Le marche de la ventilation booste par des normes toujours plus strictes

Les travaux d’isolation et les constructions étanches à l’air réalisés conformément aux normes actuelles relèguent la ventilation naturelle par les fentes et fissures à une époque révolue. Aucune nouvelle construction ni rénovation ne peut donc aujourd’hui s’envisager sans un système de ventilation adapté, qui prend le relais de cette « ventilation naturelle » de manière contrôlée et économe en énergie. Dans le cas d’un système central, cette fonction est assurée par une unité de ventilation qui évacue l’air vicié et humide, cédant ainsi la place à de l’air frais qui, selon le système, sera amené à l’intérieur par des grilles et conduits d’alimentation (système de ventilation D) ou des grilles de ventilation aux fenêtres (système C). 

Il est intéressant de noter que depuis 2006, l’utilisation d’un système de ventilation mécanique est obligatoire pour les nouveaux bâtiments et les grands projets de rénovation. Le nombre de caissons de ventilation mécanique a dès lors explosé au cours des 15 dernières années. Dans un marché en constante évolution, nous avons contacté plusieurs fabricants afin de mieux cerner les nouveautés brûlantes sur le marché. Les spécialistes Renson et Vasco ont accédé à notre invitation et répondent à quelques-unes des questions les plus pressantes.

Influence de la législation

La question qui nous semble s’imposer d’emblée est la manière dont les fabricants réagissent aux renforcements de la législation, que ce soit à l’échelle régionale, nationale ou internationale. Quelle est leur incidence sur leurs produits ?

« Comme l’Europe mise beaucoup sur la rénovation dans le cadre du Pacte vert, et qu’il n’est pas toujours facile d’intégrer les quatre systèmes de ventilation traditionnels dans un contexte de rénovation, des alternatives s’imposent », indique Renson. « D’où l’étude Prio-Climat lancée par Buildwise et visant à tester de nouveaux concepts, tant en simulation qu’en pratique. Ces nouveaux concepts s’avèrent parfaitement capables de garantir une qualité d’air intérieur bonne à très bonne. Afin d’autoriser ces alternatives dans les rénovations, VEKA, l’Agence flamande de l’énergie et du climat, a modifié en conséquence la réglementation ainsi que le logiciel PEB à la fin de l’année 2023. »

« Il y a par exemple le concept C hall, qui ne nécessite plus de grilles d’alimentation dans les fenêtres, mais qui exige dans toutes les pièces une extraction mécanique à la demande du type Healthbox Smartzone, un produit que nous proposons. C’est une option très intéressante pour garantir le confort thermique et acoustique qui n’est pas toujours assuré par les grilles d’alimentation, tout en évitant la récupération de chaleur et les exigences d’entretien qui s’ensuivent. Seul un apport limité reste nécessaire dans le couloir, par exemple au niveau de la porte d’entrée ou de la porte arrière. C’est également une solution pour ceux qui ne peuvent/veulent pas installer de grilles d’alimentation parce qu’ils ont déjà remplacé leurs fenêtres ou qu’ils possèdent une façade protégée ou encore des baies vitrées cintrées. Ajoutons qu’à partir de 2025, une prime supplémentaire est prévue en plus de la prime label pour l’installation d’un système de ventilation. »

« Lorsqu’elle développe de nouveaux produits, Vasco, qui fait partie du groupe coté en bourse Arbonia, connaît toutes les législations européennes régissant les produits distribués », nous déclare Vasco. « Il existe une réglementation européenne prévoyant que chaque pays dispose de règles distinctes. Comme Renson, Vasco opère à cet effet sous l’égide d’associations professionnelles. Le concept D Cascade en est un bon exemple : ce système est dépourvu d’alimentation mécanique dans le séjour, qui est ventilé par un apport d’air provenant des chambres à coucher (généralement via un hall et éventuellement via la cage d’escalier). Ce principe s’appuie sur le fait que les chambres à coucher et le séjour sont occupés à des moments différents (jour-nuit). »

La tendance est aux petites unités de ventilation compactes

Dans un marché toujours plus réglementé, certains changements sont à prévoir. Quels sont ces changements et comment les choses évoluent-elles sur le plan de la rénovation à l’heure où la part des nouvelles constructions ne cesse de diminuer ? Peut-on par ailleurs dégager de nouvelles tendances particulièrement frappantes ? Et que nous réserve le futur du côté de la demande ? 

