Caterpillar: tant que l’Europe jouera les pompiers plutôt que d’éviter que le feu ne se propage…
La Commission européenne a confirmé avoir reçu une demande d'aide financière de la part de la Belgique au titre du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation (FEM). La demande concerne 2.585 travailleurs licenciés par Caterpillar et par ses sous-traitants, en ce compris 300 jeunes sans emploi et ne participant ni à l'éducation ni à la formation (qu’on réduit désormais sous la formule NEET: «Not in Education, Employment or Training» - ni étudiant, ni employé, ni stagiaire).
Par la voix de Marianne Thyssen, la Commissaire belge pour l'Emploi, les Affaires sociales, les Compétences et la Mobilité des Travailleurs, la Commission a fait savoir que l'Europe ne resterait pas sur le côté. «La Commission est prête à aider directement les travailleurs concernés via le Fonds européen d'Ajustement à la Mondialisation. Il y a des règles claires et objectives à suivre. Maintenant que la demande officielle est là, nous allons l'analyser dans les meilleurs délais.»
Task force
Dès l'annonce de la fermeture de l'usine de Gosselies, en septembre 2016, la Commission européenne avait prêté son aide aux autorités wallonnes, en mettant en place une task force conjointe. La Commission, les autorités wallonnes et les partenaires sociaux ont discuté les diverses pistes à suivre au sein de cette structure, et ont travaillé en étroite collaboration pour préparer les prochaines étapes, y compris la mobilisation du Fonds européen d'ajustement à la mondialisation pour soutenir la réorientation et la formation des travailleurs licenciés.
Le but de cette task force est d'analyser comment aborder les différentes questions qui peuvent apparaître à court terme et d'aider à mobiliser au mieux les fonds européens au soutien des travailleurs licenciés et du processus de reconversion de la région et du site.
12 appels à la solidarité européenne en 6 ans
Ce n’est malheureusement pas la première fois que l’Europe est sollicitée pour apporter son soutien à la Belgique dans le cadre de licenciements massifs. Entre 2009 et 2015, la Commission a ainsi reçu et approuvé douze demandes made in Belgium pour un soutien financier du FEM! Celles-ci concernent 14.552 travailleurs de plusieurs entreprises (Carsid, Arcelor, Ford Genk, Caterpillar, etc.) pour un montant total de près de 35 millions d’euros. Une intervention financière qui a permis la réintégration au marché du travail d’environ 56% de travailleurs.
Quand la mondialisation prend d’un côté ce qu’elle donne de l’autre
La libéralisation des échanges avec le reste du monde, si elle a des effets globalement positifs sur la croissance et l’emploi, peut aussi provoquer des pertes d’emplois, en particulier dans des secteurs vulnérables et parmi les travailleurs peu qualifiés. C’est la raison pour laquelle a été créé ce Fonds destiné à aider ceux qui doivent s’adapter aux conséquences de la mondialisation.
Depuis sa création en 2007, le FEM a reçu 156 demandes d’intervention des états membres, ce qui représente 626 millions d’euros d’aide à destination de 148,000 travailleurs et 3.000 jeunes sans emploi, sortis du système scolaire et sans formation.
Ce Fonds, qui se veut une expression de la solidarité de l’Union, est maintenu pour la période 2014-2020 et son champ d’intervention a été élargi de manière à englober les travailleurs licenciés en raison de la crise économique, les travailleurs ayant un contrat à durée déterminée et les travailleurs indépendants.
C’est évidemment mieux que rien, mais on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux plancher sur des mécanismes de régulation économique par les instances politiques européennes, plutôt que d’intervenir en pompier pour panser les plaies de la mondialisation a posteriori…