Vols sur chantier: tout y passe
Comme si la crise et le manque d’investissements publics ne suffisaient pas à rendre la vie des entreprises de construction suffisamment pénible, il leur fait encore composer avec les vols sur chantier. Une vraie plaie.
On en dénombre chaque jour en Belgique, qu’il s’agisse de petit outillage, de matériaux de construction, voire de matériels lourds.
Il y a peu de statistiques sur le sujet – les entreprises de constructions restent visiblement fort discrètes – ni de chiffres qui permettraient de mesurer l’étendue du préjudice financier. C’est pourtant le cas en France où le coût des vols et autres actes délictueux sur les chantiers est globalement évalué par la Fédération française du Bâtiment au minimum à 1% du chiffre d’affaires du secteur, soit plus d'un milliard d'euros!
Chez nous, rien de tel. Il faut pêcher les estimations – quand elles existent – au niveau local et les additionner…
Mohamed Ouriaghli, Echevin en charge du Logement à la Ville de Bruxelles, lui a été très clair. A l’en croire, 11 vols de matériel de chantier seraient répertoriés quotidiennement. Des vols qui se produisent essentiellement pendant les périodes de congé... Autant dire que nous sommes dans l’œil du cyclone.
Et au rayon butin, tout y passe: petit outillage à main, matériel électrique, échelle (une denrée très appréciée) et même les feux tricolores...
Des pratiques qui sont à ce point répandues qu'elles en viennent à impacter les prix remis par les entrepreneurs à leurs clients. De fait, le montant global de ces vols est tout sauf dérisoire puisqu'il est évalué à 80 millions d'euro par an, soit le coût approximatif pour la construction de 400 logements...
La Régie du bâtiment de la Ville en a elle-même fait les frais: deux de ses sites de logements terminés ont été saccagés et le matériel électro-ménager y a été partiellement ou totalement dérobé.
Les chantiers de construction victimes collatérales de la hausse des prix du cuivre
Ceci étant, il semble que les choses s’améliorent quelque peu. Chez nous, à l’échelle nationale, la police fédérale rapportait 3.764 plaintes pour vol sur chantier en 2014 (dernières statistiques disponibles), ce qui est bien mieux qu’en 2011 où l’on comptabilisait encore plus de 5 000 plaintes. Malheureusement, l’envolée des prix des matières premières et notamment du cuivre, objet de toutes les convoitises, risque de faire repartir les vols à la hausse. Et si aujourd’hui, on évoque surtout les câbles des infrastructures ferroviaires, les chantiers de construction ne sont pas négligés par les voleurs. Certaines professions sont plus particulièrement ciblées: électriciens, chauffagistes plombiers mais aussi agriculteurs, maraîchers… Tous victimes de la recrudescence de vols de métaux, une marchandise qui peut rapporter gros auprès des récupérateurs de matières premières. Dans les milieux spécialisés on parle même d'une «Recycling Mafia». Et comme si le vol ne suffisait pas, les voleurs de cuivre causent en outre souvent de gros dommages sur les chantiers. A noter qu’ils recherchent avant tout des gros chantiers, non surveillés et de préférence situés à l'écart des agglomérations.
Face à cette multiplication d’actes délictueux, les entreprises de construction ont dû prendre des mesures en clôturant mieux leurs chantiers, en réduisant le temps de présence du matériel de chantier, en recourant à la vidéosurveillance, etc. Des dispositions qui semblent porter leurs fruits. Ce qui explique peut-être une recrudescence significative des vols dans les camionnettes des corps de métiers présents sur chantier…