Y a-t-il une vie professionnelle après 55 ans?

En outre, des indicateurs généraux comme le taux d'activité dissimulent des évolutions fortement différenciées selon les types de carrières.

Pour répondre au besoin permanent d'informations détaillées sur les carrières des travailleurs âgés, une note du SPF-Emploi se penche sur l'évolution de la situation des travailleurs âgés sur le marché du travail entre 2004 et 2016, principalement sur la base de données issues du Datawarehouse de la Banque Carrefour de la Sécurité Sociale.

Dans les secteurs où, proportionnellement, plus de personnes restent au travail après 65 ans, on trouve quelques métiers pourtant physiquement lourds comme la construction… (© Annie Gray)

Il apparaît, premièrement, que si la durée de vie continue à augmenter, la durée de la carrière reste, quant à elle, assez stable. «Il convient toutefois de noter plusieurs évolutions plus encourageantes. L'âge de sortie du marché du travail affiche une tendance à la hausse pendant la période analysée. Par ailleurs, en ce qui concerne les taux d'emploi et d'activité, nous observons que les plus de 55 ans réalisent un mouvement de rattrapage permanent par rapport aux groupes plus jeunes, même si le fossé (surtout après 60 ans) reste très important», souligne le SPF-Emploi. Depuis 2011, le taux de chômage pour les 50-54 ans est même inférieur à la moyenne belge. Il augmente toutefois pour les plus de 55 ans – essentiellement la tranche des 55-59 ans, entre autres, en raison du durcissement des conditions pour la prépension et le RCC (régime de chômage avec complément d'entreprise). A noter que l'augmentation du taux de chômage pour les plus de 55 ans est surtout imputable aux hommes.

Les plus de 55 ans sans emploi ne sont pas prêts d’en retrouver un

Il apparaît toutefois que les tendances positives précitées concernent principalement les personnes déjà au travail. Les personnes de 55 ans et plus qui cherchent à nouveau du travail après une période de chômage ou d'inactivité sont bien obligées de constater qu'il n'existe pas de marché pour elles. Ceci ressort notamment des données relatives au taux de recrutement, au pourcentage de reprise du travail après une période d'inactivité ou de chômage, à la sortie vers l'incapacité de travail et au ratio de mobilité professionnelle. Sur tous ces points, les plus de 55 ans font moins bien que les plus jeunes.

Autre observation, après 55 ans les travailleurs prennent rarement part à une formation. Avec comme conséquence que les personnes âgées actives deviennent toujours moins employables sur le marché du travail et qu'elles voient donc se réduire leurs chances de changer de travail ou de travailler à nouveau. Toutefois, les chiffres n'indiquent pas si ce sont les plus de 55 ans eux-mêmes qui sont moins demandeurs de formations ou s'ils reçoivent moins d'offres.

Pas de retraite pour les indépendants du secteur de la construction

La note du SPF-Emploi dévoile aussi de grandes différences entre secteurs et statuts en ce qui concerne la sortie de la carrière active. Entre 2004 et 2016, les parts de personnes quittant la vie active tôt sont les plus élevées dans les secteurs du transport, de la poste, des télécommunications, des administrations publiques et, dans une moindre mesure, de l'enseignement. Dans les secteurs où, proportionnellement, moins de personnes prennent leur pension tôt et plus de personnes restent au travail après 65 ans, on trouve bien sûr différents secteurs créatifs (comme les éditions, les architectes, le spectacle, la publicité), mais aussi, et c'est plus étonnant, quelques métiers pourtant physiquement lourds dont l’agriculture… et la construction. «Ce sont des secteurs où sont occupés de nombreux indépendants et les chiffres montrent clairement que ce groupe reste souvent bien plus longtemps au travail que les autres types d'actifs. En outre, les indépendants combinent aussi plus souvent travail et pension.»

Ne pas se contenter de prolonger la carrière de ceux qui ont la chance d’en avoir une

Si le SPF-Emploi considère que les mesures politiques prises ces 10 dernières années ont eu une influence positive sur la participation des plus âgés au marché du travail, des actions supplémentaires sont néanmoins toujours nécessaires. «A cet égard, il importe de ne pas se focaliser uniquement sur la fin de carrière (autrement dit ne pas seulement allonger la carrière des personnes qui ont un emploi) mais bien sur l'ensemble de la carrière (c’est-à-dire augmenter la participation de tous les travailleurs durant la totalité de leur carrière, en ciblant prioritairement les femmes et les personnes à qualifications réduites). Et il est tout aussi important de miser sur la formation tout au long de la vie pour garantir une employabilité continue des personnes.»