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Espace public

Gros plan sur l’éclairage public : faire plus avec moins

L’époque où les rues de Belgique étaient baignées de lumière est révolue. La bonne lumière au bon endroit au bon moment : tel est aujourd’hui le maître mot, guidé avant tout par des impératifs de durabilité et de réduction des coûts. Les fabricants investissent eux aussi massivement dans ce domaine, en misant notamment sur l’éclairage public intelligent tant l’intégration de l’intelligence artificielle se révèle prometteuse pour l’avenir. Schréder, Phoenix Contact et Safety Product nous éclairent sur les tendances en matière d’éclairage fonctionnel, décoratif et sûr.

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Schréder

Est-il nécessaire d’éclairer ? C’est la première question qui s’impose en termes de durabilité, d’économie de coûts, de réduction de la pollution lumineuse et de protection de la biodiversité. Si oui, alors il importe d’éclairer correctement, c’est-à-dire de diffuser la bonne lumière au bon endroit au bon moment, comme le stipule la norme NBN L18-004:2023 mise à jour l’an dernier en matière d’éclairage public et de sélection des classes d’éclairage. Il n’y a aucune obligation systématique d’éclairer les espaces publics, mais lorsque c’est le cas, l’éclairage doit respecter les directives de la norme, lesquelles sont établies selon la classification des voiries et de leurs usagers et le niveau d’éclairage qui s’y rapporte. 

Le passage aux leds s’accélère 

Dans le cadre de son « chantier durabilité », le gouvernement flamand s’investit fortement dans la conversion de l’éclairage public à l’éclairage led. Ainsi par exemple, Fluvius, qui gère 1.188.115 points lumineux et a atteint fin 2023 un taux de conversion aux leds de 46,36%, ambitionne de convertir tous les points lumineux de Flandre aux leds d’ici fin 2028, en collaboration avec les administrations locales et avec le soutien de partenaires clés tels que VVSG et Agoria. Sur les 550.798 leds, 352.597 sont interactifs ou équipés d’un module de communication. L’Agence des routes et de la circulation (AWV), qui couvre environ 130.000 points lumineux, a déjà atteint 27%. Niko Smets, directeur des ventes chez Schréder : « Pour l’éclairage fonctionnel, la conversion est rapide. Dans les centres des villes et des communes, cela peut prendre plus de temps du fait de la configuration ou de l’identité de la ville ou commune. » Denis Verhoeven, tunnel manager Phoenix Contact, ajoute : « La situation dans les tunnels est également en plein processus d’accélération. Le remplacement de l’ancienne technologie par un éclairage led automatisé et contrôlé permet d’économiser beaucoup de C02, mais aussi beaucoup d’argent. Sans compter les bénéfices en termes de sécurité. Nous nous concentrons spécifiquement sur le contrôle de l’éclairage et sur la partie évacuation. »

Moins, mais plus sûr

Selon Carolien Willems, directrice générale de Safety Product, l’avenir est à l’éclairage moins abondant mais plus sûr : « Suivant la politique ou la vision de l’éclairage, la volonté est d’une part de lutter contre la pollution lumineuse et d’autre part de contribuer davantage à l’amélioration de la sécurité routière par l’éclairage public. C’est sur les voies de type 1 et 2 (axes régionaux, de transit et d’accès) que le risque de blessures par accident est le plus élevé. Un aménagement routier conçu pour fluidifier le trafic, comme une route régionale, invite souvent à adopter un certain comportement. L’imposition d’une limitation de vitesse ne produit pas toujours l’effet escompté en termes de réduction de vitesse. Nos poteaux flexibles, nos mâts d’éclairage à sécurité passive apportent une réponse à ce problème. De nos jours, ils sont assez fréquemment prescrits dans les documents d’appel d’offres en Belgique. Les poteaux sont évalués sous l’angle de la stabilité et soumis à un crash-test selon la norme européenne CEN 12767. En cas de collision, le poteau perdra sa forme solide et se courbera tel un ruban doux afin de freiner la vitesse du véhicule de manière contrôlée. En 2021, LNEC, un bureau d’études spécialisé du Portugal, et VIAS, l’institut de connaissances indépendant en matière de sécurité routière, ont commencé à mettre au point une étude scientifique visant à évaluer l’influence des mâts de forte absorption d’énergie et à sécurité passive sur la gravité des accidents de sortie de route en Belgique. L’AWV, qui y a collaboré, a mis les données de base à leur disposition. Leur politique contribuera à rendre ces améliorations possibles. Publié en juillet 2023, le rapport démontre que ces mâts ne donnent lieu qu’à des lésions légères. »

