Le secteur de la construction bois au ralenti
Hout Info Bois dévoile les résultats 2021-2022 de son enquête bisannuelle sur l’état de la construction bois en Belgique et révèle une réelle évolution du marché. La construction bois, qui était en plein essor ces dernières années est plutôt en ralentissement depuis 2021. La crise sanitaire mondiale, qui a largement limité l’activité des entreprises de construction de manière directe et indirecte, n’y est certainement pas étrangère.
Outil précieux, l’enquête bisannuelle de Hout Info Bois offre depuis plus de dix ans une connaissance évolutive du marché pour tout un secteur. Produite en collaboration avec l’Office Économique Wallon du Bois et Embuild Wallonie, l’enquête s’est étoffée au fil des années.
Les principales conclusions 2021-2022 (Sixième et dernière enquête)
Structure du marché, profil des entreprises de construction, système constructifs, marché du travail, sont autant de thèmes et de questions abordés dans cette enquête, menée une nouvelle fois par Hout Info Bois, le Centre belge d’information technique sur le bois.
Principaux constats :
- 150 entreprises de construction en bois ont été actives sur le marché en 2021 et 2022.
- 60% des entreprises du secteur réalisent moins de 10 maisons en bois chaque année.
- 15% des entreprises réalisent plus de 50 maisons par an, mais elles représentent 60% du marché de la construction de maisons en bois.
- 75% des maisons en bois sont bâties par des entreprises qui construisent plus de 20 maisons par an. Parmi ces entreprises on en retrouve une majorité qui réalisent également des constructions non résidentielles.
- Le solde, soit 25% des nouvelles constructions sont le fruit d’entreprises orientées vers une fabrication plus artisanale.
- En 2022, 2 200 maisons résidentielles en bois ont été bâties.
- La part des constructions en bois par rapport à l’ensemble du marché de la construction est redescendue à un peu plus de 6%. La crise sanitaire n’y est certainement pas étrangère tant par ses effets directs qu’indirects. A cela, il faut également ajouter l’augmentation importante du prix de l’énergie.
- Le marché de la construction bois belge est dominé, en termes de nombre d’entreprises, par les entreprises wallonnes qui couvrent près de 60% du secteur mais le nombre moyen de nouvelles constructions par entreprise reste 2,6 fois supérieur en Flandre qu’en Wallonie.
- Le marché du travail de la construction bois poursuit son ascension avec 1 674 salariés en 2022.
- 80% des maisons en bois sont exécutées avec le système ossature en bois, le second système est le CLT (panneau massif croisé) et le solde en bois empilé ou poteaux-poutres.
- La construction non résidentielle semble avoir trouvé son rythme de croisière avec environ 100 000m2 de murs en bois qui sont construits chaque année.
Une énigme : un marché résidentiel qui ne se développe pas réellement
L’absence de réel essor de la construction en bois résidentielle reste un mystère. En effet, le bois est le seul matériau de construction qui soit totalement naturel et renouvelable. Les constructions en bois sont de qualité et répondent aux mêmes exigences que les autres constructions dites traditionnelles en matière de performances thermiques, d’étanchéité à l’air, de consommation énergétique etc. Le bois devrait donc tout naturellement s’imposer comme le matériaux de prédilection sur le plan environnemental, surtout dans ce contexte de lutte contre le réchauffement climatique... Et pourtant, ce n’est pas le cas…
Une préoccupation européenne
Ces questions énigmatiques font d’ailleurs l’objet de grands débats à l’échelle européenne au travers des enjeux du Green Deal et de l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. À ce sujet, la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen déclarait en 2020 : « Nos bâtiments génèrent plus de 40% de nos émissions. Ils doivent devenir moins gaspilleurs, moins coûteux et plus durables. Et nous savons que le secteur de la construction peut même passer d’une source de carbone à un puit de carbone, si des matériaux de construction organiques comme le bois et des technologies intelligentes comme l’intelligence artificielle sont utilisés. […] ».
Dans le monde entier, cette préoccupation est au centre des projets et des discussions. Une véritable course au bâtiment le plus haut en bois s’est installée. Cela étant, la Belgique ne doit pas en faire une priorité. Aujourd’hui, l’objectif belge doit être clair : multiplier les projets de construction publics en bois. Les pouvoirs publics doivent servir d’exemple et mettre en avant la prouesse et le savoir-faire dans ce domaine tant du matériau bois que de la filière.