Batibouw 2019: trois thèmes dans l’air du temps
New Way of Living, Healthy Indoor Climate et Smart Building: trois thèmes qui jalonneront le parcours des visiteurs de Batibouw 2019. En filigrane, le confort de l’occupant et un habitat qui lui facilite la vie.
1. De nouveaux modes de vie
Le bâtiment Ducuroir, un exemple d’habitat partagé développé par citydev.brussels à Forest. (© citydev-Ducuroir Archi 2000 @Fred Raevens)
En choisissant le thème du «New way of Living», Batibouw tient compte de l’évolution du mode de vie, marquée par les problèmes de mobilité, la réduction des espaces, le coût de la vie en constante augmentation. La Belgique est un des rares pays où la majorité de la population vit encore à proximité de l’endroit où elle a grandi. Grâce aux distances relativement courtes, vivre à la campagne et travailler en ville reste possible. En théorie du moins, car c’est sans compter les problèmes de mobilité qui incitent de plus en plus de gens à se rapprocher de leur lieu de travail. Les objectifs climatiques des accords de Paris ou de développement durable des Nations Unies nous incitent également à revoir notre copie tandis que la croissance démographique change également la donne du logement.
En 2000, la Wallonie et Bruxelles comptaient respectivement 89.356 et 4.549 ha de zone résidentielle, contre 98.515 et 4.898 ha en 2017. Or, il s’agit de libérer de l’espace pour la nature. Les nouveaux lotissements sont à proscrire, non seulement parce qu’ils prennent beaucoup de place, mais aussi parce qu’ils coûtent cher en termes d’infrastructures. Le plan «Stop au béton» instauré par le Gouvernement wallon d’ici 2050, s’inscrit dans ce cadre, tout comme le «Beton stop» déjà d’application en Flandre.
Retour en ville
Une des conséquences de cette évolution se traduit par un net retour en ville ou vers les noyaux ruraux. Les promoteurs s’empressent d’ailleurs de surfer sur cette vague en construisant de petits immeubles résidentiels dans les villages et en réaménageant d’anciennes zones industrielles en nouveaux quartiers. La zone du canal à Bruxelles en est un bel exemple.
Le défi de ce genre de projets réside dans la transformation de terrains ou bâtiments dégradés en espaces de vie agréables, arborés, offrant calme, tranquillité et intimité. Quant aux architectes, ils doivent imaginer des habitations abordables et de qualité en zone urbaine capables de rivaliser avec les villas ou «fausses fermettes» rurales. Une des solutions réside dans l’habitat collectif où certaines fonctions et espaces sont partagés.
Dans ce contexte, on notera la brique dans le ventre du Belge se fait un peu moins digeste, surtout pour les jeunes qui accordent de moins en moins d’importance à la propriété. Conserver sa liberté et parcourir le monde sont davantage dans l’air du temps. Tout comme le marché des bureaux et ses espaces de travail partagés, le marché immobilier devra s’adapter à ces nouveaux besoins.
Nouvelles formes d’habitation
Certes, la maison unifamiliale classique et l’appartement restent des valeurs sûres, mais ces dernières années ont aussi vu l’apparition de diverses formes de logement partagé, comme les maisons de vie communautaire, la cohabitation ou les coopérations d’habitation. Les premières ont la cote auprès des étudiants et des jeunes adultes qui souhaitent vivre en ville temporairement, de façon abordable et plus sociale. Ils partagent un immeuble et leur espace privé se limite à une chambre et/ou une salle de bains. Cohabs à Bruxelles est un nouvel acteur qui propose une version luxueuse de ce concept.
Parallèlement, la cohabitation gagne, elle aussi, du terrain en ville et à la campagne. Les familles ou les «jeunes seniors» se rassemblent, vivent de façon autonome, mais partagent un jardin, une buanderie, un espace de détente,… Certes, la Chine n’est pas la Belgique, mais le projet Mini Living à Shanghai illustre cette tendance: tous les habitants ont un logement séparé, mais peuvent profiter de plus grands espaces lorsqu’ils reçoivent de la visite. Autre formule, la maison intergénérationnelle où un parent va vivre avec un de ses enfants, mais dans une partie séparée de l’habitat.
Community Land Trust
Le premier immeuble géré en community land trust à Bruxelles (Molenbeek). (© CLTB, CLT Mariemont - Marc Detiffe)
Restent les Community Land Trusts ou fonds d’investissement foncier communautaire qui vont encore plus loin. Ce modèle considère le sol comme un bien commun géré par la communauté pour son propre bien-être. Il se base sur 3 principes:
◊ la séparation du sol et du bâti. Le Clt acquiert, possède et gère des terrains dont il reste toujours propriétaire et y construit des logements qu’il vend à des particuliers. Comme la valeur du sol n’est plus prise en compte, le logement est moins cher;
◊ le maintien des biens accessibles aux revenus les plus bas. Lorsqu’un propriétaire souhaite vendre son bien, il doit le faire à un prix plafonné. Il pourra alors récupérer la totalité de ce qu’il a investi et environ 25% de la plus-value. Les 75% restants correspondent à la plus-value foncière et seront déduits du prix de revente du bien. Ce mécanisme, qui considère le sol comme un bien commun, permet d’éviter la spéculation immobilière et de rendre des logements de qualité accessibles aux faibles revenus d’une génération à l’autre;
◊ une gestion tripartite. Le conseil d’administration du Clt se compose des habitants, des représentants des pouvoirs publics et de la société civile. Les résidents ne sont plus seulement clients, mais aussi actionnaires.
