Menuiserie extérieure : durcissement des normes énergétiques, tendances esthétiques, numérisation et durabilité passent à l’avant-plan
La menuiserie extérieure n’échappe pas à l’évolution des exigences du marché. Cette activité a subi une transformation considérable au cours de ces dernières années, notamment sous l’effet conjugué des normes énergétiques plus strictes, des tendances esthétiques, de la numérisation et du développement durable. Nous nous penchons sur certaines des évolutions les plus importantes et sur la manière dont les fabricants y répondent.

Qu’entend-on tout d’abord par menuiserie extérieure ? Concrètement, ce terme désigne, selon notre définition, l’ensemble des éléments constructifs fixes et mobiles qui sont montés dans l’enveloppe d’un bâtiment et referment ou encadrent une ouverture. Ces éléments font la transition entre l’intérieur et l’extérieur et jouent un rôle crucial en termes d’isolation, de sécurité, de luminosité, de ventilation et d’esthétique.
Nous constatons que certains matériaux sont très récurrents, la part belle revenant à l’aluminium, au bois et au PVC, avec de temps à autre l’audace d’une combinaison. Pensons par exemple au duo bois-aluminium. Nous assistons aussi à l’émergence de l’acier (coûteux), même s’il s’agit encore d’un produit de niche.
Durabilité et circularité des matériaux
On ne s’étonnera guère d’apprendre qu’une évolution claire et nette est en marche vers une durabilité toujours accrue et l’utilisation de matériaux circulaires. Les menuiseries extérieures sont de plus en plus souvent réalisées à partir de matériaux recyclés ou renouvelables. Une démarche qui s’inscrit dans la logique de l’économie circulaire et la demande grandissante de solutions de construction respectueuses de l’environnement.
Pas besoin de chercher loin pour trouver des exemples. Il est logique que l’aluminium soit très prisé puisqu’il est recyclable en grandes quantités. Un producteur tel que Reynaers Aluminium utilise jusqu’à 75% d’aluminium recyclé pour ses profilés de fenêtres, qui conjuguent en outre la durabilité à d’autres atouts. Citons notamment la grande facilité d’entretien et la résistance à la corrosion, associées à une grande solidité et à la possibilité de jouer la carte du design moderne et minimaliste grâce à la commercialisation de profilés ultrafins.
Cette philosophie s’illustre tout aussi bien dans la popularité croissante de l’Accoya, qui recourt à l’acétylation du bois : cette méthode consiste à imprégner d’anhydride acétique du pin radiata, une essence de bois tendre à croissance rapide issue de forêts gérées durablement, afin de le modifier pour atteindre les plus hautes classes de durabilité. Ce processus chimique présente l’intérêt d’être non toxique, conférant à ce bois des caractéristiques semblables à celles du bois dur (tropical). Sa production fait par ailleurs appel à du bois de pin à croissance rapide issu de forêts gérées durablement. Le produit final peut être traité avec des systèmes de peinture couvrante et transparente, intumescente, semi-intumescente ou non intumescente. Détail sympa : sans finition, l’Accoya grisonne exactement comme les essences de bois naturelles à usage extérieur.
Menuiserie extérieure intelligente
Cela peut sembler étrange à première vue, mais la menuiserie extérieure n’échappe pas non plus à l’essor de l’ « intelligence ». On assiste par exemple à l’émergence de capteurs intégrés, de commandes automatiques (comme la protection solaire ou la ventilation) ainsi qu’à une connectivité à des systèmes de domotique. La menuiserie extérieure intelligente désigne les ouvertures de portes ou de châssis sophistiquées (comme les fenêtres, portes, portes coulissantes, systèmes de façade), équipées de technologies ou de systèmes qui réduisent la consommation d’énergie, augmentent le confort et/ou améliorent la sécurité. Il s’agit de combiner la menuiserie traditionnelle à des fonctions modernes, intelligentes.
Les menuiseries extérieures intelligentes présentent plusieurs caractéristiques communes évidentes. Citons la recherche d’efficacité énergétique, l’utilisation de matériaux hautement isolants (triple vitrage, profilés à rupture de pont thermique,… ), la protection solaire intelligente ou le verre à transmission lumineuse variable, l’automatisation et la connectivité, ou encore les portes ou fenêtres à commande électronique et leur intégration dans des systèmes smart home. Autant d’avancées fortement axées sur la sécurité, avec entre autres des serrures intelligentes, des contrôles d’accès ou des détections d’effraction et autres signalements d’anomalies. Le confort et la facilité d’utilisation se traduisent également de diverses manières, notamment par des dispositifs antibruit et régulateurs de température, voire une ventilation automatique adaptée aux niveaux de CO₂ ou au degré d’humidité. En un mot, la menuiserie extérieure intelligente est une combinaison de savoir-faire traditionnel et d’innovations numériques et durables axée sur le confort, l’efficacité et la sécurité.
Un premier bel exemple nous est fourni par Velux Active. Cette solution connecte des produits motorisés les uns aux autres, permettant à des stores et des volets roulants de protéger automatiquement une habitation contre les chaleurs excessives en ouvrant les fenêtres de toit pour laisser entrer une petite brise et maintenir une qualité d’air saine, le tout commandé à l’aide d’une application dédiée (Netatmo).
Un fabricant tel que Renson, spécialisé dans la ventilation et les revêtements de façade, combine quant à lui des panneaux de façade avec des systèmes de ventilation intelligents. Des solutions intégrées allient quant à elles esthétique et fonctionnalité, les systèmes étant conçus pour garantir un climat intérieur sain, augmenter l’efficacité énergétique et offrir une grande liberté architectonique.
