Adaptation du rail belge en prévision d'un conflit: 200 millions d'euros de travaux suffiront-ils ?
200 millions d'euros pour faire face à une possible extension du conflit en Ukraine vers nos contrées ? C'est le chiffre qui est avancé pour les travaux d'adaptation du réseau ferroviaire belge si un conflit rendait nécessaire l'acheminement de matériel militaire sur le front.
200 millions d'euros ont été prévus par Infrabel en vue de renforcer le réseau ferroviaire belge dans le cadre du plan "Schengen militaire".
Avec le développement des incidents catalogués dans le registre de la guerre hybride et avec les difficultés rencontrées sur le front par les Ukrainiens, cela fait quelques temps déjà que les états-majors de plusieurs pays européens alertent le politique et l'opinion publique sur le risque d'extension du conflit à nos contrées. Dans ce cadre, tous les aspects logistiques prennent de l'importance, en particulier ceux qui concernent les voies d'acheminement du matériel militaire là où c'est nécessaire. A cet égard, la Commission européenne a déposé un plan mercredi dernier détaillant tous les aménagements qui devraient être envisagés à cet égard : élargissement des tunnels, renforcement des ponts, adaptation de portions de rail afin qu'elles puissent supporter des charges par essieu plus lourdes.
Appelé le "Schengen militaire", le plan déposé par l'Europe dépasse évidemment le cadre du territoire belge. Le plan pour la mobilité militaire prévoit des investissements très importants là où le transit de matériel militaire peut se faire : sur l'axe mer du Nord-Rhin-Méditerranée et sur l'axe mer du Nord-Baltique. Au total, à l'échelle européenne globale, certaines estimations évoquent près de 100 milliards d’euros qui seraient affectés à l'adaptation des infrastructures. Dans le prochain budget pluriannuel de l’Union portant sur la période 2028–2034, Bruxelles propose ainsi d’allouer 17,6 milliards d’euros à la mobilité militaire.
Question : avec 200 millions d'euros, Infrabel parviendra-t-elle à rendre le réseau suffisamment résilient par rapport au passage de telles charges ? Rappelons ici que dans le cadre de travaux plus ou moins lourds, la facture peut aller de 100.000 euros à... 10 millions d'euros par kilomètre dans le cas d'un scénario plus maximaliste avec des talus ou plusieurs ponts qui doivent être renforcés sur ce tronçon par exemple.