Kyotec Group donne une autre dimension aux façades
En l’espace de dix ans, le groupe Kyotec s’est forgé une réputation de premier plan dans le segment hautement technologique des façades architecturales. Son expertise lui a valu d’être choisi pour la réalisation de nombreux grands projets non résidentiels qui ont défrayé la chronique architecturale en Belgique et ailleurs.
Avant de fonder Kyotec en 2008, Thierry Foucart a pris le temps de parfaire ses gammes dans le domaine des façades à haute valeur ajoutée. Ingénieur commercial diplômé de l’Ichec, il rejoint, dès la fin de ses études en 1984, une société active dans le secteur des verrières. Il y entre comme «simple commercial» et en sort, cinq ans plus tard, en tant que directeur commercial. Après une expérience de quelques mois dans une entreprise spécialisée dans les cloisons métalliques, il trouve chaussure à son pied chez Permasteelisa, une entreprise italienne d'ingénierie, de gestion de projets, de fabrication et d'installation d'enveloppes architecturales et de systèmes intérieurs, qui figure parmi les leaders européens de ce marché très spécifique. Thierry Foucart y restera 18 ans, le temps de développer les activités de la société en Belgique et au Luxembourg, mais aussi à l’international (Pologne, Espagne, Angleterre, Asie,…), ce qui lui permet de se doter d’un joli carnet d’adresses.
En 2007, Thierry Foucart décide de quitter Permasteelisa et, l’année suivante, il crée sa propre entreprise: Kyotec (contraction de Kyoto Technology), une société holding basée au Luxembourg avec une antenne en Belgique.
Un petit qui voit grand
A peine la création du holding actée, ce dernier acquiert Belgo Metal. Cette société créée en 1966 a longtemps été un acteur clé sur les marchés belge et français des murs-rideaux avant d’être reprise, en 1996, par Permasteelisa où travaille un certain Thierry Foucart. Celui-ci est nommé directeur général de la nouvelle filiale. Il peut alors se rendre compte de la formidable expertise de cette entreprise et de l’extrême compétence de ses collaborateurs, et rachète Belgo Metal à Permasteelisa. Dans la foulée, Kyotec acquiert CTF, une unité de production à Ath, et développe ses activités en Belgique, au Luxembourg, en France, en Pologne, en Italie et à Hong Kong. L’ambition est de faire de Kyotec Group le leader européen du marché. Et l’entreprise n’est pas loin de parvenir à ses fins. «En 2014, nous réalisions un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros, ce qui est tout bonnement extraordinaire pour une société de taille relativement réduite, confrontée à des acteurs autrement plus importants», explique Thierry Foucart. Malheureusement, la même année, Bouygues, actionnaire du holding, quitte le navire, ce qui oblige Kyotec à revoir ses ambitions à la baisse. Du moins sur le plan comptable. «Nous avons redémarré à plus petite échelle en nous spécialisant dans des chantiers complexes et très spécifiques où nous pouvions apporter aux architectes des solutions sur mesure et une véritable valeur ajoutée technologique. Aujourd’hui, notre chiffre d’affaires culmine à 40 millions d’euros et nous ambitionnons d’atteindre les 60 millions d’ici 2022, ce qui, vu notre type d’activité, constituerait un optimum.»
Infinity est la première tour résidentielle de grande hauteur au Luxembourg. Elle déploie 24.400 m² de façades vitrées destinées à jouer avec les reflets de la ville. (Architecte: Arquitectonica/© Ivan Dupont)
Au plus c’est compliqué, au mieux c’est
La société va rapidement pouvoir faire la preuve de son savoir-faire avec le projet de la Morpheus Hotel Tower à Macao, dessinée par l’architecte Zaha Hadid. La filiale Kyotec Hong Kong – créée pour l’occasion – décroche en 2015 deux des quatre lots: la partie centrale et les habillages. Cette façade spectaculaire toute de verre et d’acier constitue aujourd’hui un des fleurons artistiques de la ville. Si cette réalisation est une véritable œuvre d’art, il s’agit également d’un véritable tour de force en matière de conception. Le projet dans son ensemble comporte près de 60.000 m2 de façade. «Chaque vitrage, chaque tôle sont différents et chacun d’entre eux comprend des dizaines de composants uniques. On compte, au total, plusieurs millions de pièces!»
Si Kyotec Group peut se prévaloir de très nombreuses et très prestigieuses références (le Manhattan Loft Garden à Londres, l’aéroport international de Zagreb, la Maison du Savoir à Esch-sur-Alzette, le Zlotta 44 à Varsovie, la Philarmonique de Paris, la Tour Oxygène à Lyon, la Torre Agbar à Barcelone, la CMA-CGM Tower à Marseille, Infinity à Luxembourg, etc.), l’une de celles dont Thierry Foucart est le plus fier est la tour Möbius réalisée pour le compte d’Immobel à Bruxelles. Situé le long de l'axe principal du Quartier Nord, ce projet dessiné par le bureau Assar comprend deux tours jumelles qui se développent sur 62.000 m². Les techniques utilisées pour les façades sont les murs-rideaux à peau simple pour les surfaces planes principales, les murs-rideaux à double peau pour les surfaces courbes, les murs-rideaux en bâton au niveau du sol et l'écran pare-pluie en aluminium pour la verrière. Un travail d’orfèvre, là encore, remporté par Kyotec au terme d’un concours d’idées sur la manière de rendre le bâtiment le plus esthétique possible. Le projet remis par Kyotec a séduit les architectes et lui a valu de décrocher le projet au nez et à la barbe de quelques groupes autrement plus importants.
Le projet de la tour Möbius à Bruxelles a été remporté par Kyotec au terme d’un concours d’idées sur la manière de rendre le bâtiment le plus esthétique possible. (Assar Architects/© Ivan Dupont)
Une réputation qui parle pour l’entreprise
Preuve de la réputation de l’entreprise, elle n’a plus besoin de démarcher. «Une demi-personne s’occupe de l’aspect marketing; désormais on nous connaît et on nous appelle en direct pour nous confier des projets parce que les architectes et promoteurs savent qu’on a les moyens de les mener à bien quel que soit leur degré de complexité.» Pourtant, comparativement à d’autres acteurs du secteur, Kyotec fonctionne avec une équipe réduite: 130 collaborateurs (dont environ 80 ingénieurs et techniciens répartis entre le Luxembourg, la Pologne et la Belgique où se trouvent les bureaux d’études du groupe). Toutes les études sont assurées en interne, aucun aspect n’est sous-traité. Il en va autrement de la production. Si Kyotec possédait auparavant deux usines à Wetteren (Belgo Metal) et Ath (CTF), cette situation n’était plus tenable financièrement, l’écart salarial étant trop important. «Ce n’est de toute façon pas dans ce domaine que nous apportons une plus-value. C’est pourquoi aujourd’hui nous sous-traitons la production en Pologne et au Portugal mais selon nos spécifications et nous nous chargeons nous-mêmes du contrôle qualité. Il en va de même pour le placement que nous laissons aux entreprises contractantes mais en les gérant étroitement.»
Et pour parfaire ce tableau d’excellence, Kyotec Group a inauguré l’année dernière son nouveau siège de Bissen au Luxembourg, lequel abrite depuis peu un laboratoire de recherches et un centre de mesure de performances indépendant (LuxLab) parmi les plus performants d’Europe.