« Les petites unités de ventilation compactes font l’objet d’un engouement énorme depuis quelque temps. Pensons aux Tiny houses, aux maisons de repos et de soins, aux studios, aux petits appartements, … », répond d’emblée Vasco. « Les gens vont vivre plus compact et la surface disponible pour accueillir une unité de ventilation se fait plus petite. En tant que fabricant, nous répondons évidemment à cette demande. Prenons l’exemple de notre unité 225 Compact qui peut parfaitement s’intégrer dans une armoire. Il est évident que tout ce qui peut avoir un effet sur le PEB est devenu important. Aujourd’hui, l’efficacité énergétique et les économies de coûts sont des facteurs qui revêtent une importance cruciale. »

« La rénovation a en effet le vent en poupe. Actuellement, on rénove plus qu’on ne construit, surtout si l’on tient compte de toutes les petites rénovations ne requérant pas de permis. Et il y a une bonne raison à cela. En Flandre, près de 40 pour cent des habitations affichent un score PEB E ou F et donc une mauvaise performance énergétique. Les acquéreurs de ce type de logements doivent – depuis l’obligation de rénovation introduite l’an dernier – les rénover dans les cinq ans afin de les conformer au label D ou mieux. »

« Tout à fait d’accord : le marché de la rénovation va immanquablement progresser. Ceux qui rénovent sont confrontés à de nombreux défis car le maître d’ouvrage doit aujourd’hui anticiper plusieurs étapes », ajoute Renson. « En Flandre, l’objectif est d’atteindre le label A pour chaque maison ou appartement d’ici 2050 ; la Wallonie introduira quant à elle des obligations similaires à partir du 1er juillet 2026. C’est dire s’il serait insensé de ne pas se conformer aux futures normes avant même la fin d’un projet de rénovation ou de transformation. D’où l’importance, en cas de rénovation, de tenir compte non seulement de l’efficacité énergétique, mais aussi de la durabilité et de l’habitabilité/du confort dès la phase de conception. »

« Comme nos collègues l’ont indiqué, les solutions économes en énergie sont clairement devenues plus prioritaires qu’il y a quelques années. Les appareils inefficients sont rapidement délaissés. Face aux prix élevés de l’énergie, le surcoût d’un appareil à haut rendement énergétique est d’ailleurs beaucoup plus vite amorti et les habitations sont rénovées dans une optique de durabilité. Ce n’est donc pas une mauvaise idée de dépenser un peu plus pour récupérer l’investissement sur le long terme tout en se préparant aux futures normes. »

R&D à la demande

La question qui suit logiquement est de savoir quels sont les principaux points d’attention des interlocuteurs lorsqu’il s’agit de rechercher et développer de nouveaux produits dédiés à la ventilation. Tous sont unanimes à ce sujet : l’objectif est de répondre à la demande du marché. Ils notent par ailleurs une importance croissante accordée à la recyclabilité et à l’acoustique.

« La gestion de la demande reste à nos yeux une donnée très importante », affirme Renson. « Ce qui compte, c’est que les systèmes de ventilation puissent soulager à la fois les habitants et les installateurs. Du côté de l’habitant, cela se traduit par un travail entièrement automatique en coulisses, à savoir la détection autonome de la pollution de l’air intérieur et la réponse automatique qui consistera à augmenter le niveau de ventilation aux endroits et aux moments opportuns, sans que l’habitant n’ait à s’en soucier. Coté installateur, cela implique que nous lui apportions une assistance complète sous formes d’outils en tous genres. À commencer par exemple par une plateforme en ligne pour le suivi de toutes les installations. Nous y associons une gamme complète de systèmes de ventilation, qui comprendra un appareil de ventilation pour chaque application mais aussi tous les accessoires compatibles nécessaires pour un système complet et entièrement opérationnel. »

« La recyclabilité et l’acoustique sont également des thématiques de plus en plus importantes. Toutes les pièces de nos derniers appareils de ventilation peuvent être remplacées séparément, ce qui permet de réduire la quantité de matériaux à jeter. Sur le plan de l’acoustique, le défi consiste bien sûr toujours à rendre le système de ventilation silencieux pour l’occupant. Les performances de l’appareil lui-même jouent un rôle majeur à cet égard, mais nous insistons aussi toujours sur une installation correcte, étanche et parfaitement réglée, assurant les débits adéquats pour obtenir les meilleurs résultats en la matière. »

« Exact », réagit Vasco. « Il s’agit de répondre le mieux possible aux besoins du marché. Pour ce faire, nous nous concentrons sur les aspects sur lesquels nous pouvons agir au mieux en termes de gestion de l’énergie et de confort d’utilisation. Afin d’optimaliser la collaboration avec le terrain, nous recourons à une équipe spéciale avant-vente qui s’adresse aux architectes, entreprises de construction, bureaux d’études et certificateurs PEB. Il convient en outre de porter notre regard au-delà du client particulier ; l’industrie aussi émet des demandes, insistant sur la nécessité de disposer d’installations électriques qui allient bon fonctionnement, coûts d’exploitation faibles et capteurs/réglages intelligents pour le confort de l’utilisateur. »

Dernières nouveautés

La meilleure illustration de cette réactivité face aux besoins du marché est à chercher dans les produits mis au point le plus récemment. Quels sont, pour Vasco et Renson, leurs lancements les plus remarquables à cet égard ? Et ces deux entreprises peuvent-elles déjà lever un coin du voile sur leurs créations actuelles ?

