L’équipe baptisée Habiter2030 s’est attaquée à la question des maisons de villes mitoyennes, comme il en existe environ 700.000 dans la région des Hauts-de-France. Ces maisons généralement en briques, caractéristiques de l’époque industrielle, souvent mal isolées, nécessitent aujourd’hui une réhabilitation massive pour lutter activement contre le réchauffement climatique.
Sur les dix épreuves que compte le Solar Decathlon Europe, une compétition internationale dans le cadre de laquelle des équipes pluridisciplinaires d’étudiants imaginent des prototypes d’habitat pour un avenir décarboné, H2030 s’est distinguée dans trois critères: circularité et soutenabilité; intégration urbaine et impact; bilan énergétique.
Une réussite collective
Pendant deux ans, deux cents étudiants, architectes, ingénieurs, designers, politologues et jeunes Compagnons ont construit une réplique des maisons de ville en optimisant sa construction d’un point de vue énergétique.
Privilégiant le sol et le toit, ils ont projeté des isolants écologiques à base de coton recyclé, dressé des enduits à base de chanvre, installé des rideaux pour moduler les espaces selon les usages et les saisons. Une serre permet d’agrandir la maison sur le jardin. Les ingénieurs des Mines de Douai, de la Faculté des Sciences Appliquées de Béthune, de l’Ensiame de Valenciennes (Ecole nationale supérieure d'ingénieurs en informatique, automatique, mécanique, énergétique et électronique), de Centrale et des Hautes Etudes d’Ingénieur de Lille ont équipé la maison de technologies sophistiquées. D’autres écoles et universités des Hauts-de-France ont travaillé sur l’intégration sociale, urbaine et économique du projet, avec le soutien de collectivités, bailleurs sociaux, entreprises,…
La réhabilitation énergétique, un projet architectural et humain avant tout
Durant les deux semaines de compétition, les panneaux solaires photovoltaïques et thermiques de cette maison ont produit plus d’électricité qu’elle n’en a consommée. Les Compagnons du Devoir ont partagé leurs savoir-faire avec les étudiants pour construire ce prototype à Villeneuve-d’Ascq avant de le démonter, de le faire voyager sur dix camions jusqu’à Budapest et de le remonter sur site pour la compétition.
Cette victoire de l’équipe H2030 devant des écoles d’architecture européennes prestigieuses, comme TU Delft, de Bucarest et de l’Université de Gand, entre autres participants, vient récompenser le parti pris de la proposition lilloise: le chantier de la réhabilitation énergétique dépasse celui de la technique, c’est un vrai projet architectural, humain, en même temps qu’un gisement d’emplois et de formation pour tous les acteurs du bâtiment.
Les nombreux partenaires de ce démonstrateur vont maintenant s’attacher à tirer tous les enseignements du prototype, développer la recherche et continuer l’expérimentation sur de véritables maisons où la précarité énergétique est trop souvent le lot des habitants.