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Espace public & Infra

Pont Capitte Le SPW opte pour un ouvrage mobile sur un demi-segment

Mis en service voici près d’un siècle, le Pont Capitte enjambant le canal du Centre historique accuse le poids des ans. Confronté au choix cornélien de son remplacement ou de sa réfection, c’est finalement le scénario le plus radical qui a été retenu par le SPW.

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Lorsque la décision a été prise de se pencher sur le cas du pont Capitte, à la jonction d’Houdeng-Goegnies et de La Louvière, deux options ont été envisagées. Stéphane Vercruysse, responsable de la Direction des ouvrages hydrauliques au SPW : « Celle de la rénovation du pont, ou celle de son remplacement ». Partir d’une page blanche n’était pour autant pas forcément plus facile. « S’il nous a été confirmé que le pont en lui-même n’était pas classé, ce n’était pas le cas du canal et des berges qui sont classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour cette raison, nous avons opté pour un pont disposant d’une travée fixe, et d’une partie mobile ». Mais d’autres contraintes sont venues compliquer la situation : il a fallu tenir compte des aspects urbanistiques, des problèmes de mobilité, de la gestion des impétrants, particulièrement d’une conduite de gaz d’ORES et d’une conduite d’Air Liquide, mais aussi du tracé du RAVeL passant sous l’ouvrage d’art, et enfin, des préoccupations des riverains qui avaient jusque-là leur vue bouchée par l’ancien pont.

Un pont qui se relève en dehors des périodes de pointe

Pour trouver composer avec tous ces éléments, c’est le bureau SBE Engineering de Saint-Nicolas qui a été mandaté par le SPW. « Nous avons déjà réalisé des ponts fixes et des ponts mobiles en Flandre et en Wallonie, mais c’est la première fois que nous nous penchons sur un projet de ce type » explique Guillaume Van Parys, ingénieur de projet senior chez SBE. Un des points d’attention de SBE a été de prévoir un angle suffisant de part et d’autre dans la pente de l’ouvrage de façon à pouvoir disposer de suffisamment d’espace sous l’ouvrage afin de permettre le passage des petits bateaux électriques de tourisme gérés par l’opérateur local sur le canal. Pour les bateaux de gabarit un peu plus important, la partie du pont se relève selon un timing bien précis. Guillaume Van Parys : « Des plages horaires ont été définies pendant lesquelles le pont reste statique afin de ne pas perturber la circulation des véhicules sortant et entrant dans La Louvière. C’est le cas dans les heures de pointe. Tandis que les bateaux touristiques passent plutôt en journée. Afin de limiter les interférences, il a été décidé de tenir compte des deux flux de circulation ».  Pour relever l’ouvrage, deux options sont actuellement étudiées : « La solution des vérins hydrauliques, et celle des vérins électriques, mais quelle que soit l’option retenue, le mécanisme sera dissimulé dans les piliers. Cette décision a été prise pour des raisons de sécurité, mais aussi pour des raisons esthétiques. Tout sera intégré pour préserver l’aspect uniforme de l’ouvrage », explique Guillaume Van Parys.

Un travail sur les berges et sur les axes de pénétration

Le pont sera composé d’acier pour la structure. Les culées et l’unique pile de dimensions restreintes disposée au centre de l’ouvrage seront quant à elles en béton. La technologie est donc totalement différente de celle qui est déployée avec les ponts de type bow-string, sur lesquels les forces sont concentrées sur la structure portant située au-dessus du pont. Le travail de SBE a également porté sur un long tronçon le long des berges, d’un côté avec une promenade, et de l’autre avec le tracé du RAVeL qui présente un profil en légère pente. Cela permettra un franchissement sans encombre que le pont soit ouvert ou fermé. Les aménagements des axes de pénétration de part et d’autre du pont, entre Houdeng-Goegnies et La Louvière, ont eux aussi été étudiés par SBE afin que cette voie de circulation des bus puisse entièrement se prolonger sur le nouveau pont. « Cette voie de circulation dédiée aux bus n’était pas présente sur le pont actuel ; nous avons donc profité du dessin du nouveau pont pour ajouter cette voie de circulation réservée aux bus sur le nouvel ouvrage, en plus des deux voies de circulation réservées aux véhicules, de deux trottoirs aux dimensions réglementaires, et d’une piste cyclable dans chaque sens de circulation ». Pour permettre à tout ce monde de circuler, la largeur de l’ouvrage a été portée à près de 19 mètres. SBE fait ainsi sauter un goulot qui se forme à l’entrée du pont puisque les bus circulant sur le pont actuel n’y disposent actuellement pas d’une bande de circulation dédiée.

Une adjudication vers la fin 2023

Pour financer la réalisation de ce travail de conception, comprenant le design du pont, mais aussi la conception des abords, et la gestion de tout ce qu’il y aura à gérer en aval de cette réflexion, notamment l’avis rendu au SPW à propos des offres des entreprises soumissionnaires, une enveloppe de 6 millions d’euros a été mobilisée, couvrant le travail de recherche et de planification de SBE, mais aussi les frais liés à la mise en place du pont temporaire qui sera installé en attendant la mise en service du nouveau pont Capitte. Le processus d’adjudication devrait être opéré fin de cette année. Et le chantier réalisé en 2024 et 2025. 

Le plan de masse dessiné par SBE Engineering rend compte de la complexité du projet.

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Un espace confortable et sécurisé pour les piétons et les cyclistes sera prévu.

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La situation urbanistique sera améliorée grâce à la suppression des rampes d’accès au pont fixe.

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Guillaume Van Parys, ingénieur de projet senior chez SBE.

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SBE Engineering

Créé dans les années ‘90, SBE Engineering est un bureau d’étude indépendant actif dans le génie hydraulique, le génie civil et les infrastructures, l’urbanisme, l’industrie et les bâtiments et enfin l’électromécanique. Son siège est à Saint-Nicolas, mais l’entreprise est également présente à Namur, Rotterdam et Valence. Ses 200 collaborateurs présentent des profils divers allant des architectes et des architectes-paysagistes, aux ingénieurs en passant par des urbanistes.

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