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La Confédération Construction en ordre de bataille pour 2019

Le 21 juin 2019, juste avant les congés du bâtiment, la Confédération Construction organisait sa traditionnelle conférence de presse. Au menu: les perspectives pour l’année à venir et, comme plat de résistance, un plan en 5 points pour la transition énergétique des bâtiments. Le tout rendu plus consistant par un contexte budgétaire et politique particulièrement tendu.

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Le verre à moitié plein pour commencer: le secteur de la construction prévoit une croissance de 2,5% en 2019. C'est beaucoup mieux que la croissance économique générale dans notre pays, qui est estimée à 1,4% cette année, mais c’est nettement moins que la croissance de 3,3% observée en 2018. Selon le bureau d’étude de la Confédération, la construction de nouveaux logements augmentera légèrement cette année, tandis que la construction non résidentielle et le génie civil devraient augmenter plus fortement.

La construction compte encore 12.600 postes vacants, soit  l’un des taux de vacance les plus élevés du pays. (© Pop & Zebra)

En ce qui concerne la construction résidentielle, le nombre de permis diminuera par rapport à 2018, ce qui est logique au vu de l'entrée en vigueur de normes énergétiques plus strictes en Flandre l’année dernière. «Néanmoins, la construction de logements neufs augmentera encore de 1,5% en 2019, contre 2,5% en 2018. Il en ira de même pour la construction et la rénovation de bâtiments non-résidentiels qui augmenteront de 2,5% cette année, après une hausse de 1,5% en 2018. Enfin, 2019 devrait encore être une belle année pour le génie civil pour lequel une croissance de 5% est attendue (contre 10% en 2018) si les quelques grands projets actuellement dans les cartons (l'Oosterweel à Anvers, le tram à Liège, le RER à Bruxelles et ses alentours, sans oublier la rénovation des tunnels de la capitale) sont mis sur les rails comme prévu», énumère Paul Depreter, président de la Confédération Construction.

La construction dispose du savoir-faire mais manque d’effectifs pour le mettre en œuvre

Le verre à moitié vide ensuite: si au cours du premier trimestre 2019, 1.000 travailleurs supplémentaires ont rejoint le secteur (600 salariés et 400 indépendants), celui-ci compte encore 12.600 postes vacants. «Notre secteur a le taux de vacance le plus élevé juste derrière le secteur IC: il s'élève à 5,8%, alors que la moyenne nationale est de 3,6% », déplore Robert de Mûelenaere, administrateur délégué de la Confédération Construction. Cette situation est d’autant plus dommageable que le secteur entend contribuer largement à l'accélération de la transition énergétique des logements et des bâtiments. «Si nous voulons parvenir à une véritable révolution énergétique, il faut non seulement que la demande pour de telles interventions s'accroisse, mais encore devons-nous veiller à ce que la production suive.» Or la pénurie de travailleurs qui touche de plein fouet le secteur de la construction n’est pas de bon augure. «L'éducation, la formation et le reclassement, qui sont tous des compétences régionales, sont donc nécessaires pour garantir que la construction dispose de suffisamment de main-d’œuvre pour faire face dans de bonnes conditions à cette révolution énergétique. Pour ce faire, le secteur devra travailler encore plus étroitement avec les agences pour l'emploi et l'enseignement», conclut Robert de Mûelenaere.

Pourquoi s’échiner à rénover de vieilles passoires thermiques quand un taux de Tva de 6% sur la démolition-reconstruction inciterait à opter pour cette dernière solution? (© Henry & Co).

Des mesures qui ne coûteront pas très cher à la collectivité mais qui peuvent rapporter gros

Comme une grande partie des citoyens de ce pays, le secteur se mobilise aussi pour répondre aux défis climatiques. La Confédération Construction a ainsi annoncé cinq mesures qui seront abordées plus en en détail lors des négociations gouvernementales.
Une première mesure est de nature fiscale et requiert la généralisation du taux de Tva de 6% sur la démolition-reconstruction, y compris pour la vente des logements construits après démolition. Les consommateurs seraient dès lors moins enclins à opter d'office pour une rénovation parce que celle-ci leur revient moins cher en termes de Tva que la démolition-reconstruction. La Cour des comptes a estimé le coût de cette mesure à 100 millions d'euros; pas la mer à boire si on estime les bénéfices pour la collectivité, sachant que près des ¾ des logements belges datent d’avant 1945…
Mais attention à ne pas reprendre de la main droite ce qu’on a accordé de la main gauche… «Afin d'éviter qu'une rénovation énergétique n'entraîne une révision du revenu cadastral et donc une augmentation de la fiscalité du logement, nous demandons avec insistance que le RC ne soit pas augmenté après ce type d'interventions», prévient Robert de Mûelenaere.

En appeler au sens de l’intérêt collectif des organismes financiers

L’argent étant le nerf de la guerre, il sera également crucial de faciliter le financement de la rénovation énergétique. «Lors de l'achat d'un logement, on utilise souvent l'intégralité du crédit emprunté pour financer l'achat du bien en question. Il faudrait donc pouvoir augmenter la capacité d'emprunt des acheteurs. Cela peut se faire en appliquant des taux d'intérêt verts, comme le recommande d'ailleurs l'Europe, mais aussi en intégrant l'impact de la facture énergétique dans la capacité de remboursement. Ces mesures n'ont pas de coût budgétaire en soi, mais elles obligent les autorités publiques à faire pression sur les organismes financiers pour qu'ils agissent en ce sens.» Dans le même ordre d’idée, la Confédération Construction demande d'encourager le système du tiers payant pour les travaux bénéficiant à la valeur énergétique des logements.

De nombreux investissements rentables et d’autres qui pourraient le devenir

Le secteur plaide en outre pour une campagne d'information à grande échelle pour mettre en avant la rentabilité élevée de toute une série d'investissements énergétiques. Cette rentabilité est en effet supérieure à celle de la plupart des placements – et le temps d’amortissement bien plus court – surtout si on considère les taux d'intérêt extrêmement bas dont les emprunteurs bénéficient pour financer les rénovations en question.
Enfin, une collaboration avec les régions est impérative. «Encourager d'autres investissements, qui ne sont pas suffisamment rentables, nécessite des politiques de soutien, telles que subventions et primes, afin que ces investissements puissent être rentables. On peut également imaginer des initiatives législatives pour les rendre obligatoires», poursuit Robert de Mûelenaere.
Encore faut-il, bien sûr, avoir quelqu’un avec qui discuter. Et si tous les partis ont validé les propositions de la Confédération Construction, c’était avant les élections…
 

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