Quand Jean Nouvel et Vinci Construction entonnent La Marseillaise
Après la construction de la tour de CMA CGM dessinée par Zaha Hadid, la métamorphose de la façade littorale marseillaise se poursuit avec la livraison, le 31 juillet dernier, de "La Marseillaise", une tour conçue par l’architecte Jean Nouvel. Livrée le 31 juillet 2018, La Marseillaise est le premier volet d’un ensemble de quatre tours avant-gardistes, aux lignes futuristes. Outre "La Marseillaise", "Balthazar", "H99" et "Horizon" (c’est leur nom) se dresseront prochainement dans le ciel de Marseille, concrétisant une skyline composée d'immeubles de bureaux, logements, commerces, hôtel, services, etc.
La Marseillaise est la plus grande de ces tours. Se déployant sur 31 étages, elle culmine à 135 mètres de hauteur.
Les 35.000 m² de surface hébergent 2.500 postes de travail, un business center de 1.400 m2, des espaces collaboratifs ainsi que 5.000 m² de services: espace restaurant inter-entreprise (1.800 couverts/jour), espace fitness, crèche de 30 berceaux, parking de 350 places et plusieurs commerces de proximité.
Et impossible de ne pas remarquer le nouvel édifice qui joue sur une trentaine de dominantes de couleurs autour du bleu, du blanc et du rouge. Ces reflets changeant au gré des points de vue sont produits par 3.850 brise-soleil multicolores qui habillent les 16.000 m² de façade vitrée!
Si cette subtile composition est la caractéristique la plus visible de La Marseillaise, sa construction met en oeuvre des solutions techniques particulièrement innovantes dont Vinci Construction a été le maître d’œuvre.
La façade vitrée de 16.000 m² est parée de 3.818 brise-soleil et allèges, préfabriqués en béton fibré à ultra-hautes performances. © Ateliers Jean Nouvel
Une logistique réglée comme un ballet russe
Faisant suite à l’avant-projet détaillé conçu par les Ateliers Jean Nouvel, le promoteur Constructa signe la veille de Noël 2014 un marché de conception-construction avec Dumez Méditerranée, mandataire d’un groupement réunissant deux sous-groupements: l’un chargé de la conception emmené par les Ateliers Jean Nouvel, l’autre chargé de la réalisation réunissant trois filiales de Vinci Construction France – Dumez Méditerranée (mandataire), Les Travaux du Midi et GTM Sud – ainsi que trois spécialistes de lots techniques.
Le travail entre l’équipe de conception et les équipes de Vinci Construction s’est fait en parfaite intelligence, pour allier esthétique et maîtrise financière.
Et il a fallu rivaliser d’imagination pour surmonter certains obstacles logistiques…
Le chantier est notamment bordé d’une voie ferrée et d’une autoroute urbaine. Deux grues à flèche relevable, culminant à plus de 180 m, permettent d’éviter le survol des zones interdites mais, à leur pied, seulement deux petites aires de déchargement sont disponibles. L’unique zone de stockage importante est déportée à plusieurs centaines de mètres. «L’organisation logistique constituait donc l’un des éléments clés de la réussite du chantier, d’autant qu’avec un noyau en béton, des niveaux en charpente métallique et une façade en béton fibré à ultra-hautes performances préfabriqué, ce sont trois chantiers de gros œuvre en un qui devaient partager les disponibilités de levage», rappelle-t-on chez Vinci Construction.
La cellule logistique a donc adopté une organisation quasi industrielle en s’appuyant sur l’expérience du chantier de la tour D2 à La Défense. Tout arrivait d’abord sur la base arrière gérée par un sous-traitant spécialisé en logistique, auquel tous les intervenants devaient adresser leurs demandes d’approvisionnement via un logiciel dédié afin de bannir les risques d’engorgement des moyens de levage.
Les approvisionnements des corps de métier, eux, étaient délivrés directement à l’étage et dans la zone demandés.
Avec un noyau en béton, des niveaux en charpente métallique et une façade en béton fibré à ultra-hautes performances préfabriqué, ce sont trois chantiers de gros œuvre en un que Vinci Construction a du coordonner. Un vrai casse-tête logistique. © Vinci Construction
Un bâtiment environnementalement exemplaire
En matière d’environnement, la barre a été placée très haut, surtout s’agissant d’un grand projet privé.
Les équipes ont mis en place un suivi rigoureux du tri sélectif sur site pour atteindre 96% de valorisation matière des déchets, alors que le taux exigé est de 80%. Au niveau de la performance énergétique, l’engagement visait à atteindre un niveau 10% supérieur à celui exigé par la Réglementation thermique 2012. Au bout du compte, il sera de plus de 25% au-delà des exigences réglementaires grâce à l’architecture même du bâtiment, dont les façades sont dotées de claustras brise-soleil et de vitrages performants limitant l’effet de serre.
Résultat: La Marseillaise a été labellisée "Haute qualité environnementale", RT2012 et "Leed Gold", entre autre grâce à son système novateur de climatisation (la thalassothermie qui consiste à utiliser l’eau de mer comme source de chaleur pour alimenter des logements, une technique adaptée aux zones littorales à forte densité, comme à Marseille où la zone urbaine jouxte directement le littoral).
La Marseillaise a été labellisée "Haute qualité environnementale", RT2012 et "Leed Gold", entre autre grâce à son système novateur de climatisation par thalassothermie. © Ateliers Jean Nouvel
Façade en BFUHP, une première mondiale haute en couleur
La façade vitrée de 16.000 m² est parée de 4.184 éléments, dont 3.818 brise-soleil et allèges, préfabriqués en béton fibré à ultra-hautes performances (BFUHP). Ils assurent le hors d’eau et le hors d’air et reçoivent directement les châssis en aluminium des vitrages. D’après Vinci Construction, cela n’avait encore jamais été réalisé dans le monde!
Et impossible de ne pas revenir sur les couleurs de la façade – 27 couleurs de BFUHP et 18 couleurs de menuiseries extérieures, mais aussi 27 couleurs de faux plafonds et 18 couleurs de serrurerie intérieure!
Bleu-blanc-rouge évidemment, des couleurs que Jean Nouvel a pourtant voulu plus marseillaises que françaises: «La Marseillaise remplace le bleu France par le bleu ciel, le blanc royal par le blanc de l’horizon ou du rare nuage, le rouge sang par les rouges ocre et brique présents sur les toitures et les murs environnants.»