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Matériel

La filière bois en demi-teintes

Chaque trimestre, l’Office économique wallon du Bois (Oewb)  publie son baromètre de l’activité au sein de la filière bois. Pour le 1er trimestre de 2019, on notera une ralentissement de la montée des prix du chêne, une offre massive de bois résineux scolytés, la situation délicate des prioriétaires forestiers et une bonne demande globale en sciages.

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L’offre en chêne semble s’améliorer. Les propriétaires profitent des prix soutenus pour libérer de la matière. Les prix augmenteraient encore pour l’exportation vers la Chine au 1er trimestre. Néanmoins, certains signaux laisseraient présager une forme de ralentissement de la montée des prix du chêne et peut-être, un futur fléchissement. Un fait observé en ventes privées, mais également dans les ventes publiques de printemps en France.  

Les scieries pourraient donc freiner leurs achats et la constitution des stocks tampons sur pied. Elles choisiraient de patienter afin de vérifier si cette tendance se confirme aux prochaines ventes d’automne. Cette évolution concerne surtout les plus gros transformateurs. Les plus petits acteurs travaillent davantage en flux tendus, selon les commandes. La demande en sciages reste bonne et constante et les clients éprouvent de plus en plus de difficultés à digérer les hausses de prix et cherchent des essences de substitution.

Bois résineux scolytés en abondance

Pour la trituration en résineux, l’offre en bois ronds est directement impactée par le phénomène des scolytes. L’offre est massive et les prix sont en chute libre, pour en arriver dans certaines conditions à des valeurs nulles pour les propriétaires. Pour les plaquettes, l’hiver clément a favorisé la mobilisation des bois et le fonctionnement des scieries. L’offre est donc tout aussi importante. Les stocks de bois ronds et de plaquettes résineuses dans les usines de panneaux et de pâte sont saturés. Leur demande, et leur prix, diminuent. L’offre en plaquettes et rondins feuillus est, elle, bonne avec des prix stables. En trituration feuillue, la    demande des panneautiers tend à baisser au vu de la disponibilité massive de bois résineux à moindres prix. Les panneautiers contingentent leurs approvisionnements.

Situation délicate

Pour les scieries de résineux, l’offre en épicéas est évidemment exceptionnelle et s’accompagne de prix en forte baisse. Une question se pose également: trop de bois font encore l’objet de retraits lors des ventes en adjudication publique, ce qui se traduit par leur maintien en forêt. Dès lors, que faire en tant que propriétaires, surtout publics, entre les questions sanitaires  (et les obligations de l’Afsca) et la volonté d’éviter de brader ses bois ou de grever le budget annuel communal, tout en pensant à tort ou à raison que cette situation arrange bien les transformateurs?

Une bonne demande globale en sciages. (© OEWB)
 

Risques partagés

La réponse est complexe, précise l’Oewb. Néanmoins, il est important de comprendre que les risques sont partagés entre les deux parties, à savoir l’acheteur et le vendeur. En effet, les acheteurs de sciages résineux, clients de nos scieries, baissent également leur prix d’achat au vu de la quantité et de la qualité des sciages arrivant sur le marché. Dans quelle proportion se traduit cette baisse? Difficile à savoir. Certaines scieries enregistrent également des pertes financières sur les stocks de bois sur pied achetés à gros prix avant la crise du scolyte et la saturation progressive des marchés.

De plus, les lots actuellement achetés contiennent des proportions variables de bois sains, de bois scolytés frais et de bois scolytés secs, dont les rendements en sciage sont de ce fait très variables. En outre, les rendements en sciages à plus forte valeur ajoutée diminuent. Plus le temps passe, plus la proportion de bois sec de valeur nulle augmentera. Dans ce contexte, le transformateur prend de réels risques et c’est cette prise de risque qui impacte directement les prix rendus.

Offre étrangère

La quantité de bois touchés sera certainement à la hausse au cours des prochains mois, avec une vague de bois scolytés frais puis, ensuite, rapidement secs. Pendant ce temps, les transformateurs se tournent vers l’offre étrangère (Allemagne ou France) encore plus massive et à des prix encore inférieurs à ceux pratiqués chez nous. Donc, plus le temps passe, moins les transformateurs seront tentés d’acheter du bois scolyté wallon à des prix supérieurs à ceux de nos voisins.

Le Département de la Nature et des Forêts (SPW) a déjà vendu plus de 200.000 m3 de bois scolytés en adjudication publique ou en ventes anticipées en forêts soumises. Parallèlement, note l’Oewb, il faut surtout espérer que la bonne demande globale en sciages se maintienne. Ce qui n’est pas une absolue certitude vu la fréquence relativement élevée des fluctuations du marché.

 

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