Baisse des prix des métaux critiques décourage les investisseurs en énergie verte
Les métaux critiques tels que le lithium, le cobalt et le nickel sont indispensables à la production de batteries, au stockage d’énergie, aux véhicules électriques, aux éoliennes et aux panneaux solaires. Ces matériaux sont essentiels pour assurer une transition énergétique réussie. Étant donné les nombreux objectifs climatiques mondiaux, on pourrait s’attendre à ce que ces métaux soient une véritable mine d’or. Cependant, le marché montre une image différente.
La demande mondiale pour ces métaux augmente fortement, car les objectifs climatiques ne peuvent être atteints sans eux. On pourrait donc s’attendre à une hausse des prix. Pourtant, les prix, notamment du lithium, ont chuté de manière spectaculaire, avec une baisse de 85 % au cours des 18 derniers mois. Cette chute est principalement due à une augmentation importante de l’offre, qui a bondi de 70 % depuis 2021, mais aussi à des mouvements spéculatifs sur le marché.
Ces fluctuations de prix ont des effets néfastes sur les investissements dans l’industrie minière. L’exploitation minière nécessite des investissements à long terme, et les délais de rentabilité deviennent de plus en plus longs. Le « temps de développement minier », c’est-à-dire la période entre la découverte d’un métal et son exploitation commerciale, est passé de 13 ans en 2005-2009 à 18 ans aujourd’hui. Cela décourage les investisseurs, ralentissant les projets miniers et creusant davantage le fossé entre les pays riches en métaux et ceux qui en sont dépourvus.
À l'instar de la dépendance envers le pétrole, la dépendance envers les métaux critiques augmente, rendant l’Union européenne vulnérable aux manipulations de marché et aux guerres commerciales. On pourrait voir émerger une « OMEC », une organisation des pays exportateurs de métaux. Bien que l’UE tente de réduire cette dépendance, les récents développements du marché compliquent cette tâche. Le projet de loi européen sur les matières premières critiques (CRM) vise à produire 10 % de certains métaux à partir de mines européennes, mais notre analyse montre que cet objectif sera difficile à atteindre.
Par ailleurs, une étude récente montre que les budgets d’exploration pour ces métaux ont baissé de 3 % l’année dernière, après avoir atteint un sommet en 2022 à 12,8 milliards de dollars. Nous ne prévoyons pas d’augmentation significative de ces budgets à court terme.
Que devrait faire l’Europe ? Pour combler les lacunes d’approvisionnement, Bruxelles devrait nouer des partenariats avec des pays riches en minerais et encourager davantage le recyclage.
Johan Geeroms
Director Risk Underwriting Benelux