Le complexe routier de l'avenue Hector Henneau reçoit les premiers ponts routiers en acier Corten
Le R0 est le théâtre de travaux routiers de toutes sortes depuis plusieurs années. Actuellement, « De Werkvennootschap » mène déjà des actions à gain rapide en amont de la rénovation du ring proprement dit. Après la construction d'un pont cycliste à Zaventem, le réaménagement de l'échangeur routier 6 à Vilvorde et la construction d'un écorécréaduc à Hoeilaart, une quatrième action à gain rapide est sur le point d'être achevée. Le pont routier de l'avenue Henneau a été remplacé par deux nouveaux exemplaires en acier Corten. Un projet remarquable, puisqu'il s'agit du premier pont routier en acier Corten dans notre pays.
« L'ancien
pont de l'avenue Henneau datait des années 1970 et devait être remplacé de
toute urgence. Pour répondre également à nos ambitions pour le R0 (des routes
plus sûres, une meilleure fluidité du trafic et un environnement agréable pour
les personnes et les animaux), nous avons opté pour une solution qui offre deux
fois plus d'espace. Le nouveau croisement du R0 se compose de deux ponts : un
pont routier avec des voies séparées pour le trafic motorisé et une voie de bus
libre dans les deux sens pour les transports publics. Le second pont, plus
petit, accueillera une piste cyclable et une voie piétonne, ainsi qu'un
écopassage (zone verte) pour les animaux et les plantes. Outre la construction
des nouveaux ponts, les environs immédiats du complexe routier sont en cours de
réaménagement, avec notamment l'aménagement d'un nouveau parc », a
expliqué Marijn Struyf au nom de « De Werkvennootschap ».
Construit sur la
base de connaissances étrangères
Le principal
acteur de la transformation du complexe routier est le BESIX Group, plus
précisément les sociétés BESIX, BESIX Infra et Socogetra. Le gestionnaire de
projet Christoph Klingeleers n'a pas eu de mal à construire les ponts en métal
spécial. « Nous avons l'avantage de ne pas construire uniquement en
Belgique. Des ponts routiers en acier Corten ont déjà été construits dans
d'autres pays. Dès la phase d'appel d'offres, nous avons pu consulter des
collègues qui avaient de l'expérience dans ce matériau », explique-t-il.
« Si l'on considère le travail avec l'acier Corten d'un point de vue
objectif, il n'y a pas grand-chose de spécial à ce niveau. Il est important de
noter que les opérations standard de travail de l'acier ne peuvent pas être effectuées
avec l'acier Corten. Par exemple, les travailleurs ne doivent pas écrire les
mesures sur l'acier avec la craie habituelle, car ces notes resteraient
visibles pendant toute la durée de vie du pont. En outre, le constructeur
Smulders a utilisé un fil de soudure différent et les ponts ont été sablés en
une seule fois avant de quitter l'atelier. Cela a permis de garantir une
décoloration uniforme du pont. »
Le jumeau
numérique au service de l'entretien
La division
Expertise béton et acier (EBS, « Expertise Beton en Staal ») du
département Mobilité et Travaux publics, en collaboration avec SECO, a suivi de
près le processus de conception et de production du pont. En effet, elle sera
bientôt chargée de surveiller et d'estimer les besoins d'entretien du pont.
« L'acier Corten étant également un nouveau matériau pour EBS, le service
ne peut pas s'appuyer sur les techniques de surveillance connues. Il fallait donc
trouver de nouvelles solutions pour assurer le confort et la confiance. Ainsi,
le pont a été peint de l'intérieur afin de pouvoir vérifier ultérieurement les
éventuels défauts lors d'inspections visuelles. Nous avons également créé un jumeau numérique du pont. Le pont
physique est truffé de capteurs qui mesurent toutes sortes de tassements et de
déformations, ainsi que l'épaisseur de l'acier. Les résultats de ces mesures
peuvent être contrôlés dans le modèle numérique », explique Christoph
Klingeleers.
