Transition numérique en demi-teinte dans la construction

C’est ce que révèle une étude menée conjointement par la Confédération Construction et Orange Belgium qui fait état de la numérisation du secteur depuis 2017. En effet, les entrepreneurs sont de plus en plus conscients des risques de la numérisation. Plus de deux tiers d’entre eux (69%) pensent que les cyberattaques représentent un risque trop important pour être ignoré. Mieux: 87% des répondants protègent leurs réseaux, leurs smartphones et leurs ordinateurs portables. Parmi eux, 4 sur 10 préfèrent externaliser leur sécurité informatique.

La géolocalisation séduit

Malgré ces risques, les entrepreneurs considèrent que le jeu en vaut la chandelle. En effet, 95% des sondés utilisent des appareils mobiles (smartphones, ordinateurs portables, tablettes, etc.) pour la réalisation de tâches quotidiennes comme la prise de photos ou encore le suivi des mails par exemple.
La géolocalisation est, elle aussi, un outil ayant rapidement trouvé son public: près d’une personne sur deux (45%) l’utilise pour localiser ses travailleurs ou encore ses véhicules. Cela permet non seulement de calculer les indemnités de mobilité, mais également d’avoir un instrument de lutte contre les vols.

Une grande marge de progression

Mais l’utilisation d’appareils mobiles et de la géolocalisation est un peu l’arbre qui cache la forêt, d’autres outils numériques étant délaissés. Et c’est le cas des outils de gestion connectés, utilisés par un peu moins de 15% des entreprises de construction. Les systèmes ERP (Enterprise Resource Planning) s’en sortent un peu mieux avec environ 20% d’utilisateurs. Quant à elle, la connexion mobile sur chantier est un autre parent pauvre du secteur. Seul un quart des répondants prévoit un routeur 4G, une connexion VDSL ou un Hotspot WiFi. Et le BIM (Building Information Modeling) n’est pas épargné non plus: moins de 5% l’utilisent alors que l’on estime désormais que 10% peuvent en exploiter les possibilités.
A noter également, sans surprise, que plus les technologies sont avancées, moins elles sont utilisées. C’est le cas de la réalité virtuelle et augmentée, des robots, de la numérisation 3D, de l'intelligence artificielle et des drones. Bien que, pour ces derniers, la législation restrictive expliquerait en partie leur faible utilisation.

Manque d’information

Si, a priori, on peut considérer qu’il y a un désintérêt du secteur de la construction pour les outils numériques, les raisons de cette faible utilisation sont à chercher ailleurs. Une majorité des répondants (59%) pointent le manque d’information disponibles tandis qu’un tiers d’entre eux considèrent qu’ils n’ont pas les compétences internes suffisantes pour maîtriser ces outils alors que certains (16%) soulignent le coût comme étant un facteur dissuasif.
Cela explique sans doute pourquoi seules 27,5% des entreprises de construction ont nommé un responsable de la transformation numérique. Alors que, dans le même temps, elles reconnaissent très volontiers les avantages que peuvent avoir ces outils: que ce soit au niveau de la centralisation des informations (63%), du fait de travailler plus vite (60%) ou encore d’éviter les erreurs (47%).
En finale, bien que le numérique soit entré dans les mœurs, beaucoup d’outils pouvant améliorer le travail sur les chantiers restent inexploités. Un potentiel dormant donc, qui ne demande qu’à être découvert. Mais comme toute révolution, cela prendra du temps et nécessitera des moyens. Après tout, Rome ne s’est pas faite en un jour!