À Hamme, abaisser une digue pour dompter les eaux
Une digue sert normalement à retenir l’eau. Mais à Hamme, De Vlaamse Waterweg s’écarte de ce principe. Dans le cadre du plan Sigma, le gestionnaire des eaux abaisse une partie de la digue de l’Escaut pour créer une capacité tampon supplémentaire en cas de marées hautes ou de fortes pluies. Ironie du sort, c’est justement l’eau de pluie qui pose le plus grand défi lors de ces travaux de réduction de la digue.
À Hamme, l’Escaut se dote de deux zones d’inondation, « Wal » et « Zwijn », destinées à prévenir les inondations dans la région. Ces zones fonctionnent avec une marée contrôlée et réduite. Grâce à une écluse d’entrée, elles reçoivent à chaque marée un volume d’eau, créant ainsi un écosystème naturel unique. En période de hautes eaux, l’eau de l’Escaut s’écoule dans ces zones par-dessus une digue de débordement. L’entreprise de travaux hydrauliques Herbosch-Kiere a entamé ce printemps la construction de cette digue de débordement de 1,8 km de long. Cependant, « construction » n’est peut-être pas le mot le plus approprié, car l’entrepreneur abaisse en réalité une digue existante.
Une technique de réduction ingénieuse
« Nous retirons une partie de la digue pour permettre à l’eau de l’Escaut de la franchir lors des tempêtes et des pluies extrêmes. En parallèle, nous réduisons l’inclinaison des talus du côté terrestre pour que l’eau s’écoule plus calmement dans la zone d’inondation. La pente passe ainsi de 20° à 30° à environ 11°, soit 20/4 », expliquent Geert Baert, chef de projet, et Joran Haegebaert, chef de chantier.
Une autre mesure pour éviter l’érosion de la digue consiste à appliquer une couche d’asphalte poreux fibré. « Après avoir remodelé le corps de la digue, nous posons un géotextile sur lequel nous appliquons une couche de 12 cm de cet asphalte poreux. Par-dessus, une couche de finition en terre végétale est ajoutée. Si cette couche devait s’éroder, l’asphalte protégerait la digue contre une dégradation supplémentaire. »
Des travaux de précision entre les digues
Le remodelage de la digue exige une précision extrême, assurée par des outils pilotés par ordinateur et GPS. « Durant la phase préparatoire, nous avons cartographié numériquement la zone du projet et intégré ces données dans un modèle 3D. Ce modèle nous a permis d’identifier avec précision les surplus de terre et les déficits pour le remodelage de la digue. Nous l’utilisons aussi pour guider précisément les engins. En pratique, nous déplaçons les surplus de terre vers les zones déficitaires. Toutefois, ce déplacement ne suffira probablement pas, et il faudra importer des matériaux supplémentaires », précise Joran Haegebaert.
L’excavation et le déplacement des terres ne sont pas des tâches particulièrement complexes en elles-mêmes, mais les conditions météorologiques compliquent fortement les travaux. « Entre octobre 2023 et juin 2024, il est tombé environ 920 l/m² de pluie, contre 550 l/m² pour la même période l’année précédente. Cet excès d’eau engendre des difficultés incroyables. Pour éviter l’arrêt des travaux, nous avons construit une digue temporaire côté terre, permettant aux grues à chenilles de fonctionner. Même sur cette digue, nous devons poser des plaques pour éviter que les machines ne s’enfoncent. L’eau accumulée entre la digue de l’Escaut et la digue temporaire est pompée vers une zone plus basse à l’intérieur des terres. Ce sont des conditions exceptionnelles, comme je n’en ai jamais vues en 30 ans chez Herbosch-Kiere », témoigne Geert Baert. Pour empêcher l’eau de l’Escaut de déborder sur la partie déjà achevée de la digue de débordement, une digue d’urgence temporaire a été installée.
Une solution pour les insectes nuisibles
Outre l’abaissement de la digue, la mission de Herbosch-Kiere comprend le remodelage de 400 mètres de digue, la construction d’une piste cyclable et piétonne, ainsi que l’installation de pièges à moucherons. « Ces insectes sont apparus dans la région après le dépolderage de Groot Schoor, la première phase du plan Sigma dans cette zone. Les petits moucherons causent des nuisances. De Vlaamse Waterweg prévoit de les combattre en installant des pièges sur la digue de débordement. Ces pièges, de simples bacs d’eau éclairés, attirent les moucherons qui restent piégés dans l’eau. Chaque piège est équipé d’un panneau solaire pour alimenter l’éclairage. En outre, un chenal supplémentaire a été creusé dans Groot Schoor pour accélérer l’évacuation de l’eau », concluent Geert et Joran.