Concrete Day 2018, le béton sous la loupe
Le Concrete Day est bien ancré dans l’agenda automnal. Pour preuve, cette édition 2018 a drainé plus de 600 participants, tous spécialistes du monde du béton sous toutes ses facettes. Workshops, networking, concours, Prix, état des lieux du secteur cimentier par Febelcem, R&D, nouvelles normes,… chacun a pu y trouver armature à son pied.
Ciment et béton sont omniprésents. Pour s’en convaincre, il suffit de constater que la production mondiale de ciment en 2016 s’est élevée à 4,65 milliards de tonnes, dont la moitié a été produite en Chine, où la consommation s’élève à 1.705 kg de ciment par habitant. La Belgique, avec une consommation de 6,25 millions de tonnes et 547 kg de ciment par habitant, est installée de longue date dans le top 5 européen, où la moyenne de consommation est de 307 kg par habitant.
On ne s’étonnera donc pas que le secteur de la construction pèse d’un poids non négligeable dans le Pib. En 2017, ce poids était de 8,9% du Pib moyen des Etats membres de l’UE et de près de 11% en Belgique. Mais on ne produit plus et ne construit plus aujourd’hui comme hier. Les enjeux environnementaux, notamment, sous-tendent toute activité. L’industrie cimentière n’est pas en reste et s’emploie à évoluer vers une société «zéro carbone» en 2050, confirme Eddy Fostier, président de Febelcem et DG de CCB.
Des engagements volontaristes
Dans son rapport annuel 2017, le secteur cimentier présentait d’ailleurs des résultats supérieurs aux engagements prévus à l’horizon 2020 vis-à-vis des Accords de branche de la Région wallonne. Si l’efficacité énergétique des fours a été particulièrement bien maîtrisée par les entreprises, différentes autres actions (mise en place de filtres à haute performance, installation de moteurs avec variateurs de fréquence,…) ont également contribué à la bonne marche des outils. La biomasse représente toujours une part importante des consommations énergétiques et la part des autres combustibles alternatifs augmente, réduisant du même coup celle des combustibles fossiles de 10% au cours des 10 dernières années.
Plus globalement, l’industrie cimentière s’engage à réduire les émissions, à valoriser les combustibles de substitution et les matières secondaires, à favoriser le recyclage des matériaux et à créer des emplois de proximité, la production étant, par essence, locale.
Nouveaux paradigmes
De plus, de 1900 à nos jours, la population mondiale est passée de 1,5 milliard à plus de 7,6 milliards d’êtres humains et devrait atteindre les 9,5 milliards d’individus en 2050. Voilà qui impliquera des changements d’habitudes et de comportements ainsi que de nouveaux paradigmes: stopper l’étalement urbain, construire des bâtiments quasi zéro énergie, produire des matériaux aux performances environnementales certifiées, développer l’économie circulaire, etc.
Le ciment et le béton se veulent parties prenantes de cette révolution et les équipes R&D ne chôment pas: machines à coffrages glissants, coffrages auto-grimpants, préfabrication robotisée, impressions 3D, BIM, béton bicouche avec couche fine pour les routes, béton coloré, prise et fluidité améliorées,… Le tout, couplé à une production locale, au recyclage du béton et à la réutilisation des structures existantes dans de nouvelles constructions, devrait permettre de construire plus vite et plus durablement pour demain, explique Eddy Fostier.
Selon Euroconstruct, les prévisions 2018-2020 seraient favorables aux travaux d’infrastructures avec environ 3,8% d’accroissement.
Des avis divergents
Par ailleurs, Febelcem a également chargé un bureau d’études extérieur d’une étude sur le marché belge du génie civil et des travaux routiers. Avec un focus sur le béton armé prêt à l’emploi, les revêtements routiers en béton, les pavés en béton et les tuyaux en béton. Elle s’est employée à analyser les cahiers des charges. Soit 7.881 projets (classe de travaux 4-8 pour la période 2011-2018) qui représentent 35% du nombre total de projets, mais un chiffre d’affaires de 7,55 milliards d’euros ou 8O% du total. Or, les résultats de cette étude ne cadrent pas avec les prévisions d’Euroconstruct, note André Jasienski, directeur de Febelcem. Selon Euroconstruct, les investissements dans les travaux de génie civil et les infrastructures ne représentent en Belgique que 16% des investissements totaux dans la construction, les bâtiments résidentiels couvrant 48% des dépenses et les bâtiments non résidentiels 36%. La moyenne européenne s’établit, quant à elle, à 20% des investissements dans les travaux d’infrastructures. La Belgique affiche donc toujours un retard malgré les efforts importants déployés par les Régions ces dernières années. Toujours selon Euroconstruct, les prévisions 2018-2020 seraient favorables aux travaux d’infrastructures avec environ 3,8% d’accroissement. Par contre, l’étude commanditée par Febelcem indique, elle, qu’en 2018, le nombre de projets et les montants consacrés aux travaux d’infrastructures sont en baisse par rapport à 2016 et 2017.
La même étude de marché indique que les investissements dans les revêtements en béton sont également en décroissance de 2012 à 2018, ce qui inquiète le secteur. Or, le béton est un matériau local, 100% recyclable et présente un excellent cycle de vie. De plus, contrairement à d’autres produits, les prix du ciment et du béton sont très stables, ce qui devrait inciter les pouvoirs publics à investir massivement dans ce type de revêtements routiers par exemple.