La neutralité climatique passera-t-elle par la construction de huit nouvelles tranches nucléaires ?
Le Bureau du Plan s'est penché sur l'avenir du paysage électrique belge à l'horizon 2050. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les choix auxquels nos dirigeants vont être très vite confrontés sont cornéliens. Entre une trop grande dépendance énergétique vis-à-vis de nos voisins et la construction de huit nouvelles centrales nucléaires, ils vont devoir trancher. Et le choix n'est pas des plus simple.
Pour réaliser le scénario le moins onéreux (externalités négatives non comprises), il faudra huit nouvelles tranches de la taille de Doel 4 pour parvenir à la neutralité climatique.

Huit nouvelles centrales nucléaires ou, plus exactement, huit nouveaux réacteurs de la taille de Doel 4. Voilà ce qui attend la Belgique si elle privilégie le scénario le moins cher : celui d'un mix énergétique dans lequel le nucléaire occupe une place importante avec 8GW de puissance supplémentaire en même temps que le déploiement de nouvelles capacités éoliennes offshore dont la capacité passerait de 2,2 à 8GW. Bien que considéré comme le moins onéreux et le moins risqué par les experts du Bureau du Plan (le scénario avec nucléaire revient 25 à 35% moins cher), ce scénario ne tient pas forcément compte de tous les éléments. En particulier, pour ce qui concerne le nucléaire, le rapport du Bureau du Plan souligne le poids des externalités négatives comme la gestion des déchets nucléaires qui interviendra bien vite en aval de la production d'électricité. De même, se posera également la question d'une trop grande dépendance d'avec les pays producteurs de combustible.
En termes de coûts, trois scénarios sont sur la table au Bureau du Plan : celui d'un mix électrique à 115 euros le MWh, à 143 euros le MWh et à 155 euros le MWh. Ce dernier prévoit de fonctionner sans nucléaire et avec une capacité éolienne offshore limitée. Le scénario à 143 euros repose quant à lui sur une configuration privilégiant un déploiement maximaliste de l'éolien offshore.
Maintenant que les chiffres sont connus, va s'engager un travail politique dont les effets devront être finalement connus assez rapidement. En effet, qu'il s'agisse de chantiers en éolien offshore ou de chantiers liés à de nouvelles tranches nucléaires, les processus préparatoires et les opérations sur le terrain prennent beaucoup de temps, sans compter les inévitables retards qui frappent tout particulièrement les chantiers nucléaires, comme on a pu le constater avec les expériences chez nos voisins d'outre-Quiévrain et d'outre-Manche.
Pour accéder au rapport complet du Bureau du Plan, c’est ici.