A partir d’un panel de 223 dirigeants, Kpmg a identifié trois catégories d’acteurs.
◊ Les leaders innovants
Ceux-ci sont passés de la réflexion stratégique à l’exécution en matière d’innovation. Ils sont convaincus qu’il s’agit de l’unique chemin pour continuer à se développer et assurer leur pérennité. Cette catégorie représente 20% des dirigeants sondés.
◊ Les suiveurs
Davantage sceptiques sur la vitesse d’adoption des nouvelles technologies, ils sont de ce fait moins enclins à investir massivement dans ce domaine. Ces dirigeants s’engagent donc dans l’innovation avec une prudence de Sioux, le ROI (retour sur investissement) demeurant leur principal critère afin de limiter les risques liés aux projets qu’ils développent. Il s’agit clairement de la catégorie la plus représentée: 60% des dirigeants.
◊ Les décrochés ou retardataires
Toujours à la recherche d’un modèle viable d’innovation pour leur organisation, ils devront se lancer dans les années à venir dans une véritable course à l’innovation afin de rester compétitifs sur le marché. Selon Kpmg, 20% des dirigeants émargent à cette catégorie.
Sans surprise, les entreprise qui investissent massivement dans la digitalisation ont un avantage indéniable pour attirer les Millenials et la Génération Z. (© Peri)
L’innovation pour des projets de qualité et livrés dans les temps
Les résultats de l’enquête montrent qu’il y a un lien fort entre innovation et maitrise des projets complexes conduits par les répondants. «Les leaders innovants sont ceux, par exemple, qui disposent d’un système intégré de gestion de projets ou encore qui estiment que leur processus en la matière sont bons, voire excellents. Conséquence: deux sur trois livrent la quasi-majorité (90%) de leurs projets dans les délais.» A contrario, les retardataires, qui utilisent des outils de gestion hétérogènes et non communicants, «pensent – à raison – que leurs méthodes de construction et de gestion sont perfectibles, ce qui explique qu’aucun ne soit capable de livrer les projets dans les temps impartis.» Il en va de même pour les suiveurs qui, en raison d’un faible taux d’adoption des nouvelles technologies, sont seulement 14% à livrer dans le délai prévu.
Des innovations, d’accord, mais lesquelles?
La photographie des technologies adoptées par les leaders de l’innovation réserve finalement assez peu de surprises: le BIM arrive en tête, fruit d’une démarche initiée il y a presque 10 ans maintenant pour 86% des entreprises sondées. A un degré moindre, l’utilisation de drones pour la construction et le génie civil est également souvent mentionnée (72%). «Le Data & Analytics simple commence également à se développer et il est fort à parier que le développement de l’IA et du machine learning va amplifier cette tendance. Toutefois, à ce stade, les répondants sont toujours un peu perplexes quant au potentiel de ces deux innovations: seuls 52% des leaders disent les voir jouer un rôle important dans un horizon de 5 ans.» A l’opposé, l’impression 3D paraît, quant à elle, très loin de se généraliser (28%), mais cela est vraisemblablement dû aux cas d’usage encore limités et peut-être aussi à l’interrogation des clients sur la pertinence de cette technologie par rapport aux techniques plus classiques de construction.
Les talents au cœur des stratégies d’innovation
La guerre des talents est clairement d’actualité dans l’industrie de la construction et ce, tant du côté des donneurs d’ordres que des entreprises. «L’enjeu de l’attractivité et de la rétention des profils à hauts potentiels est au centre de toutes les stratégies de développement. Agilité face au monde digital, qualification en matière d’ingénierie et capacité managériale sont les trois caractéristiques les plus recherchées par les acteurs du secteur.» Sans surprise, les leaders innovants ont un avantage indéniable pour attirer les Millenials et la Génération Z (née dans les années 1990 et au-delà) qui désirent avant tout évoluer dans une organisation dotée de moyens de communication et de management très innovants tels que la possibilité de pouvoir travailler n’importe où, n’importe quand. Plus de liberté et plus de flexibilité grâce aux nouvelles technologies, voilà ce qu’attendent les futurs collaborateurs du secteur de la construction. «D’ailleurs, ces leaders innovants ne s’y trompent pas puisqu’ils placent «l’humain» comme étant un des deux défis majeurs à relever dans les prochaines années alors que les autres répondants le classent à la 5e place.»
La vision 4.0 du secteur
Plus des 2/3 des leaders innovants interrogés sont persuadés que les nouvelles technologies vont favoriser l’arrivée de nouveaux venus sur le marché de la construction et des infrastructures. Ces derniers auront, selon eux, 4 caractéristiques:
• leurs offres seront centrées sur une expérience client différenciée grâce à l’usage des données;
• l’agilité des techniques de construction qu’ils utiliseront leur permettra de produire de manière performante un service à la demande;
• leurs actifs seront adaptables en fonction de l’évolution de leur environnement et ce, grâce à l’instauration d’alliances avec d’autres acteurs et à leur mise en réseau;
• les profils de leurs talents seront profondément modifiés par l’automatisation des travaux peu complexes et très risqués. Ils piloteront la migration d’une main-d’œuvre manuelle vers une main-d’œuvre digitale.