Climafed et Frixis constatent un regain de confiance dans les technologies de chauffage durable

Selon Patrick O, responsable Public Affairs chez Climafed, ces nouveaux chiffres confirment ce que l’on ressentait déjà sur le terrain : « Nous constatons que les consommateurs et les installateurs optent à nouveau résolument pour les pompes à chaleur. C’est une bonne nouvelle, car cette technologie joue un rôle clé dans l’atteinte de nos objectifs climatiques. »

Croissance dans tous les segments : le monobloc et la géothermie en forte progression

La plus forte croissance a été enregistrée dans le segment des pompes à chaleur air/eau, où les systèmes monobloc ont bondi de +47 %. Les pompes à chaleur eau/eau et sol/eau (systèmes géothermiques) connaissent également un regain, avec une hausse de +37 %. Au total, 17.800 pompes à chaleur de chauffage ont été vendues au premier semestre 2025, contre 15.350 sur la même période en 2024.

Les pompes à chaleur air/air retrouvent également progressivement leur place dans le débat sur le chauffage. Cette technologie, souvent encore perçue à tort comme un simple appareil de climatisation, est de plus en plus reconnue comme une solution de chauffage à part entière. Dans de nombreuses habitations où le chauffage basse température est difficile à mettre en place ou où le chauffage décentralisé est présent, les systèmes air/air peuvent offrir une solution simple et rentable. Attention toutefois : pour un confort et un rendement optimaux, l’étanchéité à l’air du bâtiment est essentielle.

Un cadre politique comme catalyseur

La reprise du marché ne doit rien au hasard. Plusieurs mesures politiques créent un climat favorable aux investissements dans les technologies durables :

Européen

• Le système européen ETS 2 rendra, à partir de 2027, le chauffage fossile nettement plus cher via un coût CO₂.

Fédéral

• La TVA pour le remplacement des chaudières a été portée à 21 %, applicable aux contrats de vente conclus après le 28 juillet.

• La nouvelle loi-programme a inscrit dans la politique une tax shift, visant à rendre l’électricité moins chère et les combustibles fossiles plus coûteux à terme.

• Une adaptation du tarif capacitaire vers un système « time-of-use » est à l’étude.

« La politique s’oriente clairement vers l’électrification et un chauffage tourné vers l’avenir », déclare Herwig Coppens, président de Frixis. « Les outils existent, il faut maintenant accélérer le déploiement. »

Prix de l’énergie, flexibilité et nécessité d’une réforme fiscale

La crise énergétique des dernières années a démontré la vulnérabilité des systèmes de chauffage fossiles. Durant l’hiver 2024–2025, les prix du gaz sont restés élevés, rendant les pompes à chaleur plus attractives sur le plan économique.

Parallèlement, l’importance des tarifs d’électricité dynamiques augmente : des prix variant heure par heure en fonction de l’offre et de la demande. Les pompes à chaleur intelligentes peuvent, via un système de gestion énergétique (EMS), profiter de ces variations de prix en chauffant aux moments où il y a beaucoup d’électricité renouvelable bon marché, par exemple les dimanches ensoleillés. Cela rend la consommation d’énergie non seulement moins coûteuse, mais aussi plus durable et plus favorable au réseau.

Il subsiste toutefois un obstacle structurel : aujourd’hui, l’électricité est presque quatre fois plus chère que le gaz par kWh. Ce rapport défavorable mine la logique économique des technologies durables. Climafed et Frixis plaident depuis longtemps pour un déploiement plus rapide de la tax shift, réduisant les charges sur l’électricité afin d’accélérer l’électrification du chauffage.

Rénovations, solutions hybrides et chauffe-eau thermodynamiques comme leviers

Même si les chiffres sont encourageants, le marché de la rénovation reste un point d’attention. Dans les habitations à faible niveau d’isolation ou disposant d’un raccordement électrique limité, l’installation d’une pompe à chaleur est souvent possible, mais avec un rendement inférieur sans travaux supplémentaires. Les pompes à chaleur hybrides – combinant une pompe à chaleur et une chaudière à gaz existante – constituent dans ces cas une solution intermédiaire réaliste. Elles permettent de réduire immédiatement les émissions de CO₂, tout en laissant le temps d’améliorer l’isolation pour passer à une solution entièrement sans fossiles.

Lors de la rénovation d’immeubles à appartements, il est possible d’intégrer des pompes à chaleur dans un réseau de chaleur (comme production centrale) ou en systèmes individuels. Elles peuvent fonctionner sur la base de la géothermie, de l’air ou de l’air extrait de la ventilation. Selon l’environnement, le bâtiment et les besoins du client, de nombreuses solutions sont envisageables. Leur mise en œuvre doit être soigneusement étudiée et planifiée, mais le potentiel est important.

Les chauffe-eau thermodynamiques méritent également une place de choix dans l’offre de rénovation. Ces appareils chauffent uniquement l’eau sanitaire pour le bain, la douche et la cuisine, mais sont particulièrement efficaces sur le plan énergétique et abordables. Avec un investissement relativement faible, ils peuvent être installés dans presque toutes les habitations – une première étape logique pour qui souhaite se tourner vers des solutions durables.

En Flandre, l’outil www.warmtepompklaar.be aide les citoyens à déterminer si leur habitation est déjà adaptée à une pompe à chaleur. La Wallonie et Bruxelles ne disposent pas encore d’un instrument similaire, mais des check-lists internationales peuvent, pour l’instant, constituer une alternative.

Conclusion : la confiance grandit, mais les conditions-cadres restent essentielles

Les chiffres montrent clairement que les pompes à chaleur font leur retour. Les mesures politiques, les signaux économiques et la maturité technologique se conjuguent. Mais la vigilance reste de mise : sans politique stable, information correcte et réforme fiscale, le marché risque à nouveau de se contracter.

« Celui qui opte aujourd’hui pour une pompe à chaleur choisit un système prêt pour demain », conclut Patrick O. « Nous devons maintenir et renforcer cette dynamique retrouvée. »