Colonne vertébrale multifonctionnelle d’applications intelligentes

Une tendance s’impose dans le domaine : l’avènement du poteau d’éclairage multifonctionnel, c’est-à-dire un poteau qui intègre davantage d’applications ou de technologies intelligentes, comme un point de recharge pour les voitures électriques. Comme ils sont présents en grand nombre, l’éclairage devient leur colonne vertébrale, l’épine dorsale d’une multitude d’applications intelligentes. Niko Smets : « L’industrie continue à travailler sur des standards. Il existe par exemple aujourd’hui des radars standardisés Zagha, c’est-à-dire capables de s’ajouter facilement à des dispositifs d’éclairage prêts à s’équiper de capteurs. Cela nous permet de détecter efficacement les véhicules et les piétons et de garantir une fois encore une grande réactivité en prévoyant à chaque fois le bon éclairage au bon moment. Même l’incorporation de petites caméras figure parmi les futures possibilités. Pour des raisons de sécurité et de confidentialité, les informations seront néanmoins toujours traitées et utilisées sur place par un système informatique de pointe avant de prendre certaines décisions. »

Éclairage connecté

Entretemps, de nombreuses villes et communes sont revenues sur leur décision d’éteindre l’éclairage public durant certaines plages horaires pour réaliser des économies, notamment suite aux critiques émises en termes de sécurité de la population. Les usagers de la route et les riverains exigent en outre un certain confort. L’éclairage connecté offre une solution pour contrôler l’éclairage tout en le rendant plus économique. Niko Smets : « Dans cette optique, la question n’est plus de savoir s’il faut éteindre ou allumer. L’avenir est à l’éclairage intelligent. Un module de communication nous permettra de communiquer avec le ‘cloud’ et de gérer l’éclairage via divers programmes grâce à une plateforme de gestion. Ce système permettra de passer beaucoup plus rapidement d’un scénario d’éclairage à l’autre, contrairement à des adaptations sur site, dans les cabines proprement dites. Les systèmes de gestion de l’éclairage permettront également de contrôler l’éclairage en exploitant diverses sources de données. Pensons à des dispositifs tels que Tomtom et Waze ou à toutes sortes de capteurs qui fournissent des données très précises. Nous pourrons utiliser ces informations en temps réel pour commander l’éclairage de façon rapide et ciblée, en fonction de circonstances actuelles telles qu’un événement, les conditions de circulation ou les aléas de la météo. »

Quant aux fabricants, ils concentrent une fois de plus leurs efforts sur la standardisation. Niko Smets : « Cela nous permettra de réaliser à terme des économies d’échelle. Nous faisons partie du consortium TALQ, qui se focalise sur la normalisation et les tests afin d’améliorer la communication entre les applications smart city. De nombreux acteurs travaillent sur des capteurs et des technologies intelligents. En les interconnectant assez rapidement, nous rendrons l’éclairage encore plus intelligent et efficace. » 

Prochaine étape : l’intelligence artificielle

Grâce à la capture de données combinée à l’IA, l’éclairage connecté sera également capable de prédire l’avenir. En d’autres termes, les scénarios d’éclairage définis seront beaucoup plus flexibles et réactifs aux conditions prévisibles. Niko Smets : « Le tout sans que les usagers en soient affectés ou même conscients. Je pense à l’adaptation de l’éclairage lorsque la vitesse est limitée. L’œil humain ne voit pas toujours si la lumière est allumée à 100 ou même 50%. Les usagers que nous sommes ne s’en rendent pas toujours compte. Il est toutefois bel et bien prouvé qu’une lumière plus abondante permet de voir plus loin et de réagir plus vite. Nous pourrons agir sur ces paramètres dans le futur afin de garantir la sécurité en fonction des circonstances. De tels systèmes ou scénarios d’éclairage fluctuants devront bien sûr être toujours supervisés et contrôlés par un système de gestion de l’éclairage. De même, sur le plan de la maintenance, il sera de plus en plus possible de prédire à quel moment telle ampoule tombera en panne, par exemple, et ainsi d’organiser des interventions préventives et efficaces. » Denis Verhoeven : « Les tunnels nécessitent tout particulièrement de réaliser d’importantes économies et de réduire les émissions de C02, tout en conservant le même confort pour l’usager de la route. Des systèmes de surveillance, de contrôle et de coordination sont déjà fortement déployés pour mesurer précisément la consommation et améliorer ainsi la rentabilité. Les tableaux de bord permettent de visualiser clairement ces informations à long terme ; c’est là que l’IA entre en scène : une optimisation poussée, qui s’appuie sur nos connaissances issues de la pratique et tient compte de toutes sortes d’autres systèmes présents dans et aux abords du tunnel et réactifs aux changements de situation. »

C’est néanmoins toujours à l’être humain qu’il revient de sélectionner les paramètres utiles à l’optimisation de ce système. Et le chemin est encore long. Sans oublier bien sûr la nécessité de prendre en compte la législation, qui évolue plus lentement que les progrès techniques. »

L’esthétique compte aussi

Enfin, qu’est-ce qui bouge sur la scène de l’éclairage décoratif ? Niko Smets : « Les technologies peuvent également se greffer sur ces solutions. Notre plateforme flexible permet aux clients de créer leur propre produit à partir d’un certain standard et d’y ajouter des fonctionnalités. Un travail sur mesure intégral est également possible. Nous avons par exemple élaboré techniquement le concept de l’architecte pour les mâts de l’Operaplein à Anvers. Ou encore réalisé une réplique exacte du lampadaire à gaz de Bruges, protégé par l’Unesco, mais en l’équipant de leds et en la connectant pour permettre une gestion flexible au gré des week-ends et autres festivités. » 


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