« Dans ce cas, il faut commencer par vous parler de l’unité Vasco 225 Compact que nous avons déjà évoquée brièvement plus haut », indique Vasco. « Sans oublier les modèles Elia et Ascotherm commercialisés récemment par Vasco. »

L’unité de ventilation 225 Compact est un système de ventilation équilibrée avec récupération de chaleur. Grâce à ses dimensions réduites, ce système s’intègre aisément dans une armoire. L’absence de local technique ne pose donc aucun problème. Cette solution durable et écoénergétique garantit un climat intérieur optimal dans les espaces d’habitation compacts tels que les résidences-services, les appartements ou les studios. »

« Le radiateur pour pompe à chaleur Elia garantit quant à lui un système de diffusion à la fois écoénergétique, confortable et durable pour le chauffage comme pour le refroidissement des maisons. Le modèle Elia fonctionne idéalement en combinaison avec des générateurs de chaleur modernes dans la plage des basses températures, tant dans les nouveaux bâtiments que dans les rénovations. Les convecteurs sous plancher Ascotherm nous permettent d’offrir aux architectes et promoteurs immobiliers une solution supplémentaire de chauffage, refroidissement et ventilation qui se révèle efficace sur le plan énergétique. Lancée l’année dernière, cette série de produits représente une solution techniquement et visuellement séduisante pour tous types de pièces et s’utilise dans les maisons, les vérandas, les bureaux, les bâtiments publics, les espaces d’exposition et de magasin, … »

« Il y a beaucoup de produits à commenter », conclut-on chez Renson. « À commencer par l’unité de ventilation connectée Healthbox 3.0 C+, le Waves, un ventilateur décentralisé commandé à la demande, et le modèle Flux, une unité de ventilation D avec récupération de chaleur. »

« Pour ces produits, Renson se concentre sur la commande à la demande : il s’agit d’une ventilation qui s’adapte à la maison et à ses occupants. Les capteurs intégrés dans le ventilateur ou les unités de ventilation, comme Waves (système décentralisé), l’Healthbox 3.0 (unité centrale dans un système C+) et Flux (unité centrale dans un système D+), contrôlent 24 heures sur 24 la qualité de l’air intérieur sur le plan du CO2, des COV et de l’humidité, et adaptent automatiquement le niveau de ventilation en conséquence. L’Healthbox 3.0 le fait même indépendamment d’une pièce à l’autre de la maison. L’utilisateur économise ainsi beaucoup d’énergie en évitant que de l’air chaud ne s’évacue inutilement. Le second gain d’énergie est réalisé en limitant au minimum la consommation de l’unité de ventilation grâce à un seul moteur au lieu de deux (dans le système D) selon le degré de pollution de l’air intérieur. »

La norme belge de ventilation NBN D50-001 distingue 4 modes de ventilation

Il existe 4 systèmes de ventilation centrale reconnus, qui vont de la ventilation entièrement naturelle à la ventilation mécanique contrôlée (VMC) à double flux en passant par la ventilation mixte. Ces systèmes sont désignés par les lettres A à D. Il existe également des appareils individuels pour la ventilation décentralisée.

• Système de ventilation A : Amenée d’air naturelle et évacuation d’air naturelle.
  Ce système ne nécessite aucune aide mécanique. L’aération se fait de façon naturelle par les grilles de ventilation intégrées dans les fenêtres. La perméabilité à l’air de ces grilles est réglable manuellement. 
• Système de ventilation B : Amenée d’air mécanique et évacuation d’air naturelle.
  L’amenée d’air naturelle n’est pas toujours évidente, par exemple en cas d’environnement extérieur trop bruyant. Dans ce cas, l’air frais peut être amené mécaniquement. On dispose ainsi d’un apport contrôlé d’air frais qui est diffusé dans la maison au moyen d’un ventilateur. 
• Système de ventilation C : Amenée d’air naturelle et évacuation d’air mécanique.
  Si la maison a déjà été rénovée en profondeur, il n’est pas toujours possible d’évacuer l’air vicié de manière naturelle. Dans ce cas, le choix peut se porter sur un système de ventilation à extraction d’air mécanique. L’air humide et vicié est aspiré par des conduits d’air depuis les pièces humides telles que la cuisine et la salle de bains. Dans un système C classique, l’aspiration d’air est continue ; le système C+ fonctionne en autorégulation (ou à la demande) et ne rafraîchit l’air de façon entièrement automatique qu’en cas de besoin et pièce par pièce. C’est donc un système très économe en énergie et lié à la qualité de l’air intérieur, qui est contrôlée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
• Système de ventilation D : ventilation équilibrée. Amenée d’air mécanique et évacuation d’air mécanique.

Le système D est un système entièrement contrôlé du début à la fin ; la ventilation est donc commandée de manière entièrement automatique. Un réseau de canalisations distribue l’air à travers des grilles de ventilation dans chaque pièce sans que les différents flux d’air ne se croisent. Le système de ventilation D est très efficace et particulièrement économe en énergie puisqu’il récupère la chaleur. À noter toutefois que les occupants doivent être attentifs à l’entretien et au remplacement réguliers des filtres, ainsi qu’aux coûts y afférents. La ventilation D existe aussi en version commandée à la demande, c’est-à-dire que le niveau de ventilation est réglé en fonction du contrôle de la qualité de l’air intérieur (D+).