1. Intelligence artificielle, réalité virtuelle, énergie issue de l’hydrogène, drones, big data, impression 3D, etc. Quelle est, selon vous, la nouvelle technologie qui aura le plus grand impact sur votre entreprise dans les années à venir ?
Le BIM (Building Information Management) est une des technologies qui font bouger le secteur de la construction. La modélisation en 3D nous aide à mieux visualiser les projets. Les erreurs sont détectées à l’avance, donc plus rapidement, et les conséquences éventuelles mieux mises en lumière, ce qui permet d’éviter les frais imprévus. Les mesures sont plus précises. La sécurité, la qualité, la productivité, le contrôle et la maintenance ultérieure atteignent un niveau nettement supérieur. La mise en place du projet dans le cloud permet à l’ensemble de l’équipe de le consulter et d’y travailler. Mais rallier tout le monde à cette cause constituera une fameuse transition. Le secteur des infrastructures routières est encore un peu à la traîne, même si nous sommes également partie prenante. On voit que cette évolution demande un changement d’état d’esprit. Au début du processus, cela coûtera beaucoup de temps et d’argent. Mais l’application du BIM nous permettra d’établir un meilleur planning des travaux, d’automatiser le calcul des quantités, d’en extraire les métrés et/ou les suivis de chantiers. Nous sommes impatients de pouvoir exporter les modèles 3D pour la commande de nos grues et pelleteuses. La nouvelle fonctionnalité semi-automatique pour les excavatrices, qui permet d’exécuter les travaux d’excavation (complexes) – comme la création d’inclinaisons, le creusement de tranchées et le parachèvement de bassins – nous permettra de travailler avec beaucoup plus de précision et de rapidité.
2. Vers quel métier de la construction les jeunes doivent-ils, aujourd'hui, orienter leur formation pour s’assurer une carrière intéressante et bien rémunérée dans le secteur de la construction : coffreur, menuisier, plombier... ou plutôt planificateur ou ingénieur ?
La construction routière, bien sûr ! Un métier critique à tous niveaux. Et notre réseau routier n’en a pas encore fini avec les travaux, votre avenir est donc assuré ! Je plaisante mais c’est la vérité. Personnellement, je trouve qu’il est essentiel de rechercher un travail qui vous plaît, dans un environnement qui vous plaît. Le monde de la construction est en perpétuel mouvement. Il y a assez de travail mais le problème, c’est la main-d’œuvre. Un bon professionnel, dans quelque branche que ce soit du secteur de la construction, trouvera donc toujours du travail. Les technologies se développent à folle allure depuis quelques années, et les entreprises qui adoptent les solutions ICT ont toujours le vent en poupe et l’avenir devant elles. Si vous souhaitez continuer à évoluer, mettez-vous en quête d’une entreprise de construction (routière) moderne et innovante. Ce ne sera pas toujours par définition « la plus grosse entreprise ».
3. La crise du coronavirus vous a-t-elle appris quelque chose que vous ignoriez sur votre entreprise ?
Je suis très heureuse que notre entreprise ait les reins suffisamment solides pour résister au choc. Mais je fais partie des chanceux car nous n’avons dû fermer nos portes que pendant six semaines. J’ai été agréablement surprise de voir la flexibilité déployée par l’ensemble du personnel de notre organisation pour que nous puissions rebondir rapidement. Je n’en ai que mieux mesuré l’importance d’être entourée de personnes fantastiques, prêtes à se serrer les coudes pour traverser une période difficile. La bonne voie, c’est toujours celle qui avance. Pensons en termes de solutions et non de problèmes.
4. Quelle est, selon vous, la plus grande menace pour votre entreprise/secteur ? La concurrence étrangère, la pénurie de personnel qualifié, les coûts salariaux ? Autre chose ?
La lenteur des autorités. Malgré les budgets disponibles pour la mobilité et les travaux publics, les adjudications tardent à être lancées. Du coup, les carnets de commandes des entrepreneurs de la construction routière ont du mal à se remplir, ce qui met la pression sur les prix.
5. Les bâtiments sont-ils encore construits pour l'éternité ou leur attribuera-t-on bientôt une date d'expiration ?
Ce qui est sûr, c’est qu’on se dirige vers plus de durabilité. Va-t-on opter pour de nouveaux produits (recyclés) plus durables ? Pour l’asphalte, par exemple, cela consisterait essentiellement à prolonger sa durée de vie afin de réduire les émissions de CO2. Mais pour pouvoir produire cette « asphalte verte », n’allons-nous pas émettre davantage de CO2 ? Parviendrons-nous à concilier la qualité nécessaire et la plus-value écologique ? D’ici là, bien des études, tests, champs d’expérimentation, calculs de coûts et autres discussions couleront sous les ponts.