Réalisation d’un escalier intérieur en pierre naturelle : la marche à suivre
La réalisation d’un escalier est une tâche complexe qui doit tenir compte de nombreux critères. Il est donc essentiel d’étudier la conception de cet ouvrage au plus tôt. Pour cela, il convient de respecter certains principes de dimensionnement généraux, et ce d’autant plus lorsque l’escalier est destiné à recevoir une finition en pierre naturelle.

Règles de dimensionnement
Les escaliers sont généralement dimensionnés pour garantir à la fois confort et sécurité. Pour les escaliers intérieurs, cet objectif peut être atteint grâce à la formule de Blondel :
2H + G = 600 ± 30 mm
avec :
H : la hauteur des marches
G : le giron, c’est-à-dire la profondeur des marches.
Cependant, cette formule seule ne suffit pas pour concevoir correctement un escalier. Selon la révision actuelle de la NIT 198 dédiée aux escaliers en bois, elle doit être associée à :
• un pourcentage de pente
• une dimension minimale pour le giron (minimum 220 mm pour assurer une surface d’appui suffisante)
• une dimension maximale pour la hauteur des marches (maximum 190 mm pour éviter de trébucher).
L’application de ces valeurs permet d’obtenir une pente maximale de 40,8°, alors que la pente minimale exigée est de 20°.
Pour les escaliers servant de voies d’évacuation dans des bâtiments soumis aux normes ‘incendie’, des exigences dimensionnelles plus strictes sont à respecter. Ainsi, un giron d’au moins 200 mm et une hauteur de marche de 180 mm entraîneront une pente maximale de 37°.
La zone verte dans le graphique de la figure 1 illustre la plage recommandée pour le dimensionnement du giron et de la hauteur des marches, compte tenu de la formule de Blondel et des critères de sécurité.
Réalisation de la structure portante et pose de la finition en pierre naturelle
Bien que la réalisation de la structure portante de l’escalier incombe à l’entreprise de gros œuvre et non au marbrier, la pose de la finition en pierre ne peut se faire sans une rectification du support en béton.
Cette étape préliminaire consiste à ajuster la hauteur des marches à l’aide de sable stabilisé composé de ciment blanc, ce dernier étant utilisé pour ne pas tacher la pierre. Toutefois, on se limitera à un remplissage maximal de 50 mm sous les marches et de 30 mm à l’arrière des contremarches (voir figure 2). Si des ajustements plus importants s’avèrent nécessaires, il conviendra d’en informer le maître d’ouvrage.
Voici quelques points à considérer avant de poser la finition :
• les chutes de personnes se produisent principalement au sommet et au pied de l’escalier (voir l’article Buildwise 2024/03.01 dédié à l’éclairage des escaliers). Il est donc important de prêter attention aux dimensions de la première et de la dernière marche, qui peuvent varier en fonction des finitions des paliers
• il est crucial de vérifier que les pierres comportent un chanfrein de 2 à 3 mm sur toutes les arêtes visibles. Si un filet est présent sous la pierre, il doit être retiré pour toutes les parties saillantes, comme le nez de marche
• bien que la réalisation de marches très profondes puisse éviter la nécessité de prévoir un nez de marche, ce dernier est souvent recommandé pour des raisons de sécurité et pour protéger les contremarches. Pour des girons compris entre 220 et 240 mm, des nez compris entre 25 et 40 mm sont habituellement recommandés. Dans tous les cas, il convient de ne pas dépasser une valeur de 50 mm.
La pose de la finition commence par l’application de la pierre de la marche (sur un mortier-colle, par exemple), suivie de celle de la contremarche. L’espace entre le béton et la contremarche est ensuite comblé, et ces étapes sont répétées jusqu’au sommet de l’escalier.
Lorsque l’escalier est encadré par deux murs, un joint suffisant doit être prévu entre les marches et les murs pour prévenir les dommages causés par la dilatation de la pierre (voir la NIT 213, § 3.3.1.5). Si un côté est libre, la dilatation pose moins de problèmes, ce qui permet une plus grande flexibilité dans le choix des finitions. Une coordination préalable des travaux est essentielle pour définir les finitions entre les marches et les murs, surtout en cas de pose sans plinthe.
Dimensionnement des finitions
Le dimensionnement des pierres ne peut être basé uniquement sur les dimensions du giron et de la hauteur des marches de la structure portante, car celles-ci seront quelque peu différentes une fois les finitions appliquées. Ainsi, pour déterminer les dimensions correctes des pierres, il convient :
• pour la longueur de la pierre de la marche, d’additionner le giron de la structure portante, la longueur du nez de marche et l’épaisseur de la pierre de la contremarche
• pour la hauteur de la contremarche, de soustraire – de la hauteur de la marche de la structure portante – l’épaisseur de la pierre de la marche et l’épaisseur du joint compris entre la marche et la contremarche.
Ainsi, si le giron de la structure portante est de 210 mm, avec un nez de marche de 40 mm et une contremarche de 30 mm d’épaisseur, la longueur finale sera de 280 mm après la pose des pierres, ce qui représente une augmentation d’environ 30 %.
2 mm !
Toutes les dimensions des marches d’un escalier (giron, hauteur et nez) doivent être identiques, avec un écart maximum de ± 2 mm par rapport aux dimensions prévues. Cette tolérance stricte permet de garantir la sécurité de l’ouvrage.
