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Durabilité

BEN cartonne en Flandre, Q-ZEN à la peine en Wallonie

La directive européenne NZEB (Nearly Zero Energy Building) sera d’application dans tous les Etats membres à partir de 2021. Dès ce moment, tous les nouveaux logements construits devront être BEN (Bijna-Energie Neutraal) en Flandre et Q-ZEN (Quasi-Zéro Energie) en Wallonie. Malheureusement, il apparaît que si BEN est d’ores et déjà très populaire au nord du pays, c’est loin d’être le cas de Q-ZEN du côté wallon…

Q-Zen 1

Une récente enquête de la banque Axa, réalisée en janvier 2019 par le bureau d’études InSites Consulting auprès de 600 Belges, portant sur l’intérêt que les nouveaux ou futurs propriétaires accordent à l’aspect écoénergétique de leur première habitation, a révélé une conclusion frappante. Alors que le concept Ben est déjà très bien établi en Flandre et que 60% des nouvelles maisons construites au nord du pays ont déjà fait l’objet de déclarations Peb qui répondent à la norme Ben depuis 2017 et ce, alors que cette norme ne deviendra contraignante qu’en 2021. En revanche, seul un très faible pourcentage de nouveaux ou futurs propriétaires Wallons connaissent la norme Q-Zen, laquelle n’est presque jamais utilisée.

Ce constat est confirmé par le nombre bien inférieur de visiteurs du site Construire Q-ZEN.be (environ 10.000 visites par an) par rapport au site iedereenBEN.be (environ 50.000 visites par an) et par le fait qu’il est beaucoup plus facile de trouver des exemples de projets Ben en Flandre que de projets Q-Zen.

Dès lors qu’est-ce qui explique les différences observées au sud et au nord du pays? Selon l’étude d’Axa, plusieurs explications sont envisageables.

Du retard à l’allumage en Wallonie

Le gouvernement flamand a décidé dès 2013 que chaque nouveau logement en Flandre devrait obligatoirement être Ben à partir de 2021. Afin d’encourager les candidats constructeurs à construire immédiatement sur cette base sans attendre d’y être obligés légalement, le site web www.iedereenBEN.be a été lancé dès 2014 dans l’optique d’informer les futurs propriétaires sur les solutions permettant d’atteindre les normes flamandes. Mais il a fallu attendre 2017, soit quatre ans plus tard, pour que la Wallonie, qui s’était longtemps accroché au standard de la maison passive, décide d’opter pour la norme Q-Zen, moins contraignante à mettre en œuvre que le passif. Et ce n’est qu’en mars 2018 que toutes les informations à ce sujet ont été centralisées sur la plateforme www.construireQ-ZEN.be.

Il est donc logique que la connaissance du nom accuse également un retard de quelques années. Dans l’étude d’Axa, 57% des répondants wallons ont indiqué qu’ils n’avaient jamais entendu parler du terme «Construire Q-Zen» alors que parmi les répondants flamands, 54% connaissaient au moins, de nom, le concept de construction Ben, et 46% connaissaient le site web www.IedereenBEN.be.

Pour rappel, les sites www.IedereenBEN.be et www.construireQ-ZEN.be ont été réalisés en collaboration avec Axa Bank, Deceuninck, Isover, Recticel Insulation, Renson, Saint-Gobain Construction Glass, Soudal, Viessmann et Wienerberger.

Maison Q-ZEN à Gooik construite par l’entreprise Dewaele. Elles sont encore (trop) rares en Wallonie. (© Dewaele)

Des candidats constructeurs flamands beaucoup mieux informés

L’enquête d’Axa montre également que les Flamands se sentent très bien informés sur les aspects énergétiques du bâtiment. En Wallonie, c’est beaucoup moins le cas. 36% des futurs propriétaires wallons ne se sentent pas du tout ou pas informés sur l’efficacité énergétique. En Flandre, ce pourcentage ne s’élève qu’à 16%.

Des différences de sensibilité

Dans l’étude d’Axa, 75% des Belges affirment qu’un logement économe en énergie est important, voire très important, mais on distingue de grandes disparités entre les régions. En Flandre, 83% des répondants considèrent qu’un logement économe en énergie est important contre 13% que cela laisse indifférent. En Wallonie, par contre, à peine 65% des personnes interrogées estiment que l’efficacité énergétique est importante contre 28% qui n’y accordent pas d’importance.

En poussant le curseur plus loin, il apparaît que les Flamands considèrent la valeur immobilière de leur maison comme l’un des motifs les plus importants pour construire ou rénover de manière économe en énergie, ce qui est beaucoup moins vrai pour les Wallons (48% en Flandre contre 31% en Wallonie) qui optent souvent pour ce type de travaux en raison d’une plus grande sensibilisation à l’environnement en général (49% contre 37% en Flandre).

Les Flamands optent résolument pour Ben, les maisons passives sont très populaires en Wallonie

En Flandre, il n’est pratiquement pas question de maisons passives. L’ancienne Passive House Platform a même changé de nom pour devenir Pixii (Kennisplatform Energieneutraal Bouwen).

En Wallonie, par contre, la Plateforme Maison passive est toujours très active et a même lancé une campagne de lobbying contre Q-Zen sous le slogan: «Pourquoi faire les choses à moitié?» A en croire les initiateurs de l’étude, même les entrepreneurs et architectes wallons n’auraient pas encore pleinement adhéré au concept Q-Zen, qui est pourtant plus simple à mettre en œuvre et financièrement plus abordable que le standard passif.
 

Si les normes Ben et Q-Zen ne sont pas parfaitement identiques, elles sont néanmoins plus ou moins comparables.  Les exigences auxquelles une maison neuve Q-Zen doit répondre sont dans l’ensemble toujours un peu moins strictes que pour une maison Ben. Pour rendre la comparaison encore plus difficile, la terminologie utilisée n’est pas la même non plus. En Flandre, par exemple, nous parlons d’un niveau E et d’un niveau S, alors qu’en Wallonie on évoque un niveau Ew (niveau de consommation d’énergie primaire) et un niveau Espec (niveau de consommation spécifique d’énergie primaire). Les conditions d’utilisation des énergies renouvelables diffèrent également.


 

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