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Salons et événements

La construction au cœur de tous les débats de société

Lors de la journée d’ouverture de Batibouw, le 22 février dernier, Fisa, société organisatrice de Batibouw et architectura.be ont invité 5 experts pour débattre sur l’impact environnemental du secteur de la construction.

Table ronde 1

Plusieurs sujet ont été évoqué à cette occasion dont le «stop à l’urbanisation», la réalité quotidienne différente entre Bruxelles et la Wallonie, et le rôle d’exemplarité que doivent jouer les pouvoirs publics en matière d’aménagement du territoire.

Le débat, mené par Philippe Selke, rédacteur en chef d’architectura.be, réunissait Catherine De Wolf (chercheuse à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne), Jean-Christophe Vanderhaeghen (directeur général de la Confédération Construction Bruxelles), Aubry Lefebvre (administrateur-délégué de Thomas & Piron), Bruno Busch (Neo & Ides, la cellule énergie du bureau Greisch) et Alain Wouters (bureau d’architectes Art & Build).

Premier sujet abordé: le «Stop à l’urbanisation» (ou «Stop beton» dans sa version néerlandophone).

Stop à l’urbanisation, d’accord, mais pas n’importe comment

Le «stop au béton» est prévu en Wallonie pour 2050 (2040 en Flandre). Il s’agit en l’occurrence d’arrêter l’étalement urbain et de limiter les nouvelles constructions aux terrains déjà artificialisés. L’objectif est de densifier les centres urbains et de réhabiliter les friches industrielles ainsi que les bâtiments proches de l’insalubrité. Une étape intermédiaire est fixée à 2025, avec une réduction de 50% de la surface artificialisée.

Pour l’ensemble des participants au débat, cette mesure est perçue comme une évolution normale plutôt que comme une menace. Mais la proximité de l’échéance 2025 risque d’impacter fortement certains projets immobiliers dont la finalisation peut s’étaler sur une dizaine d’années. Cette situation apporte donc son lot d’incertitudes. Les professionnels présents ont également insisté sur la nécessité de disposer de mesures transitoires en la matière, mesures permettant les mises en application pratiques de la décision.

Densification urbaine: les Wallons font de la résistance

Un changement de mentalité doit accompagner la transition, les particuliers doivent pouvoir envisager de modifier leur mode de vie et accepter, par exemple, la densification de leur environnement direct. Une situation que connaissent bien et intègrent au quotidien les habitants de la région de Bruxelles-Capitale, une région dans laquelle la fonction forte est le logement et non plus le bureau. Des décisions ont été prises afin d’avancer dans la bonne direction, celle d’une construction de qualité, répondant à des normes strictes tout en conservant la qualité de vie en ville.

A l’inverse, en Wallonie, région plus rurale où la densité de population  est la moins forte des trois Régions du pays, on assiste aujourd’hui à des recours quasi systématiques de riverains contre les permis de bâtir, signe qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire dans le changement des mentalités. Pourtant, la densification urbaine a tout son sens en termes de durabilité, de mobilité et de sociabilité.

Un rôle de premier plan pour les pouvoirs publics

Selon les experts présents à cette table ronde, les pouvoirs publics ont – et auront – une grande responsabilité et un rôle fondamental à jouer en matière d’économie circulaire, de construction de qualité, respectueuse de l’environnement et accessible à tous. Les mandataires politiques doivent orienter les choses via des lois, des directives, des primes et des taxes… mais également en faisant preuve d’exemplarité dans la construction et la rénovation de leurs propres bâtiments, en sensibilisant le citoyen et en investissant dans la recherche afin de développer de nouvelles technologies, de nouvelles façons de concevoir, etc. Les experts relèvent déjà des avancées concrètes, notamment via des normes urbanistiques et énergétiques contraignantes. Autant d’éléments qui font qu’on ne construit plus du tout aujourd’hui comme il y a 5 ans.

Construction circulaire, bien plus que du recyclage

La suite du débat s’est orientée vers la construction circulaire. S’agit-il avant tout de recyclage comme certains le prétendent parfois? En réalité, celui-ci fait déjà partie de l’économie linéaire appliquée aujourd’hui. Dans l’économie circulaire, en revanche, le recyclage n’est qu’une stratégie parmi d’autres, et c’est même la dernière à mettre en place, lorsque la seule solution qui reste est de jeter les matériaux à la décharge. Mais avant cela, il y a bien d’autres stratégies à mettre en œuvre, telles que le réemploi, la réflexion sur les matériaux (et leur quantité) à utiliser… Travailler selon les principes de la construction circulaire nécessite de revoir de fond en comble la logistique des chantiers de construction et de démolition. Cela oblige également à une communication efficace et à une collaboration sans faille entre tous les acteurs de la construction. Bref, cela ouvre de nouvelles et réjouissantes opportunités pour le secteur de la construction… et pour la collectivité.
 

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