Monaco gagne 6 ha sur la mer
Monaco: petit Etat, grands travaux. Le projet d’extension en mer de la Principauté de Monaco ne manque pas d’ambition. L’infrastructure maritime de ce vaste chantier a été confiée à Bouygues Travaux Publics, en groupement avec la Sam (société anonyme monégasque) Anse du Portier. L’extension accueillera le premier écoquartier monégasque. Un chantier truffé de balises écologiques et techniques.
La Principauté de Monaco compte 37.550 habitants, un chiffre en hausse de 1,59% en 2016, sur une superficie de 2,02 km2, soit 18.589 habitants/km2. Enclavée sur une bande de terre de 4 km de long entre la France et la Méditerranée, elle a dû adapter son urbanisme à l’exiguïté de son territoire. La rareté du foncier disponible l’a également conduite à s’étendre progressivement sur la mer avec la réalisation de terre-pleins, de plages, du quartier de Fontvieille ou encore de l’extension du port Hercule, pour un total de plus de 40 ha, soit 20% de son territoire.
Un suivi exigeant
Le nouveau projet d’extension s’étend, lui, sur environ 6 ha gagnés sur la mer et qui accueilleront un nouveau quartier. On y trouvera des logements de luxe, des commerces, un agrandissement du Grimaldi Forum, un parking public, des jardins, des espaces et équipements publics.
Il est marqué, dès la phase de conception, par une forte ambition en matière de développement durable et de protection de l’environnement. Encadrée au nord-est par la réserve marine du Larvotto et au sud-ouest par l’aire protégée du tombant coralligène des Spélugues, la construction des infrastructures maritimes fait donc l’objet d’un suivi particulièrement exigeant de la part de la Principauté comme de Bouygues Travaux Publics. Cette dimension écologique se retrouve d’ailleurs dans les finalités du projet, puisque l’extension en mer accueillera l’Anse du Portier, le tout premier écoquartier monégasque.
L’infrastructure maritime qui permettra le développement du nouveau quartier est constituée d’un terre-plein entouré d’une ceinture de protection composée de 18 caissons en béton armé posés sur un remblai sous-marin. Pour réaliser cette extension en mer, Bouygues Travaux Publics a mis au point des méthodes constructives innovantes.
En 7 temps
Sept étapes sont prévues.
◊ Le dragage du fond rocheux. L’objectif est double: retirer les sédiments sous-marins limoneux pour assurer une mise à nu du fond rocheux. Les sédiments sont extraits au moyen d’une benne écologique (étanche) et expédiés dans une zone de traitement à Toulon (centre de traitement Envisan). Le reste du dragage des sédiments en place est assuré par une drague aspiratrice en marche.
◊ Constitution du remblai d’assise. Une fois le fond rocheux dégagé permettant d’assurer une qualité d’assise suffisante
pour la ceinture des caissons, un matériau granulaire spécifique à ce projet (de type 20/180 mm) est déposé par le Simon-Stevin, un navire spécialisé, pour constituer l’assise des caissons. Ce remblai est ensuite compacté en profondeur (jusqu’à -50 m) par la pénétration d’aiguilles vibrantes . Ce procédé permet aux grains de se réarranger en un état plus dense et d’augmenter ainsi la compacité globale du massif de sol d’assise.
◊ Pose des caissons. Destinés à former la ceinture de l’extension en mer, 18 caissons de forme trapézoïdale en béton sont acheminés depuis Marseille et ballastés avec un matériau solide. Ils viennent ainsi reposer sur le remblai d’assise. En toute fin de chantier, ces caissons seront équipés d’un mur chasse-mer, d’un mur casquette et couverts par des dalles.
◊ Protections anti-affouillement. Un talus sous-marin est constitué autour du remblai d’assise par l’installation d’une carapace en enrochements. Il vise à éviter l’érosion des fondations en cas de houle importante.
◊ Remblaiement du terre-plein. Lorsque la ceinture de caissons est achevée, le remblaiement final de l’extension en mer peut commencer. 450.000 m3 de sable marin extraits au nord de la Sicile sont déversés par une drague d’une capacité de 60.000 m3, grâce à un tuyau flottant qui aspire également l’eau chargée en matériaux fins.
◊ Traitement du sol. Avant que les aménagements de la nouvelle plateforme ne puissent commencer, il faut traiter les sédiments en place contre la liquéfaction. Différentes techniques sont employées: vibro-compaction, colonnes ballastées, injections solides par injection de mortier ou encore, des inclusions rigides (insertion de pieux dans le sol). Enfin, les remblais d’apport doivent également être traités. C’est à nouveau la technique de vibrocompactage qui est utilisée pour le matériau 20/180 situé à l’arrière des caissons et pour le sable de Sicile.
◊ Berme. Une partie plane est dégagée au sommet du talus, sur laquelle sont disposés un géotextile et une protection en enrochement renforcée. Objectif: éviter l’érosion directement au pied du caisson.