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Matériel

ProFilWood: de l’essence locale dans le moteur de la construction bois

Un nouveau projet Interreg vient d’être lancé: ProFilWood Il a pour objet la valorisation des essences locales – et singulièrement les feuillus – dans la construction en privilégiant les circuits courts.

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Hout Info Bois

En Wallonie, les feuillus représentent 57% des surfaces forestières, mais, selon les données de l’Office Economique Wallon du Bois, le taux de prélèvement, c'est à dire le rapport entre le bois récolté et ce que la forêt produit annuellement, ne s’élèverait qu’à 68%... contre 133,5% dans les forêts de résineux où il serait plutôt question de surexploitation. C’est ainsi que le nombre de scieries spécialisées dans le feuillu a été divisé par deux en 20 ans !

Tous feuillus confondus, la Wallonie ne transforme qu’un cinquième des grumes qu’elle produit. Encore ne s’agit-il que de la première transformation, c’est-à-dire le sciage. La seconde transformation (produits finis et semi-finis), celle qui génère la plus-value la plus importante, est faiblement représentée sur le territoire wallon. Et la situation est à peu près équivalente en France.

On se trouve donc face à une matière première abondante mais totalement sous valorisée, et dont l'un des principaux débouchés devient l'exportation sous forme brute, essentiellement à destination de la Chine, qui importe ces grumes par conteneurs entiers; C’est notamment le cas des hêtres dont 90% de la récolte annuelle est exportée vers l’Asie…

Des essences locales qui trouveraient parfaitement leur place dans la construction

Or il est avéré que l’usage d’essences régionales comme le chêne, le hêtre ou le peuplier à destination de la construction reste encore méconnu du grand public mais également des prescripteurs et de nombreux professionnels du secteur de la construction. Leurs usages sont divers: emballage, bois d’industrie, menuiseries et fabrication d’escaliers, charpente, bardage, platelages, traverses paysagères, etc. D’autres essences telles que l’aulne, le châtaignier, le merisier, le frêne, entre autres, trouvent également leur place dans la construction: en menuiserie intérieure, lambris, bardage, parquets, escaliers… Malheureusement, certaines des essences autrefois employées en structure sont aujourd’hui parfois délaissées au profit d’autres matériaux ou de bois résineux, provenant, certes, souvent de nos régions, mais aussi – dans la mesure où la récolte annuelle en résineux locaux ne suffit pas à couvrir nos besoins – des pays scandinaves, de France ou d’Allemagne.

C’est pourquoi, il est important d’initier un travail de sensibilisation sur les caractéristiques et les usages des essences de bois locales, essentiellement feuillues, à destination des maîtres d’ouvrage, prescripteurs, constructeurs, transformateurs… Avec pour objectif principal de mettre en adéquation l’offre et la demande.

Cela contribuerait également à  faire connaître les qualités et propriétés des essences indigènes qui, dans un grand nombre de cas, peuvent se substituer à d’autres matériaux moins écologiques ou aux bois importés de la ceinture subtropicale.

Redonner vie à un savoir-faire local

C’est sur base de ces constats qu’a été conçu et lancé le projet «ProFilWood», dans le cadre du programme européen Interreg V France-Wallonie-Vlaanderen dont le lancement officiel a eu lieu le 1er juin dernier.

Ce projet qui réunit des organismes belges et français a pour objectif de redonner accès à la matière première au secteur de la première transformation locale (les scieries) en redéveloppant de nouveaux débouchés en aval, à commencer par le secteur de la construction, dans une logique de circuits courts. 

L’un de ces débouchés pourrait être l’emploi de feuillus en menuiserie extérieure. Le développement de solutions techniques permettant d’améliorer leur durabilité comme, par exemple, le Bois modifié Thermiquement (Bmt), pour les placer au niveau des meilleurs bois exotiques ouvrirait des perspectives extrêmement importantes en termes de marché. 

Plusieurs scénarii de développement sont déjà à l’œuvre, tous relatifs au développement de nouveaux produits et concepts constructifs à base de feuillus régionaux destinés au secteur de la construction : emploi du hêtre en structure, production de murs contre cloués en peuplier, utilisation de bois feuillus blancs dans le domaine des menuiseries extérieures, mais aussi recours au bois massif dans le mobilier, etc.

Valoriser le bois de nos forêts en privilégiant les filières courtes, c’est permettre aussi l’émergence d’un tissu d’entreprises locales et la création d’emplois non délocalisables – notamment en milieu rural où il se fait rare. Autrefois, dans les villages, il y avait un charpentier, une menuiserie, quelques fois une scierie… Sans prétendre vouloir ressusciter un passé idéalisé, il serait néanmoins parfaitement possible, en utilisant localement la ressource disponible, de reconstituer ce tissu de petites et moyennes entreprises ainsi que le savoir-faire local qui y est de très longue date, associé.

 

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