La mobilité urbaine à l’ère de la voiture autonome
Au cours des 15 à 20 prochaines années, près de sept millions d’automobilistes dans les trois villes américaines de New York, Los Angeles et Dallas opteront pour des véhicules autonomes partagés.
C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par les experts en transport, économie et planification d’Arcadis, HR&A Advisors et de Sam Schwartz Consulting. D’ici 3 à 5 ans, les constructeurs automobiles et les entreprises high-tech devraient commercialiser des voitures autonomes. Les auteurs du rapport «Driverless future: a policy roadmap for city leaders» («Avenir sans voiture: une feuille de route stratégique pour les leaders de nos villes») s’attendent à ce que les véhicules autonomes inondent le marché de la grande consommation dans les 15 à 20 prochaines années. Ils se basent sur une prévision du cabinet McKinsey selon laquelle 15% des véhicules dans le monde seront autonomes en 2030. Dans le rapport d’Arcadis, les chercheurs se penchent sur l’impact du phénomène sur les villes.
Les chiffres montrent qu’un grand nombre d’automobilistes renonceront à leur voiture personnelle au profit d’un véhicule autonome partagé. Dans ce cadre, l’étude compare les coûts attendus du partage de voitures autonomes et ceux des possesseurs de voiture privée (achat, parking, frais de transport). Ainsi, à New York, 46 à 60% des navetteurs utilisant actuellement la voiture opteraient pour le partage de voitures autonomes.
Risque d’«uberisation»
Ce changement serait surtout visible dans les quartiers à faible densité où bon nombre de personnes se déplacent actuellement en voiture. Dans les centres villes, il faudra aussi s’attendre à une modification des modes de transport car le partage de voitures autonomes va concurrencer les transports en commun et même entraîner une hausse du nombre de véhicules sur la route. Dès lors, les auteurs de l’étude appellent dès aujourd’hui les villes à anticiper leur politique en matière de mobilité.
Mark Keppens, expert en mobilité chez Arcadis précise: «Les transports autonomes constituent indéniablement un nouveau phénomène positif dans le paysage de la mobilité. Associés à d’autres modes de transport, ils offrent plus de flexibilité et d’accès à la mobilité. Cependant, en l’absence de réglementation, les voitures autonomes risquent de générer de nombreux effets indésirables. Parmi ceux-ci, on peut citer les embouteillages, mais aussi la concurrence avec les transports en commun. L’«uberisation» dont souffre aujourd’hui le secteur des taxis guette les transports en commun, un moyen de transport dont la valeur pour la société est inestimable et dans lequel les autorités ont investi des milliards pendant des décennies.»
Un indicateur pour la politique des villes
Mais le rapport ne s’arrête pas aux chiffres, il fournit également des propositions concrètes pour les décideurs politiques. Il en ressort que les villes doivent embrasser la technologie pour soutenir la mobilité. L’open data améliorera la prestation de services et aidera à faire coexister les transports privés et publics. Il est par ailleurs essentiel de continuer à investir dans des transports en commun de qualité afin de pouvoir concurrencer la voiture. Cet enjeu est très important compte tenu de l’avantage financier lié au partage des voitures autonomes. Pour lutter contre les effets indésirables de ce phénomène, les autorités peuvent appliquer des modèles de prix dynamiques. Par exemple en subventionnant les trajets en voiture partagée à partir du terminus d’une ligne de métro ou jusqu’à cette ligne par exemple.
D’autres recommandations du rapport traitent de la diminution des places de stationnement dans les centres villes et de la prise en compte des groupes de population défavorisés grâce à des méthodes de paiement alternatives liées au partage de voitures.