Le Port d'Anvers-Bruges innove avec un site industriel circulaire
Le Port d'Anvers-Bruges a reconverti les anciens terrains d'Opel situés sur la Noorderlaan à Anvers en site industriel durable. Le NextGen District ne vise pas seulement les entreprises actives dans l'économie circulaire : l'aménagement d'une première partie de ce site de 88 hectares est conçu lui-même dans une optique de durabilité et de circularité maximales. Lors de l'appel d'offres, les entrepreneurs ont été encouragés à proposer des solutions durables et circulaires.
Transition des matières premières, recyclage et durabilité sont les maîtres mots des entreprises que le Port d'Anvers-Bruges a séduites et souhaite continuer à attirer dans le NextGen District. Il est donc logique que l'initiateur lui-même ait également mis l'accent sur l'écologie dans la conception et l'aménagement du site industriel. Pour la conception, l'entreprise portuaire a collaboré avec Arcadis et Witteveen + Bos, tandis que Colas, un entrepreneur en infrastructures, a été impliqué dans l'aménagement. « Arcadis était responsable de l'élaboration du premier plan d'aménagement. Ils nous ont aidés concrètement à définir la disposition générale du site : où implanter la route, comment agencer le terrain, comment assurer une infiltration d'eau adéquate et comment créer une expérience verte satisfaisante sur le site. Le bureau d'études Witteveen + Bos a élaboré des plans détaillés en fonction de ce cadre », explique Dries Van Loock, Manager Dredging & Survey au Port d'Anvers-Bruges.
Asphalte circulaire
Pour l'aménagement du NextGen District, le Port d'Anvers-Bruges a poussé les entrepreneurs intéressés à relever encore plus le niveau de durabilité du site, notamment en proposant des matériaux durables et circulaires et en limitant les émissions de CO2 liées à la réalisation du projet, le tout combiné à des objectifs élevés de qualité. « Au-delà du prix, nous avons pris en compte les propositions des différents entrepreneurs avant d’attribuer le contrat. La créativité et l'expertise des entrepreneurs ont conduit à plusieurs optimisations significatives. Pour la construction de la route en asphalte, par exemple, nous avons dévié du Cahier des Charges Standard 250. La structure de la chaussée est composée d'une fondation en gravier de 2x20 cm, réalisée avec les déchets de démolition des anciennes usines General Motors présentes sur le site. La couche d'asphalte, d’une épaisseur minimale de 21 cm, est construite en trois couches : une couche de profilage, une couche inférieure et une couche supérieure. La couche de profilage et la couche inférieure sont toutes deux constituées d’au moins 8 cm d'asphalte à basse température de type APO -A, tandis que la couche supérieure est en asphalte SMA-C2 de 5 cm. Nous avons utilisé des granulats recyclés à la fois pour l'asphalte des routes et pour celui des pistes cyclables de manière à circulariser l’asphalte. Pour les pistes cyclables, nous avons choisi d'augmenter le pourcentage par rapport aux spécifications du cahier des charges standard », précise Dries Van Loock.
Garantie de qualité
Innover avec des matériaux circulaires et durables est une chose, mais il est normal que le maître d'ouvrage souhaite maîtriser un tant soit peu le risque lié à l'innovation et garantir un certain niveau de qualité. « Nous avons obtenu cette garantie sur NextGen en imposant l'utilisation de la technologie road-IT. À l'aide de scanners et de capteurs, nous avons mesuré la température de l'asphalte posé ainsi que le nombre de passages des rouleaux compresseurs, et avons rendu ces informations visibles pour les opérateurs des machines. Ces données leur permettent de corriger le tir de manière ciblée pendant la pose et d’améliorer ainsi la qualité du résultat final. L'utilisation de ces techniques incite l'entrepreneur à fournir la qualité strictement nécessaire, mais aussi à garantir la meilleure qualité possible et à se voir récompensé en conséquence. Pour nous, cette approche présente l'avantage d’impacter directement la durée de vie de la chaussée en asphalte. Enfin, l'entrepreneur Colas nous a offert la possibilité d'utiliser de l'asphalte à basse température avec une certification COPRO et d'apporter des modifications au programme d'essais si nécessaire", déclare Dries Van Loock.
Réduction des émissions de CO2
Colas a également fait preuve de créativité circulaire
pour les produits en béton. Les éléments linéaires ont été réalisés en béton à
plus haute teneur en matériaux recyclés, les fondations en béton maigre intègrent
dans leur fabrication des matériaux 100% recyclés et les tuyaux d'égout sont en
béton sulfurique, une variante de béton sans ciment. Pour les produits
préfabriqués en béton, tels que les bordures et les pavés, un géopolymère a été
utilisé comme substitut du ciment.
En plus d’exiger la proposition de matériaux durables, le Port d'Anvers-Bruges a imposé d'autres critères de durabilité dans le cahier des charges, tels que la réduction des émissions de CO2 grâce à l'utilisation de matériel moderne et à la limitation des distances de transport. « En l’occurrence, le chantier et le site de production de Colas n’étaient distants que de 11 km. De plus, le choix de matériaux recyclés pour la composition du béton et de l'asphalte, ainsi que l'utilisation de béton sulfurique ont sensiblement contribué à réduire les émissions de CO2. Pour le parc de machines, l'entrepreneur a fait l’effort d’installer des panneaux solaires et une éolienne », ajoute Dries Van Loock.
Tremplin vers une approche pratique
L’exigence de durabilité n'était pas une
nouveauté pour le Port d’Anvers. « Nous essayons d'intégrer des critères
de durabilité dans de nombreux cahiers des charges. Nous recherchons toujours
un équilibre entre ambition et réalisme. Le cahier des charges pour NextGen constituait
toutefois un bon test pour expérimenter certaines choses et discuter avec les
entrepreneurs potentiels. À terme, nous aimerions certainement étendre cette
approche. Nous avons d’ailleurs l’ambition d'intégrer structurellement la durabilité
et la circularité dans nos travaux d'infrastructure. Nous testons actuellement
plusieurs outils tels que le GRO et l’échelle de performance CO2 et
nous examinons lesquels de ces instruments nous exploiterons systématiquement
pour atteindre nos objectifs en matière de climat et de durabilité »,
conclut Dries Van Loock.
Le NextGen District s'inscrit pleinement dans
les ambitions de durabilité du Port d'Anvers-Bruges. Les entreprises qui
s'installent sur le nouveau site industriel sont toutes actives dans la
réutilisation des matières premières. L'objectif est qu'elles ne le fassent pas
isolément, mais que les flux résiduels de telle entreprise puissent être
revalorisés pour telle autre. « Actuellement, cinq entreprises ont signé
un accord de concession pour s'installer sur le site NextGen. Le premier permis
d’environnement a été délivré, les autres sont en cours de demande. Notre Port
d'Anvers-Bruges favorise la création d'un ‘écosystème NextGen’, où les
entreprises se rencontrent afin de concrétiser les synergies souhaitées »,
explique Dries Van Gheluwe, Business Development Advisor au Port
d'Anvers-Bruges.