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Durabilité

Une solution BIM pour la déconstruction

Et si le digital pouvait être mis au service de la déconstruction? C’est ce que Suez et Resolving ont imaginé en mettant au point batiRIM, un dispositif utilisant une sorte de BIM inversé. La solution se base sur la modélisation numérique pour analyser en amont le potentiel d’un bâtiment, et ainsi mieux organiser et valoriser sa déconstruction.

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Gerd Altmann

Après le BIM (Building Information Modeling), voici à présent le RIM ou Ressource Information Modeling! Comme son nom l’indique, cette solution digitale utilise la modélisation non pas pour la construction des bâtiments, mais pour leur déconstruction et la valorisation de leurs ressources.
On en doit l’initiative au Groupe Suez et à Resolving, une Pme française spécialisée dans la conception d’outils et de services digitaux pour les métiers de l’industrie et de la construction. Tous deux se sont réunis pour développer l’outil RIM et mettre au point, en 2018, batiRIM, une démarche anticipatrice et systémique basée sur cette solution digitale. Objectifs: optimiser la déconstruction et développer l’économie circulaire dans le secteur du bâtiment.  
Comme l’explique Marie-Dominique Bogo, directrice du projet batiRIM, «tout est parti du constat qu’il n’existait pas de dispositif pour analyser les matériaux lors des chantiers de déconstruction». Pour remédier à cela, les créateurs de batiRIM ont imaginé un outil semblable à un BIM inversé, qui repose sur la cartographie du bâtiment et le diagnostic de ses ressources.

Inventaire qualitatif et quantitatif


L’inventaire est réalisé par un ingénieur équipé d’une tablette sur laquelle il relève et localise les différents éléments récupérables. (© batiRIM)

L’inventaire s’effectue sur la base de plans 2D ou 3D du bâtiment qui sont intégrés dans une interface numérique. A l’aide d’une tablette, un opérateur relève et localise les différents éléments de la construction qui peuvent être réemployés, réutilisés ou recyclés. Cette tâche est confiée à des ingénieurs capables d’analyser le bâtiment de façon holistique et de détecter rapidement le potentiel de ses différents composants.
«Une fois les éléments inventoriés, l’outil numérique se charge de calculer les surfaces et de générer des fiches produits. Celles-ci sont stockées dans une base de données interactive et peuvent ensuite être partagées avec des grossistes ou des plateformes de vente spécialisées», précise Marie-Dominique Bogo.

Encourager l’économie circulaire


L’interface numérique de batiRIM permet de rassembler et partager de nombreuses informations sur les éléments présents dans le bâtiment. (© batiRIM)

La solution proposée par batiRIM permet ainsi d’avoir un inventaire assez précis du bâtiment et de le partager avec d’autres acteurs du secteur pour encourager l’économie circulaire. «C’est aussi un outil d’aide à la décision pour les maîtres d’ouvrage, car ils peuvent notamment connaître la quantité et l’état de chacune des ressources (et donc leur potentiel) avant même le début des chantiers de déconstruction», ajoute la directrice de batiRIM. De plus, le RIM renforce la sécurité de ceux-ci grâce à l’identification et la localisation d’éventuelles substances nocives (type amiante). Il s’inscrit également dans le cadre des futures règles environnementales, qui prônent de plus en plus la valorisation des déchets de chantier.

Vers des pièces normées

L’objectif de batiRIM est qu’à terme, son dispositif d’identification et de partage des matériaux génère une meilleure maîtrise de la déconstruction et débouche sur des gains de temps et d’argent pour ses utilisateurs. «En un an et demi, nous avons analysé près de 200.000 m2 avec batiRIM, sur des chantiers allant de 800 à 70.000 m2», précise Marie-Dominique Bogo. «Pour l’instant, la solution reste un investissement pour les plus petits sites, mais l’amortissement sera de plus en plus rapide lorsque la filière sera plus développée.»
batiRIM souhaite en effet contribuer à l’organisation et l’industrialisation du secteur de la déconstruction en France. Marie-Dominique Bogo fait le pari que d’ici 5 à 8 ans, on parviendra à normer les matériaux et éléments récupérés dans les bâtiments comme c’est déjà le cas pour les pièces dans l’automobile ou l’aviation. Cela permettrait une utilisation plus systématique et sûre des produits de seconde main, et favoriserait tant l’économie circulaire que le recours aux acteurs locaux.

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