Extraction de matériaux: comment scier la branche sur laquelle on est assis
D’ici 2060, l’utilisation de matériaux dans le monde doublera pour atteindre 190 milliards de tonnes (contre 92 milliards actuellement), tandis que les émissions de gaz à effet de serre augmenteront de 43%. C’est ce qui ressort du Global Resources Outlook 2019, un rapport élaboré par le Groupe international d'experts sur les ressources.
Qu’y apprend-t-on? Rien de bien réjouissant.
Au cours des cinq dernières décennies, la population a été multipliée par deux et le produit intérieur mondial a été multiplié par quatre. Le rapport constate que, pendant la même période, l’extraction mondiale annuelle de matériaux est passée de 27 milliards de tonnes à 92 milliards de tonnes. Selon les tendances actuelles, ce chiffre sera encore amené à doubler d’ici 2060.
Depuis 2000, la croissance des taux d’extraction s’est accélérée pour atteindre 3,2% par an, principalement en raison d’investissements importants dans les infrastructures et de niveaux de vie plus élevés dans les pays en développement et en transition, notamment en Asie.
Si la croissance économique et la consommation se maintiennent aux niveaux actuels, les émissions de gaz à effet de serre pourraient augmenter de 43% d’ici 2060.
Plus spécifiquement, l’utilisation de minerais métalliques a augmenté de 2,7% par an et les effets connexes sur la santé humaine et les changements climatiques ont été multiplié par deux entre 2000 et 2015. Par ailleurs, l’utilisation de combustibles fossiles est passée de 6 milliards de tonnes en 1970 à 15 milliards en 2017.
En ayant recours à des données tirées de tendances historiques, le rapport prévoit que l’utilisation des ressources naturelles devrait augmenter de 110% d’ici 2060, ce qui entraînerait une réduction de plus de 10% des forêts et autres habitats, tels que les prairies à hauteur d’environ 20%. Les conséquences sur les changements climatiques sont graves, car les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de 43%. «Si la croissance économique et la consommation se maintiennent aux niveaux actuels, des efforts beaucoup plus importants seront nécessaires pour garantir qu’une croissance économique positive ne provoque pas d’impact négatif sur l’environnement.»
Sachant que nos industries tirent leurs profits de matières premières qui, dans leur grande majorité, ne sont pas renouvelables, cela revient à scier la branche sur laquelle on est assis.
Tout n’est pas perdu
Tout n’est pas foutu pour autant. «La modélisation entreprise par le Groupe international d'experts sur les ressources montre qu'avec des politiques efficaces en matière d’utilisation rationnelle des ressources et de consommation et de production durables, l'utilisation mondiale des ressources pourrait ralentir de 25%, le produit national mondial pourrait progresser de 8% et les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 90% par rapport aux prévisions concernant la poursuite des tendances historiques à l’horizon 2060», concluent les coprésidents du Groupe d'experts sur les ressources, Isabella Teixeira et Janez Potocnik, dans la préface commune du rapport.
Quant à savoir s’ils seront lus et entendus…