Chantier de rénovation lourde exemplaire à La Louvière: 94 logements publics font peau neuve
Le 7 juin 2019, Centr’Habitat, la société de logement de service public (Slsp) active dans la Région du Centre, inaugurait en grande pompe la fin d’un chantier de rénovation lourde portant sur deux immeubles pour un total de 94 logements publics.
«Je suis impressionné par la performance organisationnelle qui a prévalu pendant toute la durée des travaux», a déclaré Jacques Gobert, bourgmestre de La Louvière, à propos de ce chantier véritablement exemplaire qui, une fois n’est pas coutume, a valu à l’entreprise de construction et au bureau d’architecture les félicitations enthousiastes du maître d’ouvrage public… et des locataires venus en nombre assister à l’inauguration. «Car pour mener à bien des projets de cette ampleur, il faut pouvoir se reposer sur des partenaires de qualité» a renchéri Olivier Dechenne, directeur-gérant de Centr’Habitat. Celui-ci a tenu à mettre en exergue le travail collaboratif, souple et créatif des différentes équipes à la manoeuvre: «ce chantier ne se distinguait pas tant par son aspect technique que par les véritables prouesses en termes d’organisation que représente le fait de devoir travailler en site occupé. Nous avions la volonté de déranger le moins possible les habitants qui n’ont d’ailleurs pas dû quitter leur logement durant les travaux. Une tripartite très étroite et efficace s’est instaurée dès le départ entre nos services techniques et sociaux, le bureau d’architecture Thema de Nivelles et l’entrepreneur Lixon de Charleroi. Cette synergie bien huilée a permis d’accompagner, aider et informer les locataires avant et pendant les travaux. En rythme de croisière, 2 appartements étaient ainsi rénovés sur 3 jours, rendez-vous compte!».
Alors que la plupart des appartements des deux immeubles étaient occupés, il a fallu rénover entièrement l’enveloppe des bâtiments et assurer partiellement la rénovation intérieure. (© Thema)
Pendant les travaux, la vie continue…
Le chantier n’était effectivement pas des plus simples: alors que la plupart des appartements des deux immeubles étaient occupés, il a fallu rénover entièrement l’enveloppe des bâtiments et assurer partiellement la rénovation intérieure.
Les toitures plates ont ainsi été isolées et étanchées (12 cm PUR + 6 cm de murs acrotères de pignon pour éviter les ponts thermiques). A l’avant et à l’arrière, les façades de cet immeuble de sept étages ont été entièrement démontées et remplacées par des caissons préfabriqués en ossature bois isolés avec 15 cm de laine de roche (λ=0,035 W/mK) et un revêtement extérieur de 6 cm de crépi sur-isolant EPS (0,032 W/mK) avec bien sûr la mise en œuvre d’un enduit de façade et une finition intérieure. Le revêtement des façades latérales a également été démonté et, à la place, a été posé un matelas rigide en laine minérale revêtu sur une face d'un voile de verre noir de 16 cm d’épaisseur (λ=0,032 W/mK) sur lequel est venu se greffer le revêtement en panneaux de fibres-ciment blanc et noir. Enfin, comme le béton des balcons commençait à se dégrader, ils ont été totalement restaurés.
A l’avant et à l’arrière, les façades de cet immeuble de sept étages ont été entièrement démontées. Idem pour le revêtement des façades latérales. (© Thema)
«Par ailleurs, conformément aux exigences du maître d’ouvrage, la sécurité des occupants des 2 immeubles a également fait l’objet d’une attention toute particulière, qu’il s’agisse des accès ou de la protection incendie» souligne Tony Pourbet, architecte-gérant du bureau Thema. «Chaque appartement est équipé d’une porte résistante au feu, l’escalier d’évacuation est compartimenté et une 2ème sortie de secours a été créée en pignon vers l’extérieur. Les gaines techniques sont également résistantes au feu et une ventilation haute est prévue partout, du sous-sol jusqu’en toiture. En outre, de nouvelles portes d’entrée hyper résistantes et pourvues de parlophones dernier cri ont remplacé les anciennes. Un système d’accès via système de badging est installé, ce qui permet même une ouverture de porte à distance via smartphone.»
Un win-win (presque) parfait
Les 125 locataires résidant dans les immeubles gagnent sur 3 tableaux: ils pourront bénéficier d’une qualité de vie améliorée, d’un confort thermique accru et d’une facture de chauffage fortement réduite. «L’investissement est trop récent pour tirer des conclusions, mais une diminution globale de la consommation de gaz de plus de 30% a été observée pour les 4 premiers mois de 2019 par rapport à la même période de 2018. Compte tenu des variations climatiques et du taux d’occupation du bâtiment, c’est une première indication positive» explique Olivier Dechenne.
De leur côté, les pouvoirs publics ont pu répondre – du moins partiellement – à ce besoin fondamental qu’est le droit au logement; un besoin inscrit dans la Constitution mais qui n’est encore que trop rarement satisfait comme le rappelait Bénédicte Poll, bourgmestre de Seneffe et présidente du Comité permanent des sociétés de logement de service public, en février dernier, au moment de la parution du Mémorandum Logement: «nos 64 Slsp wallonnes gèrent plus de 100.000 logements d’utilité publique, soit 23% du parc locatif wallon. Elles offrent un logement à près de 220.000 Wallons pour un loyer moyen de 264 euros par mois. Avec des moyens dramatiquement insuffisants, elles accomplissent des miracles au quotidien. Mais en dépit de leurs efforts de tous les instants, les besoins de logements restent colossaux, certainement au regard du défi démographique des prochaines années: près de 40.000 ménages sont encore candidats-locataires à un logement d’utilité publique, soit environ 90.000 Wallons!».
A cet égard, il est à noter que, en complément aux 94 logements sociaux, 10 appartements inoccupés ont fait l’objet d’une rénovation sur fonds propres et seront loués sous le label «loyer d’équilibre» (donc plus élevé qu’un loyer social), ce qui va permettre de générer une recette annuelle complémentaire. «Car l’investissement pour ces travaux est considérable: plus de 4 millions d’euros ttc. Et même s’il est couvert à 75% par des subventions régionales, l’opération est déficitaire, la méthode de calcul du loyer ne permettant quasi aucun retour sur investissement» explique Olivier Dechenne.