Au-delà de ces mutations, une certitude demeure: l’immobilier reste un investissement de premier choix. Le succès et les produits exposés à Batibouw en feront une fois de plus la preuve.
2. Un climat intérieur sain
La qualité de l’air intérieur est devenue une préoccupation majeure des professionnels de la construction et, par voie de conséquence, des habitants. La montée en puissance de l’isolation suppose aussi une bonne ventilation. On peut distinguer deux grands principes. D'une part, le système C, dans lequel l'air extérieur entre naturellement par des grilles de fenêtres ou de murs. Dans ce cas, l'unité de ventilation assure uniquement l'évacuation de l'air pollué des pièces humides (toilettes et salles de bains). D'autre part, le système D, dans lequel l'air extérieur est également aspiré via l'unité de ventilation. Les deux systèmes ont leurs atouts spécifiques, mais doivent tout deux faire l’objet d’une maintenance rigoureuse. De nombreux installateurs proposent des contrats dans ce sens.
3. La construction intelligente
Au chapitre du smart building, 3e thème du salon, deux tendances sont mises en lumière: l’imparable avancée de l’économie circulaire qui concerne, d’une part, la percée des innovations techniques qui facilitent la vie sur chantier et dont bénéficie le maître d’ouvrage, d’autre part.
En résumé, l’économie circulaire consiste à exploiter des ressources de manière intelligente afin de pouvoir les utiliser indéfiniment en boucle. Par exemple, il convient de faciliter le démantèlement des maisons construites aujourd’hui ou dans 80 ou 100 ans afin de réutiliser les pièces ou de les recycler avec un haut niveau de qualité. Il faut donc pouvoir disposer de matériaux ayant une longue durée de vie ou écologiques qui peuvent retourner à l’état naturel en fin de vie.
Ce principe suppose évidemment de nouvelles techniques de construction. Par exemple, aujourd’hui, nous utilisons largement des adhésifs, des mastics et du ciment pour relier les éléments entre eux. A l’avenir, d’autres techniques de fixation, telles que les vis et les clics notamment, seront plus courantes pour pouvoir désassembler les composants en parfait état. Une exposition et un séminaire intitulé Circular Building permettra aux visiteurs de se familiariser avec la construction circulaire.
L’utilisation des matériaux durables s’inscrivent dans cette même logique. Les Régions ont lancé l’an dernier à Batibouw un outil permettant de calculer l’impact environnemental d’un bâtiment ou d’une maison en fonction du choix des matériaux. L’outil est consultable sur le site www.totem-building.be, mais consulter son architecte reste la démarche la plus pertinente. Toutes sortes de matériaux bio tels que le lin, le chanvre, le liège ou le bambou seront à découvrir à Batibouw. A noter que cette durabilité peut aussi concerner les matériaux pour les constructions traditionnelles, par exemple, en raison de leur processus de production local ou éco-énergétique. Divers labels comme Natureplus ou FSC par exemple en attestent.
Bâtiment digital
Entre matériaux durables et construction circulaire, la vie sur chantier intègre également de nombreuses techniques innovantes comme l’impression 3D, la réalité virtuelle et augmentée, le BIM,…
L’utilisation des drones offre également de nombreuses possibilités, notamment pour assurer la sécurité, réaliser des analyses thermographiques, inspecter des toits, etc.
Tous ces éléments font que le travail manuel, lourd et poussiéreux régresse. Les métiers de la construction se font plus attrayants.
On pourra s’en rendre compte lors du Job Day de Batibouw (26 février) au cours duquel les exposants présenteront leurs postes vacants. Plusieurs démonstrations rendront les innovations plus tangibles et un espace particulier sera consacré aux start-ups construction dans le Palais 5 de Brussels Expo.
Informations pratiques Brussels Expo
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L’afflux de milliers de visiteurs à cette 60e édition de Batibouw est réjouissant pour le secteur de la construction, mais l’est nettement moins pour la mobilité vers et sur le site de Brussels Expo. La litanie des bouchons, parkings engorgés et files interminables sur le Ring jettent une solide ombre au tableau. Dès lors, les organisateurs insistent sur le recours aux transports en commun. D’autant que le site du Heysel est largement et efficacement desservi par ces derniers et que des formules de tickets combinés (train-métro- entrée au salon) existent à un prix intéressant comparé à la voiture (https://www.batibouw.com/fr/informations-pratiques/plan-dacces et https://www.belgiantrain.be/fr/leisure/b-excursions/events/batibouw/). Mieux encore, la nouvelle application Joyn Joyn agit comme un véritable assistant de mobilité. Elle est gratuite et reprend toutes les solutions de mobilité de Bruxelles comme la voiture partagée, les vélos partagés, le train, le tram, le bus, le métro, les taxis, les trottinettes électriques, etc. L’app est disponible sur le Play Store ou l’Apple Store ou via le site http://joynjoyn.com/. |