De bonnes raisons de garder une brique dans le ventre
Selon les dernières prévisions de la Banque nationale, notre pays traverse une phase de haute conjoncture avec une croissance culminant à 1,7% en 2017 et 2018. Le scénario vaut aussi pour la construction. «Tous les indicateurs sont au vert», s’est réjoui Robert de Mûelenaere, l’administrateur délégué de la Confédération Construction.
Et l’emploi? Le secteur retrouve le sourire après avoir perdu 20.000 emplois depuis 5 ans. En effet, la chute s’est muée en croissance de 800 emplois salariés et mille emplois indépendants entre le 4e trimestre 2016 et le 3e trimestre 2017. Et tout laisse supposer que cette progression sera encore de mise cette année.
La rénovation dans une dynamique structurelle
Il est vrai que le contexte actuel est porteur pour la construction. La baisse des droits d’enregistrement en Wallonie et à Bruxelles (prévue cette année en Flandre) qui allège la fiscalité pour les primo-acquérants et les exigences énergétiques des bâtiments soutiennent la demande.
Sans oublier les taux hypothécaires toujours très bas de sorte qu’on note une hausse des emprunts couplant achat et rénovation. Dans ce contexte, les travaux de rénovation s’inscrivent dans une dynamique structurelle positive en lien avec l’élargissement continu du parc résidentiel et avec le relèvement de sa qualité (Peb).
Du coup, le nombre de logements autorisés au cours des 10 premiers mois de 2017 dépassera vraisemblablement les 49.500 unités, soit un peu moins que les 51.500 permis délivrés un an plus tôt et dopés par un effet Peb temporaire.
Compte tenu de ces éléments, on peut considérer qu’après avoir crû de 2 à 3% en 2017, le volume de travaux résidentiels (rénovation et neuf) connaîtra une croissance similaire en 2018.
+10% en 2018?
Les travaux non résidentiels ne sont pas en reste. Outre le fait que la croissance économique générale est génératrice d’investissements, le Gouvernement a décidé d’affecter 400 millions en 2018 à des travaux de rénovation de bâtiments publics de la Justice. Le relèvement des standards de qualité, y compris au niveau de la sécurisation après les attentats, génère ici aussi une dynamique structurelle. Quoi qu’il en soit, les chiffres pour ce type de bâtiments permettent de tabler sur l’autorisation d’un volume global de 47 millions de m3 en 2017, soit une hausse de quelque 25% par rapport à 2016. La progression serait de l’ordre de 1% en 2017 et de 2% en 2018.
Quant au génie civil, il bénéficie évidemment d’une année 2018 électorale et du démarrage de deux grands projets, à savoir l’écluse de Terneuzen et la fameuse Oosterweelverbinding au Ring d’Anvers qui ont démarré timidement l’an passé mais dont les travaux devraient passer à la vitesse supérieure cette année.
Après avoir progressé de 7% en 2017, le volume des travaux de génie civil (rénovation et neuf) devrait augmenter d’environ 10% cette année.
Une croissance de 2 à 3%
Parallèlement, la Confédération Construction continue à taper sur le clou de la Tva des démolitions/reconstructions. Réduite à 6% depuis 2007 dans 32 villes et communes, elle devrait se généraliser à tout le pays. D’autant que la tendance est à la reconstruction de la ville sur la ville, à l’arrêt de l’étalement urbain et à la revitalisation des quartiers urbains. Ce dernier point est d’ailleurs un des grands axes d’avenir du secteur et les politiques d’aménagement du territoire vont dans ce sens. Une proposition de loi a été déposée dans ce sens. Pour la concrétiser, il faut cependant y intégrer un objectif social pour rester dans le cadre européen.
En conclusion, les «perspectives construction» de fin 2017 avançaient une progression de plus de 2% en 2017 et de plus de 3% en 2018. Les statistiques récentes des permis de bâtir, plus favorables que prévues, permettent d’espérer une hausse plus marquée du volume de travaux cette année.