testé et... approuvé dans plusieurs projets. Guillaume Roland : « Les applications sont nombreuses, mais aujourd’hui nous nous concentrons principalement sur les excavateurs et les engins de démolition. Dans le premier cas, l’opérateur doit rester concentré sur sa tâche : lorsqu’il creuse, il ne doit pas toucher de câbles ou d’infrastructures, puis la terre doit être déversée dans le camion sans se répandre. Il y a donc un risque réel qu’il ne remarque pas que des collègues se promènent à proximité, avec tous les risques que cela comporte. Grâce à notre système, tant les opérateurs que les personnes présentes sur le chantier sont avertis s’ils se trouvent dans la zone de danger de l’excavateur. Pour les engins de démolition, MobileProxy fonctionne un peu différemment. La loi impose que ces équipements soient commandés à distance en raison du risque de chute de débris. Dans la pratique, l’opérateur se hasarde parfois à se tenir trop près de l’engin, ce qui peut l’amener à être victime de débris volants. Grâce à notre système, une alarme est désormais déclenchée si une personne se trouve à moins de quatre mètres de l’engin de démolition. Sur demande, nous pouvons également programmer le système pour qu’il arrête automatiquement la machine si l’opérateur se trouve à moins de quatre mètres. Parallèlement, MobileProxy a aussi été testé en France pour promouvoir la sécurité lors de l’asphaltage des autoroutes. Le système est implanté dans la machine à asphalter et les compacteurs qui, en théorie, devraient toujours être distants d’au moins cinq mètres.

Des ambitions mondiales

En 2025, BorderSystem entend élargir encore le spectre des applications dans la construction (et dans d’autres secteurs). « Les possibilités sont multiples, car notre système fonctionne sur la base d’ondes radio », explique Guillaume Roland. « Cela signifie qu’il peut également être utilisé pour des applications souterraines, entre autres. De plus, la solution est très facilement programmable et donc facile à adapter à la demande de n’importe quel client. Les utilisateurs eux-mêmes peuvent adapter MobileProxy si leur application change ou si, dans le secteur de la construction par exemple, ils souhaitent transporter le système sur un autre chantier. Pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas le faire eux-mêmes, nous sommes à leur disposition pour effectuer les modifications nécessaires. Notre équipe compte déjà cinq ingénieurs qui travaillent sur cette question et sur le développement de nouvelles applications. Quoi qu’il en soit, nous voulons explorer bien d’autres horizons, à travers l’Europe et même au-delà. Par exemple, nous sommes actuellement en négociation pour introduire MobileProxy au Brésil, en partenariat avec une société belgo-brésilienne. Ce devrait être le début d’une aventure mondiale qui sauvera des vies et évitera d’endommager les infrastructures. Et ce, de manière rentable, car notre système ne coûte que quelques centaines d’euros par utilisateur, en fonction de l’application. Bref, un petit investissement qui compense largement les dégâts humains et matériels que l’on peut ainsi éviter. »


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