Efficacité énergétique et construction passive
Les valeurs U (coefficient de transmission thermique) étant par ailleurs de plus en plus basses, il n’est plus rare aujourd’hui d’équiper les menuiseries extérieures de triple voire de quadruple vitrage. Les profilés sont conçus avec rupture de pont thermique, l’accent étant plus que jamais mis sur l’étanchéité à l’air.
Une fois encore, les exemples ne doivent pas être cherchés très loin. Internorm propose une fenêtre (KF 120) à ouvrant intégré (le cadre disparaît optiquement) avec une valeur U allant jusqu’à 0,63 W/m²K. Grâce à un revêtement spécial sur le verre, les composants bleus du spectre lumineux sont en outre de plus en plus transportés par le verre et procurent ainsi jusqu’à 10% de luminosité naturelle en plus. De quoi non seulement alléger les pièces, mais aussi augmenter l’efficacité énergétique du bâtiment et émettre – selon le fabricant – jusqu’à 11% de CO2 en moins. Schüco commercialise pour sa part un châssis en aluminium certifié pour les maisons passives (AWS 90.SI+). Ce système de fenêtre super isolante concilie les exigences de construction physiques à une liberté de conception architectonique maximale, comprenant une isolation thermique optimalisée et une certification pour maisons passives. Résultat : une souplesse de conception pour la réalisation de bâtiments à vocation esthétique et économes en énergie.
Minimalisme et esthétique
Une autre tendance très marquée est celle de la menuiserie minimaliste. Elle consiste à rendre les profilés de fenêtre aussi étroits que possible pour une luminosité maximale et un look épuré.
Cortizo propose notamment COR Vision Plus, un châssis coulissant dont l’épaisseur de profilé visible n’est que de 25 mm. Il s’agit ici d’un système de porte coulissante minimaliste conçu pour les grandes baies dont la surface vitrée atteint 94%. La luminosité naturelle est donc maximale et les éléments en aluminium réduits au minimum. On trouvera un autre exemple du genre chez Sky-Frame, dont les systèmes coulissants sans cadre font littéralement disparaître le châssis dans le sol, le mur et le plafond. Ce système de porte coulissante ultrafin en aluminium est dépourvu de cadres ou de larges montants qui gênent le panorama. Ce système de porte coulissante offre une vue maximale du sol jusqu’au plafond ainsi que d’un mur à l’autre. Le cadre qui y est dissimulé avec les rails constitue une solution à la fois esthétique et très pratique du fait de l’absence de seuils. Le meneau vertical large de 20 mm entre les deux éléments coulissants est la seule partie visible du modèle Sky-Frame.
Matériaux hybrides et nouvelles combinaisons
On remarquera également le développement des combinaisons d’aluminium, de bois et de plastique visant à conjuguer performance et esthétique et à obtenir le meilleur des deux mondes : le pouvoir isolant du bois ou du PVC et la durabilité de l’aluminium.
Il n’est pas rare de voir des réalisations associant le bois côté intérieur et l’aluminium côté extérieur. Le bois fournit une ambiance chaleureuse et une isolation à l’intérieur, tandis que l’aluminium assure la durabilité et la facilité d’entretien. Nous en trouvons un bel exemple dans la gamme Nova-line de Finstral, qui propose une fenêtre à ouvrant caché dont le châssis est fabriqué en matériau synthétique isolant, habillé d’aluminium.
Le produit ThermoFibra signé Deceuninck est une technologie très remarquée que nous aurions également pu classer dans d’autres rubriques. Au cours du procédé d’extrusion, ce fabricant incorpore des fibres de verre structurelles dans les profilés des dormants de porte ou de fenêtre. Les longues fibres de verre remplacent le renfort en acier et solidifient le dormant, ce qui permet non seulement d’obtenir des châssis d’une stabilité remarquable, mais garantit également, en combinaison avec le renfort thermique Forthex, les valeurs d’isolation thermique les plus élevées. Sans compter que les profilés sont plus légers et plus fins, entraînant jusqu’à 30% de réduction de poids, ce qui s’avère idéal pour les plus grandes baies vitrées. Cerise sur le gâteau : une recyclabilité totale, pour ThermoFibra comme pour Forthex.
Le préfabriqué et le sur-mesure industriel
Nous avions déjà évoqué, dans de précédentes éditions, l’essor du préfabriqué et du sur-mesure industriel. Il est évident que la menuiserie (extérieure) n’échappe pas à cette évolution. La production des menuiseries se déroule de plus en plus souvent de manière industrielle et sur mesure dans des usines automatisées, ce qui réduit les risques d’erreur et les délais de production. On les voit particulièrement fleurir dans les projets de construction neuve et de rénovation dans lesquels la rapidité, la précision et la qualité sont essentielles.
Le travail préfabriqué se présente sous un grand nombre de formes : cadres de fenêtre préfabriqués (avec vitrage et finition), modules de façade complets avec menuiseries intégrées, modules de portes et de fenêtres « plug & play » avec techniques, sur-mesure industriel pour systèmes en aluminium, systèmes de façades modulaires avec menuiseries adaptables, … Nous voyons même apparaître une préfabrication avec scan 3D, c’est-à-dire une production entièrement basée sur le BIM, avec des lignes de sciage et de soudure automatiques.
Nous n’en citerons qu’un seul à titre d’illustration : Keller Minimal Windows. Ce fabricant produit du sur-mesure complet et préfabrique de grandes baies vitrées allant jusqu’à 12 m². Grâce à la fine géométrie des profilés et à une installation sans joints, ce système de conception sans cadre offre un apport de lumière maximal et une transition fluide entre l’intérieur et l’extérieur.