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Des drones pour nettoyer les toitures: une première belge signée Klinkup

Aussi «intelligents» soient-ils désormais, les bâtiments ne sont pas encore en mesure de se nettoyer seuls; cette opération s’effectue toujours de manière manuelle. Quoi que… Certaines zones étant particulièrement difficiles d’accès, la société Klinkup a innové en proposant une solution de pulvérisation par drone.

Klinkup 1
DJI

C’est un fait établi: un bâtiment commercial, quel qu’il soit, se doit d’être pimpant. C’est la carte de visite d’une entreprise et il s’agira de la première impression visuelle que clients et prospects auront de celle-ci. De nombreuses sociétés sont spécialisées dans le nettoyage des surfaces extérieures des bâtiments (façades, toitures, abords,…). Et toutes sont confrontées aux mêmes difficultés dès lors qu’il faut appliquer des produits curatif et préventif de pollutions végétales (mousses, algues, lichens, champignons) sur des surfaces en hauteur. Ce travail nécessite traditionnellement des équipements d’accès lourds, peu pratiques et coûteux. C’est le cas pour la majorité des toits. Qui plus est, ces équipements ne permettent pas toujours d’avoir accès à l’ensemble du toit, certaines zones étant difficilement accessibles, voire totalement inaccessibles. Un cas de figure qui a conduit François-Xavier Despret, fondateur et administrateur de Klinkup, à proposer une solution de pulvérisation par drone. Une première en Belgique.

Produits enzymatiques pour nettoyage efficace et respectueux de l’environnement

Drôle de parcours que celui de François-Xavier Despret qu’à priori rien ne prédisposait à travailler dans ce domaine d’activité. Chimiste de formation, il a pourtant fait carrière dans les télécommunications avant de totalement changer d’orientation professionnelle  en 2014. «De manière totalement fortuite, j’ai été amené à me rendre compte que le nettoyage de klinker s’avérait particulièrement complexe et qu’il existait peu de solutions sur le marché.» C’est ainsi que Klinkup est créée en 2014. «On est rapidement passé des klinkers au bois, à la pierre, au marbre,… en améliorant les produits existants ou en en créant de nouveaux quand ils n’existaient pas.»


La partie portée par le drone doit être la plus légère possible. Pour ce faire, Klinkup a développé, en collaboration avec le Sirris, un mécanisme unique de pulvérisation mobile, léger et solide, qui permet un contrôle dans les différents axes. (© Klinkup)

Les contrats suivent. «Comme on nous demandait de plus en plus souvent d’effectuer des travaux de nettoyage de toitures, nous en sommes arrivés à développer en interne des produits enzymatiques, très efficaces sur le plan du nettoyage, respectueux des surfaces traitées et totalement inoffensif pour l’environnement et la santé humaine, car avec les produits traditionnels, il y avait toujours des risques d’écoulement susceptibles de provoquer des pollutions environnementales.» Mais subsistait la question de l’accessibilité de certains toits. C’est ainsi qu’est née l’idée de recourir à un drone.

A chacun son métier

Comme dit le proverbe: «il y a loin de la coupe aux lèvres». Renseignements pris, il s’est avéré que: la pulvérisation est interdite en Belgique; le vol à des fins commerciales ne peut se faire que par des opérateurs détenteurs d’une licence de pilote et l’équipement doit être homologué. Klinkup trouve toutefois des raisons d’espérer. En effet, le vol, malgré qu’il soit interdit, peut toutefois être autorisé par le biais d’une dérogation allouée par la Dgta (administration dépendant du ministère de la Mobilité)… à ceci près que ladite dérogation doit être demandée pour chaque zone envisagée, être documentée dans les moindres détails et est payante (plus de 200 euros par dérogation). Et pour faire bonne mesure, les démarches administratives sont assez lourdes. Il en faut toutefois plus pour décourager François-Xavier Despret, qui va pousser la conscience professionnelle très loin en suivant lui-même une formation théorique en pilotage de drone! «Je suis effectivement détenteur du permis théorique… ce qui m’a permis de comprendre que piloter des drones lourds est un vrai métier et que j’en suis à des années lumières. Mais cette formation dans une école de pilotage m’a néanmoins permis de connaître des gens qui m’ont recommandé des pilotes professionnels. J’ai ainsi pu prendre contact avec l’un d’entre eux qui a accepté la mission consistant à pulvériser nos produits sur les toitures des bâtiments à traiter.» A charge pour l’entreprise d’obtenir les autorisations nécessaires. Pour ce faire, Klinkup a été accompagnée par le BEP (Bureau Economique de la Province de Namur, cellule accompagnement entreprise) en vue de réaliser un business plan et, en juin 2019, au terme d’une année de recherches & développement, a obtenu une dérogation de 6 mois et est en passe d’en obtenir une autre pour 6 mois supplémentaires.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même… hélas

Restait encore à lever certains obstacles techniques. «Le paiload (la partie portée par le drone) doit être le plus léger possible. Pour ce faire, en collaboration avec le centre de recherche Sirris, nous avons développé un mécanisme de pulvérisation. Ce système unique de pulvérisation mobile est extrêmement léger et solide et permet un contrôle dans les différents axes. Il est piloté par télécommande au sol et offre la possibilité de modifier l’orientation du jet, la distance de l’axe des buses par rapport au drone afin de pouvoir pulvériser des surfaces verticales, horizontales ou obliques!» Par ailleurs, le drone est équipé d’une caméra thermique permettant de visualiser en direct la variation de température entre la surface traitée et celle qui ne l’a pas encore été. «Cette fonction est la première étape permettant de garantir le traitement uniforme de l’ensemble de la zone et elle préfigure une évolution vers un processus automatisé de pulvérisation.»
Seule en Belgique à recourir à cette technologie, Klinkup a clairement pris un avantage concurrentiel. Et pourtant, François-Xavier Despret pense arrêter ce genre de prestations à relativement court terme. «En commençant ce métier, mon objectif était d’être fabricant et fournisseur de produits de nettoyage tout à la fois efficaces et écologiques; mais pas nécessairement de les mettre en œuvre.» En France, où l’entreprise est déjà active, des sociétés de nettoyage disposant de drones ont fait part de leur intérêt pour les produits fabriqués par Klinkup. «Mais en Belgique, comme nous sommes les seuls à utiliser un drone dans ce secteur d’activité, ça prendra encore un peu de temps. Ceci dit, il y a des avantages à procéder soi-même aux prestations car au fur et à mesure des difficultés qu’on rencontre, on apprend à les surmonter.»
Aujourd’hui Klinkup intervient partout en Belgique, au Luxembourg et dans le nord de la France. Sa clientèle se compose pour moitié de particuliers et de professionnels. «Et les administrations publiques se montrent de plus en plus sensibles au côté écologique de nos produits.»
 

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