La CCW en campagne pour attirer les jeunes
Ne dites plus pénurie de main-d’œuvre dans la construction, mais opportunités de carrière. Le message lancé par la CCW aux jeunes via les réseaux sociaux se veut positif et attrayant afin de démontrer que les métiers de la construction sont épanouissants, concrets, variés, ouverts aux nouvelles technologies et offrent de belles perspectives de carrière ainsi qu’un salaire très attractif. Rien de moins!
La CCW monte en ligne et s’adresse aux jeunes de 15 à 25 ans via une vaste campagne de valorisation de l’image des métiers de la construction. Elle bénéficie de l’appui du ministre wallon de l'Economie, de l'Emploi et de la Formation, Pierre-Yves Jeholet, et fédère les acteurs concernés par cette problématique: Worldskills Belgium, les fonds sectoriels Constructiv, Volta et Cefora, le Forem et l’Ifapme.
5.000 postes non pourvus
Dans la foulée de la bonne conjoncture, l’emploi salarié wallon en construction poursuit sa progression avec une hausse de 1.500 emplois de 2016 à 2018. De plus, les carnets de commandes ne sont pas en reste, soutenus tant par l’activité privée que par les commandes publiques, et l’optimisme reste de mise. En effet, le Plan Infrastructures (routes et voies hydrauliques) bat son plein et a été confirmé jusqu’en 2024 tandis que le Plan wallon d’investissements stratégiques (Pwis)) injectera 5 milliards d’euros de 2019 à 2024 dans l’économie régionale, dont 70% via des projets de construction. Ce qui générera des milliers d’emplois, précise Francis Carnoy, DG de la CCW.
De son côté, le Bureau du Plan estime les besoins à 6.000 travailleurs supplémentaires dans la construction wallonne d’ici 2024, chiffre qui pourrait être dépassé en cas d’accélération de la rénovation énergétique du bâti.
En toute logique, la hausse de l’activité s’accompagne d’une demande croissante de main-d’œuvre qualifiée par les entreprises. Et ce, alors que beaucoup de métiers du secteur sont déjà en situation critique. A ce jour, près de 5.000 postes ne sont pas pourvus dans la construction wallonne, soit un taux record de 8% d’emplois vacants, voire 10% dans certains segments comme les grands travaux.
Forem
Pour affiner les besoins en main-d’œuvre qualifiée, la CCW mène une enquête auprès de ses affiliés, dont les premières indications confirment une forte demande dans les métiers suivants: couvreur, voiriste, conducteur d’engins de chantier, sani-chauffagiste, électricien, maçon, menuisier, chef de chantier, métreur-deviseur,… Ces résultats devraient permettre au Forem d’ajuster son offre de formation aux demandes sectorielles. C’est pourquoi la CCW demande aussi à ses affiliés de publier leurs offres d’emploi via les canaux du Forem, seuls 30% des emplois passant actuellement par ce canal.
Par ailleurs, elle rappelle les trois mesures anti-pénuries du ministre Jeholet (coup de poing pénuries, incitant+ et nouveau PFI) et demande au Forem de renforcer le processus de screening des demandeurs d’emploi afin de former davantage de candidats vers les métiers porteurs.
Mais il faut aussi travailler sur l’attractivité du secteur auprès des jeunes. Plusieurs actions existent déjà (Startech’days, EuroSkills/WorldSkills, Building Heroes, Journée Chantiers Ouverts, etc.), mais c’est manifestement insuffisant, réagit Francis Carnoy. En effet, les filières de formation vers ces métiers sont désertées par les jeunes et les demandeurs d’emploi et l’alternance a subi un recul de 27% des inscriptions dans les filières construction entre 2011 et 2018, selon les chiffres de l’Ifapme.
D’où cette campagne axée sur les jeunes avec leurs modes de communication (réseaux sociaux) en synergie avec Worldskills Belgium, les fonds sectoriels Constructiv, Volta, Cefora, ainsi que les opérateurs de formation. Cette campagne présente les nombreux avantages et évolutions des métiers concernés pour amener les jeunes vers un portail virtuel (www.jeconstruismonavenir.be) qui les orientera de façon personnalisée, soit vers un emploi, soit vers une formation.
Luc Mohymont, président CCW, rappelle que les métiers de la construction sont épanouissants, concrets, conviviaux, variés, ouverts aux nouvelles technologies (BIM,…) et offrent de belles perspectives de carrière ainsi qu’un salaire attractif. «Le secteur est un gros pourvoyeur d’emplois. La demande de main-d’œuvre qualifiée ne cesse de progresser et offre de belles perspectives aux jeunes désirant intégrer ces filières». Et M. Mohymont sait de quoi il parle, son entreprise de menuiserie faisant régulièrement appel aux apprentis qui, à quelque 80%, trouvent un emploi à l’issue de leur formation. Et de constater un renversement de tendance: alors qu’il y a 10 ans, les jeunes des filières construction étaient demandeurs d’apprentissage, les entreprises semblaient moins convaincues. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Reste à trouver un équilibre et à séduire les jeunes.