Le gaz «riche» va remplacer le gaz «pauvre»: les installateurs en première ligne
Avec la présentation de la campagne d’information relative à la conversion du gaz pauvre en gaz riche, la ministre fédérale de l’Energie, Marie-Christine Marghem, et les ministres régionaux de l’Energie, Céline Fremault et Jean-Luc Crucke, ont donné le coup d’envoi officiel de la conversion. Les installateurs, eux, l’ont mauvaise…
En 2012, le Gouvernement néerlandais annonçait qu’il allait réduire progressivement ses exportations de gaz «pauvre» (L) issu du gisement de Groningen pour finalement stopper totalement son exploitation en 2030. En Belgique, 1,7 million de consommateurs de gaz, particuliers et industriels (en Flandre, dans leur immense majorité), passeront donc progressivement, à partir de 2018 et ce jusqu’en 2029, à un autre type de gaz, à savoir le gaz «riche» (H), provenant d’autres pays.
Chaque année, un certain nombre d’utilisateurs seront convertis durant l’été. La fédération professionnelle Synergrid a élaboré un planning indicatif à cet effet.
Quel est l’impact sur la population?
Concrètement, les pouvoirs publics demandent aux consommateurs concernés de faire vérifier par un technicien habilité tous leurs appareils à gaz. Il s’agit principalement des chaudières, des grands chauffe-eau, des cuisinières et des cheminées décoratives au gaz. Les gestionnaires de réseau de distribution et/ou les fournisseurs de gaz en avertiront leurs clients en temps utile. Les gestionnaires de réseau de distribution enverront leurs techniciens directement aux endroits où le régulateur de pression de gaz doit être adapté.
Campagne et site Internet «le gaz change»
Un site central d’information (www.legazchange.be) a été développé pour permettre à chacun de trouver toutes les informations utiles. Sur ce site internet, l’utilisateur peut vérifier, à l’aide de son code postal, si sa commune est concernée. En cas de conversion totale ou partielle de la commune au gaz riche, l’utilisateur sera redirigé vers les sites internet de son gestionnaire de réseau de distribution et/ou de sa région où il pourra consulter davantage d’informations pratiques.
Le site central renvoie également à la liste des techniciens GI et GII agréés par les Régions pour le contrôle périodique des chaudières.
En outre, il existe un autre site internet, spécialement destiné aux techniciens. Il rassemble toutes les informations techniques qui leur seront utiles dans le cadre de la conversion.
Un kit de communication a aussi été élaboré. Il sera mis à la disposition des professionnels et des communes concernées qui souhaitent informer la population sur la conversion au gaz riche.
On renvoie la balle aux installateurs sans consultation préalable
Les autorités comptent évidemment sur l'aide des installateurs pour régler les appareils qui ne sont pas adaptés au «gaz riche» et c’est bien normal… A ceci près que, à en croire le secteur de l'installation, celui-ci n’aurait pas été informé. C’est donc peu dire que les professionnels l’ont mauvaise.
«Le temps presse», martèle Bart Verstraete de la Bouwunie: «certaines communes feront la transition dès juin 2018, mais nos installateurs ne savent pas encore au juste ce qu'ils devront faire. Nous exigeons donc rapidement un cadre technique et des informations concrètes. Nous voulons savoir quand chaque commune franchira le pas!». Des propos forts de la part de l’organisation sectorielle flamande qui se justifient par le fait que 1,6 million d’entreprises et de ménages flamands sont concernés (contre 112.000 en Wallonie).
Des prix sortis d’on ne sait où
L'intercommunale Infrax qui gère le réseau gazier des communes flamandes qui feront la transition les premières a déjà informé ses clients du basculement et leur a recommandé de prendre rendez-vous avec un technicien. Ainsi, lors de son passage pour le contrôle bisannuel de la chaudière, celui-ci pourra directement examiner tous les appareils au gaz naturel. «C'est une bonne idée», reconnaît Jan Lhoëst du groupement d’installateurs ICS (Installateurs Chauffage & Sanitaire), «mais comment se fait-il que Gas.be et Synergrid affichent déjà un prix indicatif (entre 0 et 150 euros) pour la conversion des appareils au gaz alors que le secteur n’a jamais confirmé un tel montant! Or c’est au marché de déterminer le prix correct.»
Un travail d’expert qui mérite une rémunération correcte
D’autant que la conversion annoncée est loin de s’apparenter à une partie de plaisir. «Les installateurs doivent non seulement contrôler les chaudières, mais aussi les poêles et les cuisinières. Ces appareils diffèrent parfois radicalement sur le plan technique. Il faut donc beaucoup de connaissances pour s'y retrouver. Dès lors, il nous déplaît que Gas.be et Synergrid déterminent un prix unilatéralement, sans en référer aux acteurs de terrain. On ne devient pas installateur comme cela. Nos membres ont une grande expertise et suivent des formations approfondies, ils doivent dès lors être rémunérés correctement. Nous trouvons donc particulièrement inapproprié que nos clients reçoivent des informations erronées par le biais du site internet.»
Les installateurs attendent désormais une invitation du cabinet Marghem. Cela semble effectivement souhaitable vu l’imminence et l’ampleur de cette campagne de conversion.