Une base solide
Les nouveaux
ponts n'ont pas été les seuls à nécessiter de l'inventivité. Les ponts
existants étaient recouverts d'un revêtement en amiante. Celui-ci a dû être
soigneusement enlevé avant la démolition des ponts. Christoph Klingeleers à ce
sujet : « Nous avons pu envelopper hermétiquement la plus grande partie du
pont sans interrompre le trafic et retirer le revêtement contenant de l'amiante
conformément aux directives en vigueur. Cela a nécessité un peu de réflexion
sur les différentes zones, en particulier la zone située au-dessus des bandes
d'arrêt d'urgence. Nous avons réussi à résoudre ce problème en déplaçant l'axe
du R0 vers le terre-plein central. Nous avons enlevé le revêtement de la travée
centrale après avoir soulevé cette section du pont dans notre zone de
chantier. »
Peu de temps
après le début des travaux, il est apparu que la capacité portante du sous-sol
du site de construction était très faible. « Lors de la phase de
conception, les accès et sorties ont été prévus sur des matelas de pieux avec
des pieux à vis et en partie sur des zones avec un drainage vertical. Les
résultats des nouveaux sondages effectués après l'abattage des arbres ont
montré que la capacité portante était encore plus mauvaise que ce qui avait été
mesuré précédemment. Les pieux à vis prévus devraient être deux fois plus longs
pour avoir l'effet escompté et les lames ne suffiraient pas à drainer
suffisamment pour améliorer la capacité portante. Comme nous devions fabriquer
25 000 m de pieux, cela aurait eu un impact important sur le calendrier et le
budget. Nous avons résolu ce problème en améliorant le sol à l'aide de pieux de
gravier. Ils ont également l'avantage de contribuer au drainage des eaux
souterraines. Les ponts eux-mêmes ont été construits sur des pieux vibro plutôt
que sur des pieux à vis. Ils offrent une plus grande capacité portante et
peuvent absorber une plus grande force transversale à la même
profondeur. »
Recherche de la
simplicité
Un autre aspect
auquel l'entrepreneur a accordé une attention particulière est celui des
piliers en béton apparent. « Ils sont grands et encombrants. Comme nous
les coulons en une seule fois, on ne veut pas qu'il y ait de problème. C'est
pourquoi nous avons étudié minutieusement le coffrage et le mélange de béton et
nous avons surveillé le béton pendant et après le coulage afin de déterminer
avec précision le moment du décoffrage. Cette étude a pu être réalisée en
interne, car BESIX dispose de ses propres spécialistes », précise Christoph
Klingeleers.
Un autre tour de force que l'entrepreneur a réalisé en interne a été de repenser l'opération d'enfoncement [CP1] pour la deuxième section du pont. Pour être conduite du site de préassemblage à son emplacement final, il fallait passer sous le nouveau pont. « Le cahier des charges prévoyait une opération particulièrement complexe avec plusieurs échangeurs. Grâce à une prouesse technique consistant à placer les vérins sur les camions de transport (Kamag), nous avons pu simplifier considérablement la procédure et la réaliser en 16 heures au lieu des 34 heures prévues », explique Christoph Klingeleers.
BESIX a collaboré
avec Smulders pour la construction des ponts. Le constructeur métallique a
assemblé le petit pont pour cyclistes et piétons dans son atelier de Hoboken.
Il y avait suffisamment d'espace pour les disposer. Dans l'atelier, le pont a
été assemblé en 18 sections de 4,5 x 24 m (80 tonnes). Après le transport
routier, ces sections ont été assemblées pour former le pont final sur un site
de préassemblage le long du R0. Les soudures entre les sections ont été sablées
sur le chantier.
En ce qui
concerne le grand pont, le constructeur métallique a suivi le même scénario
depuis son atelier d'Arendonk. Ce pont a été transporté à Bruxelles en 24
sections.
Smulders a
recouvert de peinture l'intérieur des poutres-caissons du pont. Un défi, car le
point le plus haut du pont fait à peine un mètre et demi de haut à l'intérieur,
le point le plus étroit faisant 40 cm de haut. Pour assurer la sécurité dans ce
petit espace clos, des trous d'homme supplémentaires ont été prévus au sommet à
des fins d'évacuation et de ventilation.
La construction
du pont et le réaménagement de l'échangeur routier nécessitent une logistique
de chantier importante. « Les transports terrestres ont été les plus
importants. Nous avons dû stocker temporairement des sols et apporter environ
110 000 m³ supplémentaires. Pour limiter les mouvements de transport, nous
avons loué des terrains vagues dans un rayon de 2 km autour du chantier pour le
stockage des sols. De cette manière, les distances de transport ont été
limitées, nous n'avons pas sollicité davantage le ring et nous n'avons pas été
confrontés à des embouteillages. Une anecdote amusante : le centre de trafic
surveille en permanence la circulation sur le ring et les travaux du complexe
routier n'ont pas provoqué de bouchons supplémentaires. »
BESIX a également
travaillé de manière réfléchie pour les coulées de béton. « Nous avons
sélectionné un fournisseur disposant de deux centrales (une de chaque côté de
Bruxelles), afin de pouvoir changer rapidement de centrale en cas de problèmes
de circulation. De plus, pour les grandes coulées, nous avons commencé dès 3
heures du matin, afin qu'elles soient prêtes avant l'heure de pointe du
matin. »
Client :
« De Werkvennootschap »
- Conception du pont : MoVeRo
- Études de mise en œuvre : SBE
- Structure en acier : Smulders
- Entrepreneur principal : BESIX
- Début des travaux : 04/2021
- Fin des travaux : 05/2024
- Poids total des deux ponts : 2 350 tonnes d'acier