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Durabilité

Les ventes de pompes à chaleur en forte baisse, malgré l'énorme potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre

C'est à n'en pas douter un véritable cri d'alarme que vient de lancer Climafed, la fédération belge des technologies climatiques. Les chiffres de vente des systèmes de chauffage pour le premier semestre 2024 s'affichent en effet en forte baisse alors que cette solution constitue un élément incontournable de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

Les ventes de pompes à chaleur s'inscrivent en forte baisse. Et ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle pour le climat.

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Climafed

C'est un paradoxe pour le moins étonnant : à l'heure où l'on parle de plus en plus des manifestations liées au changements climatiques, les ventes de chaudières au mazout et au gaz ont augmenté de 8% par rapport à 2023. "En revanche, les ventes de pompes à chaleur ont chuté de pas moins de 50% sur la même période. En chiffres concrets, cela signifie qu'il y a eu 7.650 chaudières supplémentaires vendues, tandis que les ventes de pompes à chaleur ont diminué de 13.600 unités, passant de 29.800 à 16.200. Les ventes de chauffe-eau thermodynamiques ont suivi une trajectoire similaire avec une baisse de 56%, passant de 24.500 à 11.000 unités" analyse Climafed.

Responsable des affaires publiques chez Climafed, Patrick O tient néanmoins à replacer les chiffres dans leur contexte : " Les années 2022 et 2023 ont été des années exceptionnellement bonnes pour les ventes de pompes à chaleur, en partie à cause de la crise du COVID, de la guerre en Ukraine et des implications sur les prix de l'énergie. En 2023, il y a eu une augmentation de 68% des ventes de pompes à chaleur en Belgique par rapport à 2022, avec plus de 50.000 unités vendues pour les constructions neuves et existantes". Il n'en demeure pas moins que les chiffres les plus récents donnent à voir une évolution qui n'est pas forcément très rassurante. " Si nous voulons atteindre nos objectifs climatiques et chauffer et refroidir nos bâtiments sans combustibles fossiles d'ici 2050, nous devons inverser cette tendance ", confirme Christophe Leroy, président de Climafed. Et on peut le comprendre : d'après les calculs de Climafed, une pompe à chaleur consomme environ quatre fois moins d'énergie qu'une chaudière au gaz ou au mazout.

En réalité, pour comprendre ce glissement de l'électrique vers le fossile, il faut se pencher sur l'évolution des prix. " L'électricité coûte actuellement environ 30 centimes par kWh, tandis que le gaz et le mazout ne coûtent que 8 centimes par kWh. Cela rend l'électricité presque quatre fois plus chère, ce qui rend la transition vers les pompes à chaleur économiquement peu attractive, malgré leur plus grande efficacité énergétique. Pour que la pompe à chaleur soit moins chère à utiliser qu'une chaudière à combustibles fossiles, le prix de l'électricité par kWh devrait être seulement 2,5 fois plus élevé que celui du gaz et du mazout. Selon une étude récente de la CREG, ce ratio devrait même être inférieur à 2 si l'on prend en compte les coûts d'investissement et de maintenance dans l'analyse ", analyse Climafed.

Sur cet aspect des différentiels tarifaires, Climafed garde néanmoins espoir. Une réforme fiscale devrait enfin voir le jour qui introduirait un ajustement de la fiscalité sur l'électricité, le gaz et le mazout. Les projets de texte figurent en effet dans les textes liés à la formation du futur gouvernement. 

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